Regards croisés

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Un désir de rencontre

Dans ce passage de l’évangile de Jean, celui-ci nous présente des Grecs,
très probablement en pèlerinage à Jérusalem, qui veulent rencontrer Jésus.
On peut faire un rapprochement avec les débuts de la mission de Jésus. Jean-le-Baptiste envoie André et un compagnon vers Jésus. Puis ce même André conduit Simon à Jésus et Philippe qui y conduit Nathanaël.

Pour moi un jour, c’est Laurent qui m’a conduit vers Georges Convert, lors d’une retraite à Bondville, dans les Cantons de l’Est. J’y ai découvert un petit groupe fraternel de partage qui faisait route ensemble sur le chemin tracé par le partage de la parole de Jésus. L’accueil, l’écoute que j’y ai découvert chez Jean, chez Denise, Philippe, Diane, Chantale, et les autres, m’a tranquillement amené à m’intéresser à cette parole partagée par la communauté au cours des journées passées à l’écart. Puis il y a eu André, Jean, François, Xavier, Mathilde, Izabella…

Une invitation à tisser des liens

Dans cette maison sur le chemin Frizzle, dans la région du lac Brome, il y a deux pôles qui m’ont, lentement, apprivoisé. Premièrement, la salle à manger. Un espace vaste, invitant, qui pouvait facilement recevoir une quinzaine de personnes, autour de la même table, elle-même composée de plusieurs tables, qui formaient un grand rectangle. Toutes les personnes présentes pouvaient se faire face, se faire le prochain l’une de l’autre en partageant une certaine proximité. La parole y était à l’honneur. Le partage du pain qui s’y faisait, et qui s’y fait toujours, était un rappel de la place du repas dans les évangiles.

Autour de la table, à Bondville, le quotidien des participants se coltaillait avec le partage des paroles de Jésus qui s’était fait avant le repas et qui allait aussi se reproduire ailleurs dans la journée, dans la chapelle attenante à laquelle on accède par un court passage qui nous mène dans une large pièce, bien éclairée, situé à l’arrière de la maison. On y médite, on y prie, on y communie, on partage l’évangile du jour, dépendamment de l’heure de la journée. Comme le pain partagé autour de la table du repas, la parole partagée dans la chapelle se mastique, se digère et nourrit tout le corps.

Le grain qui meurt

Elle est présente chez plusieurs évangélistes. Je prends cette parabole comme une invitation à se laisser transformer, une invitation à lâcher prise, une invitation à s’abandonner.

Georges Convert cite ici Maurice Zundel qui décrit ce paradoxe de devoir « sortir de soi » pour devenir soi-même: « Le sommet de l’existence est dans une relation, dans une référence à un autre. On devient soi quand on cesse de graviter autour de soi ». Pour aimer vraiment, écrit Georges, il faut mourir à son moi égoïste.

Dans son discours de la semence qui meurt en terre, Jésus parle de lui, de sa mort qui le guette et qui le propulsera vers sa résurrection. C’est troublant de constater que, dans cette mort qu’est l’épisode de la croix, s’attache une révélation de Dieu. En même temps, comme en parallèle, il y a aussi une révélation de l’humanité de Jésus. Dans ce passage de Jean, il y manifeste sa peur, il est troublé. Si Dieu s’exprime ici plus particulièrement dans la précarité de la vie, dans sa fragilité, c’est pour moi parce qu’il veut en souligner la valeur. Il en est le Créateur. Ne va-t-il pas ressusciter Jésus? Cette fragilité est humaine, mais Dieu y habite.

Le texte de Jean associe abaissement et élévation, très certainement quelque chose à méditer. Il me questionne: comment est-ce que je me nourris, qu’est-ce que je fais de ma vie, où vais-je m’abreuver? Qu’est-ce que je fais de mes exaltations? Qu’est-ce que je fais de mes souffrances?
Je termine cette réflexion en vous laissant méditer ce texte d’Alain Marchadour, que cite Georges dans son commentaire:

« La victoire de Jésus contre le Mal est réelle, mais il reste aux croyants à la rendre visible en eux et autour d’eux. Pour cela il faut du temps et de la patience »

A.Marchadour, L’Évangile de Jean, Centurion, p. 170.

Étienne Godard

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