Mon grain de sel

Grain de SelMon grain de sel, sur l’Évangile du dimanche 28 juillet 2019

par Mario Bard

Écoutez et accueillir : au cœur de la demande

Un char, un gros manteau, une tondeuse qui tond toute seule et qui est électrique, un chalet de luxe sur le bord du lac le plus en vogue, le million ou même plus, etc. Les demandes matérielles sont vastes, sans fin, et deviennent à la longue peu utiles à la vie spirituelle. Il est également plutôt mal vu de dire ces désirs dans les milieux religieux, mais elles font souvent partie du lot qui habite nos cœurs lorsqu’on s’adresse à Dieu. Avec d’autres choses. Mais, elles reviennent nous hanter.

Et, lisez-moi bien : elles ne sont pas mauvaises en soi. Pourquoi pas? Après tout, si nous avons la force d’assumer et d’assurer la bonne gestion de ces biens. Mais… est-ce que ces biens nous rapprochent du Dieu décrit dans l’Évangile? Est-ce que ceux-ci, nombreux, luxueux et socialement avantageux nous donnent ce qu’il faut pour rencontrer les autres êtres vivants dans un esprit de bonté et de charité? Est-ce que notre cœur est alimenté afin de devenir un espace d’accueil et d’un amour sans limites, ou bien s’encombre-t-il de tous ce que la télévision, les réseaux sociaux, les publicités dans les journaux et ailleurs nous proposent pour notre bien? Je dis souvent que notre société est en train de s’enterrer vivante dans ses déchets à force de consommer, d’acheter et de jeter nos biens. Malgré les appels à transformer nos styles de vie, des forces contraires s’acharnent à vouloir revenir à des pratiques et des méthodes qui sont tout simplement dévastatrices pour notre terre, et par conséquent, pour notre avenir sur terre. L’économie néocapitaliste appliquée de manière stricte et sans nuances commande; elle est un nouveau dieu, une idole qui ignore l’humain et permet au monde de rentrer dans une Ère où notre compte de banque devient plus important que tout. Reléguant l’être humain au rang de consommateur activiste. Gare à ceux et celles qui tombent, car ils empêchent la venue du règne du profit et de produit national brut. Ces gens sont tolérés, tout au plus. Parlez avec les personnes sans domicile fixe ou bien celles qui vivent avec un revenu modeste. Elles vous confirmeront qu’il est beaucoup plus compliqué pour elles de faire partie de la société d’aujourd’hui. Heureusement, il existe des lieux communautaires, des arrêts, des lieux d’accueil. Mais, sont-ils considérés avec le sérieux qui devrait leur être attribué?

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Alors : que demander? Tout et rien, l’essentiel et le superflu, le temps d’arrêter et celui de recommencer. Je ne sais pas. Une chose est sûre; la prière du Notre Père est véritablement un programme qui dit exactement ce que le chrétien doit chercher à ancrer dans son cœur à tout prix. Le reste est important au quotidien, mais le programme – avec les Béatitudes dans l’Évangile de Matthieu entre autres – est tracé.

Robert Lebel a écrit Si le Seigneur ne bâtit la maison, en vain travaillent les maçons. Créée avec des arrangements qui rappellent ceux de l’époque où la Nouvelle-France a été fondée, elle me rappelle c’est exactement ce que Ieshoua désire pour nous. Un cœur qui s’ancre directement dans l’Esprit saint et construit d’abord le Règne des Cieux à partir des petits programmes, très exigeant, mais jamais impossible à réaliser que nous propose Ieshoua. Et d’abord pour soi et dans son quotidien. Changer le monde ne commence-t-il pas d’abord par soi?

Je m’aperçois aussi de la grande difficulté à construire, à bâtir la maison de Dieu. Car, pour le faire, il faut se mettre au diapason de l’Esprit de l’Évangile. J’aurai beau faire, si je ne suis pas accordé à ce Dieu de l’Évangile, je sonne comme une cymbale usée et vieille qui va se retrouver à la poubelle. Et certains jours, je dois l’avouer, je suis comme une vieille cymbale usée : « Je fais le mal que je ne veux pas faire et je ne fais pas le bien que je voudrais faire », pour paraphraser Saint Paul. Peu importe : si je persévère, si je pleure et ensuite laisse un sourire – celui du Dieu de l’Évangile – remonter en moi, le Dieu de Ieshoua peut m’ouvrir à cet amour incroyable qu’il a pour moi. L’essentiel? Parler tous les jours à Dieu, Ieshoua, l’Esprit saint, et ce, malgré ces jours qui deviennent parfois des catastrophes causées par notre manque d’écoute de l’Évangile, de l’autre, de soi, ou tout simplement parce que nous ne vivons pas seul sur la planète et que des événements inattendus surviennent dans notre société et nous affectent.

Oui : parlez-lui de vos catastrophes, de vos ruptures les plus graves qui brisent l’amour et la relation avec lui. Parlez-lui de vos espérances, de vos rires, de vos désespoirs, de vos projets, de vos petites trouvailles quotidiennes. Parlez-lui de la pluie et du beau temps. Parlez-lui de tout! Et puis, prenez le temps d’écouter, dans le silence, dans la lecture de l’Évangile et des auteurs spirituels, et pour les artistes dans l’âme, la musique, le théâtre, la peinture, le cinéma ou toute autre forme artistique – elles sont multiples et tellement nourrissantes! – et portent bien plus souvent qu’on le pense le ferment des Évangiles.

À travers ces lots de paroles et de pensées, surviendra certainement un message d’amour qui vous permettra, malgré les difficultés de ce monde, de construire le Règne des Cieux : avec la communauté chrétienne et dans le monde civil en cherchant le bien commun.

Tiens : demandez d’abord l’amour que Ieshoua a donné au monde. Ce sera déjà le début de toute une aventure qui, les témoins de l’histoire de l’Église nous le rappellent, est certes exigeante, mais mène à la joie profonde de construire, de bâtir – un jour à la fois – le Règne de Dieu. 

Mario Bard

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