6e dimanche ordinaire (année B), selon l’écrit de Marc 1, 40-45
40 Un lépreux vient auprès de [Jésus]:il le supplie, tombe à genoux et lui dit:
Si tu veux, tu peux me purifier! 41 Ému aux entrailles, il étend la main et le touche en lui disant: 42 Je veux. Sois purifié. 43 Aussitôt la lèpre le quitte et il est purifié.Aussitôt il le renvoie avec un ton véhément.
44 Il lui dit: Vois! Ne dis rien à personne
mais va te montrer au prêtre:
apporte ce que Moïse a prescrit pour ta purification en attestation pour eux.
45 Celui-ci sort et commence à proclamer partout et à divulguer la nouvelle
au point que [Jésus] ne peut plus entrer ouvertement en ville
mais se tient dehors dans des endroits déserts.
Et ils viennent de partout vers lui.
—
Le commentaire du pain sur la table,
par Georges Convert.
Voilà un récit qui nous décrit avec beaucoup d’images l’activité de Jésus.
Mais nous pouvons penser que ce récit est bien loin de nos préoccupations
parce que la lèpre n’est plus très présente dans nos sociétés occidentales.
Y-a-t-il là encore un message pour nous aujourd’hui?
La place de ce texte dans le récit de Marc
Nous sommes à la fin du 1er chapitre où le récit décrit les débuts du ministère de Jésus.
Au baptême, l’Esprit venant du ciel l’a envahi pour en faire le « Serviteur de Dieu ».
Puis, après une retraite au désert, Jésus se choisit quelques compagnons
et commence sa mission.
Il enseigne dans les synagogues que le Règne de Dieu est proche
et il confirme cet enseignement en libérant ceux qui sont sous l’emprise du Mal.
Et cet affrontement avec les forces du mal marque très fortement l’activité de Jésus.
Cela est souligné par trois fois dans ce 1er chapitre.
Ainsi on trouve au verset 27: Il commande aux esprits impurs et ils lui obéissent;
au verset 34: Il guérit et chasse de nombreux démons;
au verset 39: Il parcourt la Galilée enseignant dans leurs synagogues et chassant les démons.
C’est dans le cadre de cet affrontement qu’est décrite la purification du lépreux.
Mais -en accord avec la conception de cette époque-
ce récit va unir les deux aspects de cette lutte contre le mal:
la guérison de la maladie physique et l’expulsion de l’esprit mauvais.
Un lépreux vient auprès de Jésus.
Il est important de bien saisir ce qu’était cette maladie à l’époque de Jésus.
Sous l’appellation de lèpre, on regroupait plusieurs affections de la peau:
le psoriasis, des ulcérations accompagnées d’infections et la lèpre proprement dite.
Cette appellation de « lèpre » s’étendait même aux tâches suspectes des vêtements
ainsi qu’aux tâches de moisissure sur les murs.
Deux chapitres entiers du livre du Lévitique sont consacrés à la « lèpre »
et décrivent avec force détails les examens qui doivent être faits.
C’était au prêtre qu’était confié le soin de faire le diagnostic
pour déterminer si le malade était contagieux ou non.
Ce diagnostic se déroulait au Temple où il y avait des chambres spéciales d’isolement.
Le malade y était consigné une ou deux semaines afin de vérifier l’évolution de la maladie.
Lorsqu’apparaîtra sur un homme un mal du genre lèpre, on le conduira au prêtre.
Le prêtre l’examinera, et s’il constate sur la peau une tumeur blanchâtre et production d’un ulcère,
c’est une lèpre invétérée sur la peau. Le prêtre le déclarera impur (Lv 13,9-11).
Une telle attention portée à cette maladie manifeste probablement la crainte
qu’elle inspirait à cause de la contagion.
Si le malade était déclaré contagieux, il devait se tenir à l’écart.
Le lépreux atteint de ce mal portera ses vêtements déchirés et ses cheveux dénoués;
il se couvrira la moustache et il criera: «Impur! Impur!»
Tant que durera son mal, il sera impur et, étant impur, il demeurera à part:
sa demeure sera hors du camp (Lv 13,45-46).
Les lépreux étaient vus comme des parias de la société et rejetés hors des villages.
Ils vivaient souvent en groupe afin de se soutenir.
S’ils se déplaçaient, ils devaient manifester leur présence en s’annonçant à distance.
S’ils entraient dans une maison, cette maison devenait impure.
Mais la lèpre n’était pas considérée seulement comme une maladie:
elle était vue comme une conséquence du péché.
