Regards croisés

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Ce texte de Marc peut être troublant, comme il semble l’avoir été pour les disciples qui l’on entendu (v.26). « Ils ont été extrêmement impressionnés et se disent entre eux « Mais qui peut être sauvé? » Ce jeune homme qui vient s’adresser à Jésus me semble être ébranlé. Il demande à Jésus que faire pour hériter de la vie éternelle. Jésus lui donne une première réponse en énumérant les critères contenus dans la loi de Moïse. Comme l’on fait les pharisiens pour expliquer le droit des hommes de répudier leurs femmes. Un code légal dont on coche les cases qui correspondent à notre statut. Cela ressemble aux questionnaires distribués par statistique Canada aux quatre ans. Ce système a le mérite d’être clair et limpide pour tous et de faciliter le triage. À la fin de notre trajet, en fin de vie, nous irons à la droite ou à la gauche de Dieu, selon le carnet de charge auquel nous sommes tous soumis.

Ce jeune homme dont Marc nous relate la rencontre avec Jésus, a vécu toute sa vie avec cette idée fortement ancrée en lui. Cochant les cases, jour après jour. Mais il a entendu, à la porte de la ville, ce nouveau prophète, qui tourne tout à l’envers et qui disait : « Oui il vous faut aimez Dieu de toute votre âme et de toutes vos forces, mais il vous faut aussi aimer votre prochain de la même manière. Les deux commandements n’en font qu’un. » Ce qu’il a entendu à la porte de la ville l’a fait vaciller. « Et si je n’avais pas bien coché toutes les cases? » Pour moi, c’est limpide : il vient s’en informer auprès de Jésus. Comme je le disais plus haut, cela ressemble au texte de la semaine dernière, où les pharisiens ont recourt aus lois de Moïses pour permettre au mari de chasser sa femme du foyer. Comme le faisait Jésus la semaine dernière, Jésus demande de quitter le cadre légal pour s’élever plus haut.

Dans le monde protestant du nord de l’Europe, aux 18e et 19e siècles, avoir beaucoup d’argent et bien réussir en affaire, était signe que notre vie plaisait à Dieu. Il en était probablement ainsi chez les commerçant juifs du  1er siècle. Je ne pense pas que l’opulence est à condamner en soi. Jésus et ses disciples ont certainement dû avoir des personnes pour les soutenir. J’ai lu une très belle image donnée sur wwwmomentsacrées.com : « C’est une grande bénédiction d’être assez libre pour utiliser les biens matériels dans le but d’aimer ». Dans cet appel au jeune homme, je vois un appel à quitter l’univers du donnant-donnant dans nos relations humaine. Il nous faut entrer dans l’univers du don gratuit qui habite toute relation véritable. C’est cet espérance qui anime ma vie de chrétien. Les signes qui me signalent la proximité du règne sont la miséricorde, la bonté ou la gratuité de l’amour. C’est quand je me rends compte que je suis en contacte avec une de ces réalité que je brûle d’espérance.

«Lâche ce que tu as. Lâche tes biens financiers dans lesquels tu places ta sécurité, dans lesquels tu programmes ton bonheur. Car cela te trompe. Nous pouvons même nous rendre dépendants de ces biens dans la mesure où nous voulons avoir de plus en plus de plaisir. Mais le plaisir n’est pas le vrai bonheur. Le vrai bonheur se trouve dans la joie. Et la joie a sa source dans le bien inépuisable de l’amour: celui que l’on reçoit gratuitement et celui que l’on donne gratuitement. L’invitation faite par Jésus pourrait se résumer ainsi: «Si ton bonheur dépend uniquement des plaisirs que tes biens te procurent, alors tu ne vis pas encore vraiment de l’amour, et donc de la vie divine. Lorsque tu auras tout donné de tes biens, tu n’auras plus rien pour te faire plaisir à toi-même (…) Tu pourras alors être ouvert à la joie… celle que l’on reçoit des autres et celle que l’on donne en se donnant soi-même.»

Georges Convert

Étienne Godard

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