Mon grain de sel

Grain de SelMon grain de sel, sur l’Évangile du dimanche 4 mars 2018

par Mario Bard.

Une relation n’est pas marchande

Le silence de Dieu est facile à remplir avec du vide. Il me semble que la réponse de nombreuses religions au fil de l’histoire le reflète bien. Cette vente de sacrifice – probablement à rabais certains jours – ressemble à l’une d’elles. Visiblement, la réaction de Jésus ne laisse aucune ambivalence sur ce qu’il en pense. Il déteste.

Pourquoi? Il est Dieu tout de même… Il devrait savoir qu’au niveau anthropologique et même pédagogique, la démarche proposée depuis des lunes par la tradition religieuse juive dans laquelle il est né n’a rien de bien original ou de choquant : elle permet de matérialiser l’Action de grâce, de la rendre visible à nos yeux, créant en nos cœurs un sentiment de satisfaction qui nous aide à avancer. Une démarche porteuse d’espoir. Non, le problème est probablement ailleurs. « Ôtez cela d’ici : ne faites pas de la maison de mon Père une maison de commerce. » Dans ce lieu, s’il vous plaît, gardez-vous de pratiquer une forme quelconque de marchandisage. Car, la relation que vous avez avec Dieu n’est pas une marchandise, mais bien un lien, une parole, un silence, un temps d’arrêt où nous prenons le temps de lui parler, ce Dieu que nous croyons être la source de tout amour. Riche, pauvre ou de classe moyenne, le lien que nous avons avec Dieu ne se fonde pas sur notre richesse en banque. Elle se base sur le temps que nous prenons à lui parler, à lui confier nos cœurs, même dans les temps les plus durs. Ces temps où la pensée de l’abandonner frôle sans cesse le cœur de notre cœur.

Le cœur de notre cœur n’est pas une maison de commerce. Le Dieu par Ieshoua – devenu Christ pas la grâce de Dieu, le Père au cœur de Mère – espère qu’on lui parle partout. Au cœur de notre débauche, ou encore dans la nuit de notre corruption. Quand nous trichons, ou bien que nous marchons comme Hitler sauvant l’Autriche, cœur fier et pédant cherchant sa propre gloire… N’arrêtez jamais de parler avec lui. Car, c’est au cœur de notre faiblesse que le Seigneur de l’Évangile déploie sa force. Encore faut-il savoir reconnaître cette faiblesse, et c’est ici que le bât blesse. Notre orgueil nous garde souvent loin de Dieu, permettant au mal de faire son œuvre en nous et autour de nous. Soyons vigilants, car Dieu vient constamment dans nos frères et sœurs. Sous la forme du pauvre, du plus faible, de celui ou celle qui cherche l’abondance d’amour. Un très beau chant existe : « N’aie pas peur, laisse-toi regarder par le Christ. » Notre relation à Dieu n’est pas une marchandise et elle n’est pas à vendre. Elle n’a pas non plus la valeur de notre compte en banque et la grosseur de ce dernier ne reflète pas non plus la grosseur de ma valeur pour Dieu.  Le savons-nous assez?

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Petite parenthèse : l’Évangile d’aujourd’hui est très controversé à cause de ce fameux « les juifs » que Jean l’évangéliste, Juif lui-même fort probablement, écrit. Comme s’il voulait mettre une distance entre lui et ce qu’il est devenu à la suite du Christ Jésus. Comme je ne suis pas un exégète-spécialiste des écritures, je ne m’attarderai pas sur ce point qui entretient très bien un antisémitisme primaire et grotesque, lequel a produit les pogroms du début du 20e siècle en Russie et l’holocauste. L’accusation portée contre le supposé silence de l’église – la controverse contre le pape Pie XII est le fruit d’une pièce de théâtre, rappelons-le – peut très bien s’étendre contre le silence entretenu par l’ensemble des sociétés civiles occidentales et les découvertes historiques le prouvent de plus en plus. Inversement, ceux et celles qui ont sauvé leurs concitoyens – voisin de palier, ami, connaissance, pur étranger – sont nombreux.

Mario Bard

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