Selon les rabbins, elle est le salaire de la calomnie et de la médisance,
comme ce fut le cas de Myriam, la soeur de Moïse.
«Certains rabbins contemporains de Jésus allaient jusqu’à prétendre
que la lèpre punit sept péchés capitaux:
la calomnie, l’homicide, le faux témoignage, le libertinage, l’orgueil, le vol et l’avarice.»
(Jacques Hervieux, L’Évangile de Marc, Centurion-Novalis, 1991, p. 38).
Puisqu’elle est liée au péché, seul Dieu peut donc guérir de la lèpre.
Ce lien entre lèpre et péché explique que la guérison est appelée une « purification ».
Celle-ci doit être accompagnée de rites que le malade doit accomplir au Temple.
Ces rites duraient 8 jours et consistaient principalement en un sacrifice pour le péché:
Le prêtre procède au sacrifice pour le péché;
il fait le rite d’absolution de celui qui se purifie de son impureté;
ensuite il égorge l’holocauste (Lv 14,19).
La lèpre était même considérée comme une sorte de mort
et donc le lépreux était assimilé à un cadavre.
Or on ne pouvait s’approcher d’un cadavre sans être déclaré soi-même impur.
Peut-être cette assimilation à la mort vient-elle aussi de l’histoire de Myriam.
Aaron supplie en effet Moïse en faveur de Myriam en disant:
Je t’en prie, qu’elle ne soit pas comme l’avorton
dont la chair est à demi rongée lorsqu’il sort du sein de sa mère! (Nb 12,12).
Ce texte servait d’ailleurs à considérer qu’Élisée avait effectué deux « résurrections »:
l’une étant celle du fils de la Sunamite,
et l’autre étant la guérison du lépreux Naaman.
Enfin rappelons ce texte de l’historien juif Flavius Josèphe:
«Moïse a banni définitivement les lépreux de la cité:
ils vivent en solitaires et sont comme morts» (AJ, III,264).
Il le supplie, tombe à genoux et lui dit: Si tu veux, tu peux me purifier!
L’attitude du lépreux dénote sa confiance en Dieu qui va agir par son Envoyé.
Si le fait de tomber à genoux se fait devant des gens importants, notamment des rabbis,
la demande: Si tu veux manifeste peut-être
que le lépreux voit Jésus investi du pouvoir divin.
En effet, le malade fait appel à la seule volonté de Jésus (Si tu veux!)
pour qu’il pardonne la faute qui a provoqué la lèpre: qu’il purifie et qu’il ressuscite.
Ému aux entrailles, il étend la main et le touche en lui disant: Je veux. Sois purifié.
Le geste de Jésus de toucher le lépreux est très important,
car on ne devait pas toucher le lépreux au risque de participer à son impureté.
Ce geste s’inscrit dans la conduite de Jésus envers les pécheurs:
une conduite qui va scandaliser les « gens bien », notamment les Pharisiens:
Voyant qu’il mangeait avec les pécheurs et les collecteurs d’impôts,
des scribes pharisiens disaient à ses disciples:
«Quoi? Il mange avec les collecteurs d’impôts et les pécheurs?»
Jésus, qui avait entendu, leur dit:
«Ce ne sont pas les bien-portants qui ont besoin de médecin, mais les malades;
je suis venu appeler non pas les justes, mais les pécheurs» (Mc 2,16-17).
Cette attitude de Jésus est expliquée par sa compassion: il est ému jusqu’aux entrailles.
En fait, Jésus va à l’encontre de l’attitude habituelle vis-à-vis du péché:
de même que l’on agit vis-à-vis de la maladie contagieuse en s’en éloignant,
de même on a spontanément l’attitude de s’éloigner du péché et du pécheur
afin de ne pas se laisser contaminer.
Un proverbe explique bien cette attitude: «Pomme pourrie contamine tout le panier.»
Jésus a une vision contraire. Pour lui, il y a aussi une contagion de la pureté et du bien.
Celui qui est rempli d’amour rayonne
et ce rayonnement peut sauver celui qui manque d’amour.
C’est sa santé, sa sainteté que Jésus veut communiquer au lépreux
par le fait qu’il entre en communion avec lui.
Mais il faut souligner avec force
que cette compassion de Jésus n’est pas une pitié condescendante;
celle-ci ne pourrait toucher le pécheur.
Sa compassion n’est pas «une émotion à fleur de peau,
mais un bouleversement de l’être en profondeur» (F. Varillon, La souffrance de Dieu, Bayard 1975, p. 35).
