Réinventer les trois piliers du carême en régime de confinement

Jean Binette nous propose aujourd’hui un texte écrit par Jean-Michel Castaing, qui porte un regard sur ce Carême si spécial que nous vivons en période de confinement.


ALETEIA – Jean-Michel Castaing | 23 mars 2020

Le confinement imposé de la quarantaine peut se vivre comme une véritable retraite spirituelle. Mais le confinement complique aussi les choses : à situation inédite, charité inventive ! 

L’épidémie du coronavirus est venue percuter de plein fouet le temps du carême. Cette année, nous n’aurons pas choisi notre ascèse ! Le confinement général auquel est astreinte la population française présente des allures de retraite conventuelle. Notre désert, c’est notre chez-soi. « Avec toi, Seigneur, nous irons au désert », chantons-nous habituellement durant les quarante jours avant Pâques. Nous y sommes ! Le carême repose sur trois piliers : le jeûne, la prière, le partage. Le confinement peut devenir un moment propice pour vivre ces trois dimensions.

Le jeûne

C’est sûrement l’aspect du confinement le plus évident. Cloîtrés à domicile, nous sommes privés de visites à nos proches, de rencontres, certains de leur travail, de la possibilité de nous déplacer. En guise de jeûne, nous voilà servis ! En règle générale, la privation fait ressortir la valeur de ce dont nous nous privons. Reclus dans nos appartements ou nos maisons, nous ressentons plus fortement que jamais combien nos amis, nos parents, que nous ne pouvons plus aller visiter, nous sont chers ! Il en va de même avec la nature. Nous profitions de ses bienfaits sans nous en rendre compte. En être privés nous fait prendre conscience que la vie est un cadeau. Décidément, le carême est un apprentissage pour dire merci, comme Jésus remerciera le Père le Jeudi Saint lors de la Cène.

La bonne chose à faire, c’est d’imaginer que vous êtes déjà contaminé, et de tout faire pour ne pas le transmettre »

Loin de nous éloigner des autres, le jeûne du confinement nous pousse à penser davantage à eux. En effet, pourquoi restons-nous chez nous ? Est-ce pour nous protéger ? Oui, mais surtout pour protéger les autres, ainsi que le fait remarquer malicieusement l’épidémiologiste britannique Graham Medley : « La plupart des gens ont peur d’attraper le virus. Alors qu’en fait la bonne chose à faire, c’est d’imaginer que vous êtes déjà contaminé, et de tout faire pour ne pas le transmettre ».

La prière

Plus de messes ! Plus de réunion de prière ! Cependant, l’oraison n’est pas suspendue ! Les chrétiens sont appelés à redoubler d’effort en ce domaine : les motifs ne manquent pas. Nous pouvons soutenir l’effort de la Nation en élargissant nos implorations à tous les pays touchés par l’épidémie. Avec des prières plus marquées en faveur du personnel de santé, admirable d’abnégation, de compétence et de courage, mais aussi des malades, des mourants et des personnes isolées — en particulier nos aînés dans les maisons de retraite, les Ehpad, ou chez eux.

En méditant notre chapelet, nous ne sommes pas seuls ! »

Des initiatives voient le jour sur le Net pour organiser des réseaux de prière. Même privés d’Internet, soyons assurés qu’en méditant notre chapelet, nous ne sommes pas seuls ! Un chrétien qui prie n’est jamais isolé. Outre Dieu qui entend ses demandes, toute l’Église l’entoure à ce moment-là. L’Esprit Saint, le Grand Relieur, le baiser d’amour du Père et du Fils, nous relie les uns aux autres, et unifie les efforts des orants confinés à domicile. Grande responsabilité de notre part que de pouvoir soutenir de la sorte nos compatriotes en ces temps difficiles !

Le partage

Reclus à domicile, le premier objet de notre partage est bien sûr l’espace réduit dont chacun dispose. De plus, pour ceux qui ne sont pas seuls dans leur appartement ou leur maison, les objets à partager ne manqueront pas durant toute la période que durera le confinement. De leur côté, les chrétiens auront à cœur de partager leur espérance si le temps se fait long. Après le deuil, la résurrection.

Le confinement est le moment propice pour téléphoner à ce parent isolé que nous ne fréquentons plus, ou bien pour prendre des nouvelles d’un ami gravement malade, ou encore pour soumettre à un coreligionnaire une idée de mission qui nous est venue, et que l’on pourra mettre en œuvre sitôt que la pandémie sera vaincue. Mille petits gestes peuvent jaillir de notre ingéniosité pour rendre l’existence moins pénible et venir en aide aux plus démunis. À situation inédite, moyens innovants ! La charité est inventive.

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