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Le baptême de Jésus, « c’est Dieu qui s’approche de l’humain »

Nous débutons cette nouvelle année liturgique en abordant l’évangile de Marc (année B, l’année A étant celle de Mathieu). Il s’agit d’un évangile très différent : il est deux fois plus court que celui de Matthieu. Pour l’évangéliste Marc, le récit de la vie de Jésus débute avec le commencement de sa vie publique : soit le baptême par Jean-Baptiste. Dans cette tradition que nous transmet Marc, il n’existe rien qui touche à la conception, à la naissance, ni à l’enfance de Jésus. Certains pensent ainsi que l’évangéliste Marc aurait pu avoir accès à une tradition chrétienne plus ancienne.

Le mot « évangile », utilisé dans ce début du texte de Marc, n’est pas initialement le nom donné à un récit. Provenant de la langue grecque, évangile veut dire littéralement « bonne nouvelle ». À Rome, quand on fait référence à une grande victoire militaire, à un nouvel empereur, on va utiliser ce même mot « évangile. »

Dans ce récit de Marc, la vie de Jean-Baptiste est mise en parallèle avec l’histoire du peuple juif, notamment pendant la période de l’Exode, dans le désert du Sinaï, lorsqu’il était mené par Moise. Dans la bible, le désert est un lieu de pureté, un lieu de proximité, même de rencontre avec Dieu. La description de l’habillement de Jean, de sa nourriture, nous rappelle la description que l’on fait dans l’Ancien Testament de certains prophètes, comme Élie. Jean invite au baptême dans le Jourdain — cours d’eau qui relie la mer de Galilée (au Nord) et la mer Morte (au Sud).

Le mouvement du Baptiste semble avoir été populaire. Un historien de l’ère romaine, Josephus (ou Flavius Josèphe), en parle. Ce qui va distinguer le baptême de Jean, c’est qu’il s’adresse a tous et n’est pratiqué qu’une seule fois. Il est signe de pardon et d’accès au Royaume. Au temps de Jésus, dans la Palestine du 1er siècle, on pratique le bain de pureté dans différents mouvements religieux. À Qumran, les Esséniens (une secte juive) pratiquent l’immersion dans l’eau pour la pureté du corps (car dans la pensée juive, l’esprit et le corps ne font qu’un). Cette purification par l’immersion dans l’eau pouvait se pratiquer plusieurs fois par jour. Ces Esséniens vivaient dans le désert et formaient un groupe fermé sur eux-mêmes et retiré du monde. Parmi d’autres groupes qui vivaient au sein de la société juive, les Pharisiens par exemple, on va rechercher une pureté rituelle seulement après avoir été en contact avec du sang, un malade ou un non-juif. Les pharisiens voyaient ces contacts « déviants » comme incompatibles avec la sainteté de Dieu. Il fallait donc symboliquement s’en défaire, s’en séparer.

Au contraire, Jean-Baptiste n’invitait pas à se retirer du monde. Pour lui, le baptême invite à retourner au monde, mais une fois transformé par cette décision de changer de vie, de prendre une voie nouvelle, de se tourner vers « les chemins du Seigneur ». Ce baptême que propose Jean, à tous sans exception, est une tentative humaine de s’approcher de Dieu, écrit le père Convert. Mais quand on voit le ciel s’ouvrir et la colombe descendre sur Jésus, les rôles sont renversés :

« C’est Jésus qui vient comme l’envoyé du Père. Il vient nous baigner de son Esprit qui est l’Esprit du Père, l’esprit de l’Amour. Et cet humain qui est de notre race, c’est l’Esprit de Dieu qui vient vers nous. Ce n’est plus l’humain qui s’approche de Dieu, mais Dieu qui s’approche de l’humain. »

Georges Convert

Étienne Godard

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