Nous retrouverons souvent ce bouleversement dans les récits évangéliques:
Jésus est bouleversé devant la mort du fils de la veuve de Naïm:
En la voyant, le Seigneur eut compassion d’elle et lui dit: «Ne pleure pas» (Lc 7,13);
il l’est devant les aveugles qu’il va guérir:
Pris de compassion, Jésus leur toucha les yeux et aussitôt ils recouvrèrent la vue (Mt 20,34);
il éprouve ce même sentiment devant le désarroi des foules
dont la vie n’a plus de sens à cause de leur pauvreté matérielle et spirituelle:
En débarquant, il vit une foule nombreuse et il en eut compassion,
parce qu’ils étaient comme des brebis qui n’ont pas de berger,
et il se mit à les enseigner longuement (Mc 6,34).
Cette compassion de Jésus nous dit celle du Père qui est Dieu,
comme nous le montre la parabole du père prodigue et des deux fils:
Tandis qu’il était encore loin, son père l’aperçut et fut pris de compassion;
il courut se jeter à son cou et l’embrassa tendrement (Lc 15,20).
Le mot compassion traduit bien ce sentiment qui saisit l’être jusqu’aux entrailles:
il dit la passion, la souffrance que l’on éprouve,
mais il s’agit d’une communion à la souffrance de l’autre
dans la mesure où l’on se comprend comme solidaire de son mal.
La souffrance du lépreux vient toucher Jésus dans sa sensibilité la plus profonde.
«Qui se veut invulnérable ne porte pas l’autre en soi; il le voit hors de soi.
La souffrance de l’autre nous touche lorsque sans distance nous le touchons.
Être sensible, c’est être proche» (F. Varillon, ibidem, p. 90).
N’est-ce pas cette vulnérabilité et cette solidarité
que veut signifier le geste de Jésus qui touche le lépreux?
C’est cette même solidarité, fruit de son intense amour de ses semblables,
qui a motivé la démarche de Jésus vers le baptême de Jean.
En effet, les évangélistes se sont demandé pourquoi Jésus a accepté d’être baptisé,
puisque le baptême était compris comme une demande de pardon pour son péché.
Mais c’est l’extrême sensibilité d’amour de Jésus qui peut expliquer sa démarche.
Celui qui a l’expérience d’une solidarité par amour peut saisir le sens de ce baptême de Jésus.
C’est l’expérience des parents devant la souffrance de leurs enfants,
celle de l’ami qui communie à l’épreuve de son ami.
Ainsi, Simone Weil, cette grande intellectuelle juive, a voulu connaître de l’intérieur
ce qu’était la souffrance des travailleurs d’usine, particulièrement grande à son époque:
«Étant en usine, le malheur des autres est entré dans ma chair et dans mon âme…
J’ai reçu là pour toujours la marque de l’esclavage,
comme la marque au fer rouge que les Romains mettaient au front de leurs esclaves»
(Attente de Dieu, La Colombe 1950, p. 74).
L’apôtre Paul vivra cette solidarité avec les chrétiens de ses communautés
et il l’expliquera par le fait que nous sommes comme les membres d’un même corps:
Nous avons tous été baptisés dans un seul Esprit pour être un seul Corps (1Co 13,13).
Si un membre souffre, tous les membres partagent sa souffrance (1Co 12,26).
Réjouissez-vous avec qui est dans la joie, pleurez avec qui pleure (Rm 12,15).
Cette communion solidaire n’est-elle pas la vocation que Jésus a reçue au baptême?
celle d’être le Serviteur de Dieu du livre d’Isaïe.
Or ce Serviteur semble décrit lui-même comme un lépreux:
Objet de mépris, abandonné des hommes, homme de douleur,
familier de la souffrance, comme quelqu’un devant qui on se voile la face,
méprisé, nous n’en faisions aucun cas.
Or ce sont nos souffrances qu’il portait et nos douleurs dont il était chargé.
Et nous, nous le considérions comme puni, frappé par Dieu et humilié.
Mais lui, il a été transpercé à cause de nos crimes, écrasé à cause de nos fautes.
Le châtiment qui nous rend la paix est sur lui,
et dans ses blessures nous trouvons la guérison (Is 53,3-5).
Cette solidarité de communion, qui unit Jésus aux pécheurs et aux malades,
va réaliser la guérison et le salut de tous ceux qui vont accueillir son amour.
C’est cette solidarité qui fera de Jésus Crucifié un sauveur universel.
