Mon grain de sel

Grain de SelMon grain de sel, sur l’Évangile du dimanche 16 février 2020

par Mario Bard.

La relation avant la Loi, pour la Loi

Ce texte m’effraie toujours autant. Les mauvaises langues diront que c’est parce que je n’observe pas toujours la loi; ils ont raison.

Cet Évangile est difficile à saisir, car l’homme Ieshoua, si miséricordieux et accueillant, semble soudainement être un policier religieux, zélote du droit et de la primauté de celui-ci sur n’importe laquelle de nos vies. En fait, il redit avec force les grands traits de celui ou celle qui veut devenir disciple du Christ. Ils ne peuvent se contenter d’observer la loi comme les pharisiens et les scribes, qui sont pourtant – pour leur société et leur époque –, les sommités en matière spirituelle et religieuse, des questions fondamentales pour l’être humain d’il y a 2000 ans. 

Il redit peut-être également que notre rôle de disciple n’est pas celui de fonctionnaire de Dieu qui se contente de suivre des règles nonchalamment et sans amour. Car… là est la clé.

Il n’est pas aisé d’écrire sur un texte comme celui-ci, car j’ai moi-même la tentation de le réduire pour qu’il soit mieux à la portée de mes propres manques… De mes péchés, de mes coupures d’amour avec Dieu, intentionnelles ou non.   

La loi chez Ieshoua n’est pas présente d’abord pour elle-même. Donc, elle ne devrait pas m’effrayer outre mesure. Ce sont plutôt les conséquences que sa non-application apporte qui devraient m’effrayer. Tuer apporte non seulement la tristesse, la rage et potentiellement le goût de la vengeance chez une personne : tuer apporte une coupure à la personne qui commet l’acte puisqu’elle tue la vie. Commettre l’adultère, c’est non seulement briser un lien de confiance – lequel revient rarement comme aux premiers jours de l’amour –, mais c’est aussi se croire invincible sexuellement et sans retenue. Voler, c’est prendre quelque chose qui n’est pas sien, donc, encore une fois, se croire invincible!

Et l’on pourrait prendre chacune des Dix Paroles – les dix commandements –, et retenir quelques éléments qui nous permettent de constater à quel point briser l’une de ces Dix Paroles peut briser la vie.

***

Beaucoup de spécialistes de l’écriture disent aujourd’hui que les chrétiens devraient remplacer – ou du moins considérer de manière plus essentielle – les Dix Paroles par les Béatitudes (Mt 5, 1-12). Elles sont, toujours selon eux, bien davantage ce que Ieshoua invite à vivre. Un accomplissement encore plus fondamental des Dix Paroles puisque ces Béatitudes invitent le croyant à devenir un écouteur de son Humanité fondamentale.

Et le croyant, face à l’être humain, peut devenir de plus en plus comme Ieshoua : être de compassion, de don, de service, guérisseur, écouteur, consolateur, miséricordieux. Le Dieu des chrétiens n’est pas un Dieu vengeur ou punisseur. C’est du moins la grande tradition de l’Église depuis 2000 ans. Brisée par des années de manque d’amour et de recherche de pouvoir, de luttes intestines pour faire valoir des idéologies dérivées de l’Évangile, mais n’en représentant visiblement que des succédanés, et encore…

La décision de devenir chrétien est, en tous les cas, un oui ou bien un non. Totalement dévouée, et surtout, qui ose passer à travers les tempêtes en ne comptant finalement que sur un seul esprit : celui du Christ. Le reste n’est rien… Et ce qui importe d’abord est la relation que nous établissons avec l’Esprit de l’Évangile et Ieshoua. Dans la prière, dans la conversation, dans la liturgie, dans la communauté.

Mario Bard

  1. Étienne Godard

    Merci Mario pour ta réflexion
    C’est un évangile très difficile comme tu l’écris
    La loi n’est pas le fin mot de la justice
    La justice doit être réparatrice, doit permettre
    de tisser à nouveau des liens, des relations
    Elle doit nous permettre de faire téschouva.
    Il nous invite à aller plus loin que le respect de la loi
    si nous arrêtons notre démarche à ce respect,
    nous tournons en rond je pense
    j’admire beaucoup le travail que fait Estelle
    pour la justice réparatrice.
    Jésus nous invite à briser le cycle de la violence

    Étienne

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