Mon grain de sel

Grain de SelMon grain de sel, sur l’Évangile du dimanche 22 mars 2020

par Mario Bard.

Apprendre à dire : apprends-moi Seigneur !

L’aveuglement est typiquement humain. Nous sommes tous des aveugles nés, et nous avons tous à nous laisser toucher par une conversion qui nous ouvrira les yeux sur le fait que, finalement… nous avons tant de choses à apprendre et que nous savons si peu !

Savoir dans cet Évangile se réfère à voir. D’ailleurs, il est très intéressant de constater que Ieshoua n’est pas prêt à s’associer à ceux et celles qui disent voir, mais qu’il préfère plutôt l’attitude de celui ou bien de celle qui dit, je ne vois pas, mais je veux voir. Toujours plus loin et avec plus de clarté. Mais, je suis un aveugle né : Seigneur, aide-moi à voir.

Malheureusement, nous nous laissons souvent aveuglés, possédés et même détruire par les forces de ceux et celles qui considèrent tout savoir. Nous devenons les fans de génies, d’artistes, de financiers, de politiques, qui ont sur nous une influence toujours plus grande, au point d’en être aveuglés et de ne plus être capables de scruter notre propre coeur. L’aveuglement que nous nous autorisons devient alors la panacée de ceux et celles qui savent charmer et paraître. L’âge des idoles est bien réel. Le danger est d’y laisser son coeur, sa peau, sans mot dire. De se laisser détruire parce que nous n’aurons pas, d’abord, su scruter notre propre intelligence et nous n’aurons pas pris le temps de lui donner à boire et à manger une vraie nourriture. La culture de l’idole et du déchet m’aura donné un homme, une femme, devenus pleins de superlatifs et de qualités que je n’aie pas, qui sauront me guider dans ma propre ignorance. Pour son profit. Retour à la case départ !

L’un des meilleurs praticiens de cet âge de l’idole est le président d’à côté. Il est un maître d’illusion qui aime l’image et le paraître. Pour le reste, peu importe, l’or est un bel outil pour aveugler et la grosseur du compte en banque un bel instrument pour aveugler. Le pire est qu’il s’aveugle lui-même et, malheureusement, l’aveuglement volontaire qu’il pratique est tout simplement dangereux. Ainsi, dans la crise que nous vivons, il a déclaré que toute cette histoire de pandémie n’était qu’un « Hoax », qu’une fausse histoire. Il nie, tout en sachant qu’il ment. Mais, il doit réconforter sa base électorale, affamée de théories de complots et de ces hommes et ces femmes, génies du « Je sais! ».

Cette base refuse d’écouter un autre homme que le nouveau messie. Et oui, vous avez bien lu; certains pasteurs se déclarant toujours chrétiens sont allés jusqu’à considérer que « l’Amérique » comme ils disent à trouver son nouveau messie. Au détriment des Livres Saints qu’ils ont étudié dans leur jeunesse, ces hommes et ces femmes se laissent aveugler par la gloire d’un homme aux solutions plus que discutable et à l’égo gros comme deux planètes Jupiter réunies. Ils sont aveuglés et déclarent : « Nous savons qu’il est le messie ». Pourtant, Ieshoua – lui-même plutôt discret sur cette question –, refuse de jouer ce jeu avec les foules, ses disciples et ses apôtres. Il va même mourir sur la croix pour refuser ce modèle tout puissant. Ce modèle idolâtre et aveuglant.

Certes, Ieshoua guérit. Il donne et partage le pain et le poisson. Il accueille la Samaritaine et la femme prostituée. Mais, il refuse de se laisser mener par les foules. Une seule fois il entrera dans Jérusalem comme un roi. Mais, sur le dos d’une ânesse, symbole biblique de la paix ! Il entre avec une intention : la paix. Mais, les aveugles en chef, aveuglés par leurs diplômes, leur pouvoir, leur richesse, leur beauté exceptionnelle, « leur 15 minutes de gloire »* ou bien encore, le simple fait d’être, lui serviront une croix de tristesse et de mort, fruit d’aveugles nés qui n’auront pas sus dire : je ne sais pas, mais je veux apprendre. Je ne sais pas comment être humain : apprends-moi Seigneur.

Mario Bard

2 Responses

  1. Étienne Godard

    Mario,
    Je te remercie de ce passage que tu fais entre l’aveugle et l’aveuglement.Aussi l’autre opposition que tu pointes,
    celle entre l’aveugle, qui accepte de reconnaitre
    son incapacité de voir, de comprendre, en fait son imperfection,
    on pourrait même dire son humanité, sa fragilité, et l’autre,
    qui affirme au contraire qu’il voit et comprend à merveille, convaincu de sa toute puissance. sans faire de place au doute, à un regard sur soi ouvert à la critique. Tout au contraîre, du haut de sa condition, se lance dans un aveuglement destructeur.

    Je te remercie de ta réflexion

    Étienne

  2. Gérard Laverdure

    Très éclairant et dans le mil des événements sociaux politiques. Merci Mario.

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