Le Crucifié ne sauve pas les pécheurs et les malades
parce qu’il porterait à leur place le châtiment de Dieu.
Il ne sauve pas par l’intensité de sa souffrance.
L’intensité de la souffrance de Jésus sur la croix n’est pas à la mesure du péché,
mais à la démesure de son amour.
La souffrance de Jésus sauve celui qui a péché, non parce qu’elle est souffrance,
mais parce qu’elle est expression de l’amour et porteuse d’amour.
Parce qu’elle vient d’un coeur plein d’une bonté qui rend Jésus proche de chaque être humain;
une bonté qui vient ouvrir à l’amour le coeur de celui qui souffre.
François Varillon exprime bien comment la proximité de celui qui compatit
lui permet d’être bienfaisant envers le souffrant:
«Celui qui ne souffre pas n’aide qu’à demi celui qui souffre.
Chacun le sent confusément, redoutant, s’il est dans la peine, de recourir à des voisins comblés.
Car, voisins, ils ne sont pas proches» (Ibidem, p. 112).
N’est-ce pas parce qu’il sentait cette compassion souffrante de Jésus
que le lépreux s’est avancé avec confiance vers lui?
Aussitôt il le renvoie avec un ton véhément.
Comment comprendre cette véhémence de Jésus?
Littéralement il est dit: Il le rudoye (lui parle avec rudesse).
Chaque fois que Jésus fait un geste de compassion qui guérit,
il demande le silence:
Ne dis rien à personne.
Donnons quelques exemples: Car il en guérit beaucoup,
si bien que tous ceux qui avaient des infirmités se jetaient sur lui pour le toucher.
Et les esprits impurs, lorsqu’ils le voyaient, se jetaient à ses pieds
et criaient en disant: «Tu es le Fils de Dieu!»
Et il leur enjoignait avec force de ne pas le faire connaître (Mc 3,10-12).
Nous avons la même consigne lorsque Jésus ramène à la vie la fille de Jaïre:
Et il leur recommanda vivement que personne ne le sût (Mc 5,43).
Ou lorsqu’il guérit le sourd-muet (Mc 7,36-37):
Et Jésus leur recommanda de ne dire la chose à personne;
mais plus il le leur recommandait, de plus belle ils la proclamaient.
Ils étaient frappés au-delà de toute mesure et disaient:
«Il a bien fait toutes choses: il fait entendre les sourds et parler les muets».
Cette consigne du secret est très fréquemment rappelée dans le récit de Marc.
On l’explique habituellement par la volonté de Jésus
de ne pas créer d’ambiguïté sur le sens de sa mission.
La guérison des lépreux était un des signes que le messie attendu devait accomplir.
C’est ce que dit la réponse de Jésus aux envoyés de Jean qui demandent
s’il est bien le messie: «Es-tu celui qui doit venir ou devons-nous en attendre un autre?»
Jésus leur répondit: «Allez rapporter à Jean ce que vous entendez et voyez:
les aveugles voient et les boiteux marchent, les lépreux sont purifiés
et les sourds entendent, les morts ressuscitent
et la Bonne Nouvelle est annoncée aux pauvres» (Mt 11,2-5).
Mais Jésus ne veut pas créer de fausses attentes
en laissant espérer qu’il va être un messie politique.
Il ne veut pas enthousiasmer les foules en mettant l’accent sur sa puissance.
Certaines traditions décrivaient le messie
comme celui qui «ferait disparaître de la terre tous les maux (famine, maladies, mort).
Il restaurerait le paradis terrestre» (J. Hervieux, op.cit., p. 40).
Jésus n’est pas le magicien qui vient supprimer tous les maux.
Ce qui va dicter ses gestes de compassion,
ce n’est pas la volonté d’étonner par sa puissance
mais de traduire l’amour du Père par sa solidarité aimante.
Jésus n’ignore pas que cette attitude de solidarité le mènera à la croix.
Son amour le conduira à assumer -jusqu’à la mort-
le rejet vécu par les pauvres que les puissants de tous ordres écrasent,
la souffrance des humbles dont la bonté exacerbe souvent la haine des méchants.
Il n’est pas anormal que ce soient les forces mauvaises et démoniaques
qui -les premières- reconnaissent la bonté et la sainteté de Jésus:
les extrêmes se reconnaissent.
Il y avait dans leur synagogue un homme possédé d’un esprit impur,
qui cria en disant:
«Que nous veux-tu, Jésus le Nazarénien? Es-tu venu pour nous perdre?
Je sais qui tu es: le Saint de Dieu» (Mc 1,23-24).
Pour Jésus, laisser proclamer sa puissance de messie avant d’être cloué sur la croix,
ce serait entrer dans les vues du diable qui ne cessera de le tenter
d’abandonner cette solidarité avec les petits et les pauvres
et d’être un maître puissant comme le sont les maîtres de ce monde:
Ceux qu’on regarde comme les chefs des nations dominent sur elles en maîtres
et les grands leur font sentir leur pouvoir.
Il ne doit pas en être ainsi parmi vous:
au contraire, celui qui voudra devenir grand parmi vous, sera votre serviteur,
et celui qui voudra être le premier parmi vous, sera l’esclave de tous.
Aussi bien, le Fils de l’homme lui-même n’est pas venu pour être servi,
mais pour servir et donner sa vie en rançon pour une multitude (Mc 10,42-45).
C’est pourquoi, lorsque ses disciples vont le confesser comme messie,
Jésus aussitôt leur parlera de la proximité de sa passion:
«Mais pour vous, leur demandait-il, qui suis-je?»
Pierre lui répond: «Tu es le Christ.»
Alors il leur enjoignit de ne parler de lui à personne. Et il commença de leur enseigner:
«Le Fils de l’homme doit beaucoup souffrir, être rejeté par les anciens,
les grands prêtres et les scribes, être tué et, après trois jours, ressusciter.»
Pierre, le tirant à lui, se mit à le morigéner.
Mais lui, se retournant et voyant ses disciples, admonesta Pierre et dit:
«Passe derrière moi, Satan! car tes pensées ne sont pas celles de Dieu,
mais celles des hommes!» (Mc 8,29-33).Va te montrer au prêtre.
Jésus envoie le lépreux accomplir ce qui est nécessaire selon la Tora (la Loi),
puisqu’il appartient aux prêtres de constater la guérison
et de déclarer que le malade n’est plus contagieux et peut réintégrer la communauté.Celui-ci sort et commence à proclamer partout et à divulguer la nouvelle.
Comme bien souvent, celui qui est guéri ne peut se taire: il proclame.
Et le terme employé ici est celui qui est utilisé pour la proclamation de l’Évangile.
La conséquence est que la renommée de Jésus se propage partout.
Jésus va désormais livrer son message en dehors des synagogues:
car il doit se tenir dans des endroits inhabités pour échapper un peu aux foules
et trouver le lieu et le temps de la prière (cf, Mc 1,35).
Mais les foules finissent toujours par le rejoindre: ils viennent de partout vers lui.
Quels sont les lépreux d’aujourd’hui?
Dans les pays développés la lèpre n’existe plus guère.
Mais nous avons toujours des gens que la société rejette comme des lépreux:
soit à cause de la misère, comme les itinérants,
soit à cause de certaines maladies, comme les gens atteints du sida.
Nos communautés sont-elles fidèles à l’attitude de Jésus envers les marginaux?
Comment y sont « jugés » divorcés remariés, personnes homosexuelles, prostituées?
Le regard porté par Jésus sur le lépreux lui a redonné toute sa dignité
et lui a permis de retrouver toute sa place dans la communauté.
Son regard n’en est pas un d’abord de jugement et de condamnation.
Il est un regard de solidarité, de proximité.
Il touche l’autre parce qu’il se laisse toucher par sa souffrance.
Pour aimer à la manière de Jésus ceux que la société marginalise,
il importe au disciple de Jésus d’apprendre le regard de son maître.
En celui, celle que le mal a défiguré, au delà des apparences,
il devra percevoir l’être unique qui est aimé de Dieu,
et discerner la promesse de beauté éternelle qui est inscrite en son coeur.
«Père, nous Te prions pour tous ceux qui n’ont ni beauté ni apparence attirant le regard.
Pour ceux qui ne sont pas semblables aux autres: les enfants malheureusement nés,
les instables et les handicapés, les malades incurables.
Nous Te prions: donne-nous de découvrir le sens de leur présence en ce monde»
(H. Oosterhuis, Quelqu’un parmi nous, p. 87).
Georges Convert
»»» Questions
1. Comment la lèpre était-elle perçue au temps de Jésus?
2. Quelle portée a le geste de Jésus de toucher le lépreux?
3. Comment comprendre la demande de Jésus au lépreux de se taire?
4. Chez Jésus, quelle attitude intérieure dicte les gestes de guérison?
5. Quels sont les lépreux d’aujourd’hui?
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