Évangile de la fête du Baptême du Seigneur (année A), selon l’écrit de Matthieu (3, 13-17)
13 Alors Jésus paraît, venant de la Galilée vers le Jourdain
auprès de Jean pour être baptisé par lui.
14 Mais Jean s’opposait énergiquement à lui en disant :
Moi, j’ai besoin d’être baptisé par toi
et toi tu viens à moi !
15 Jésus répond et lui dit :
Laisse à présent.
Car voici qu’il nous convient d’accomplir tout ce qui est juste et droit.
Alors il le laisse.
16 Baptisé, Jésus remonte aussitôt hors de l’eau.
Voici que les cieux s’ouvrent
et il voit l’Esprit de Dieu descendre comme une colombe et venir sur lui.
17 Et voici qu’une voix venant des cieux dit :
Celui-ci est mon fils, le bien aimé,
en qui mon amour s’accomplit.
—
Le commentaire du pain sur la table,
par Georges Convert.
Nous voici à un tournant important de la vie de Jésus, le charpentier de Nazareth. Et pour nous, chrétiens, qui avons inscrit notre vie à la suite de Jésus,
nous verrons comment ce moment devient un tournant unique de l’histoire de l’humanité.
Où le baptême de Jésus est-il situé dans l’Évangile?
Ce récit du baptême est celui qui ouvre vraiment le corps principal de l’Évangile. Les chapitres de l’enfance sont comme des sortes de préfaces qui ont été ajoutées par les rédacteurs. Les récits évangéliques –d’abord transmis oralement– commencent par le baptême. La séquence est semblable dans les 3 récits synoptiques (Matthieu, Marc et Luc):
• prédication de Jean le baptiste et son annonce du messie;
• baptême et onction de l’Esprit pour Jésus;
• retraite de Jésus au désert sous la mouvance de l’Esprit.
Cette séquence va situer l’Évangile dans l’histoire d’Israël, le peuple de Dieu. Elle se présente aussi comme un résumé de la mission de Jésus.
Qu’est-ce que prêchait Jean le baptiste?
Alors Jésus paraît, venant de la Galilée vers le Jourdain, auprès de Jean pour être baptisé par lui.
Déjà, le début du chapitre 3 avait employé le même verbe: paraître pour dire l’entrée en scène de Jean dans l’histoire d’Israël. Jean prêche et baptise sur les rives du Jourdain, un fleuve qui se déverse dans la mer Morte. Le récit qui précède nous a dit ce qu’était la prédication de Jean. Il annonce le Grand Jour du Jugement de Dieu. Dans la situation catastrophique qui est celle d’Israël, puisque le pays est occupé par les armées de Rome depuis près de 100 ans, beaucoup attendent la venue d’un libérateur. Dieu, pensent-ils, ne peut laisser plus longtemps bafouer son honneur et sa gloire par la puissance des païens. Il va oindre, il va consacrer un homme de son choix, pour réaliser la libération d’Israël. Cela se fera sans doute par une défaite des Romains mais surtout par une purification du peuple: l’extermination des Juifs infidèles. Pour se préparer à ce Jour de Dieu, Jean invite à convertir son cœur et son style de vie et à signifier cette conversion par un baptême. Le baptême consiste à se plonger dans les eaux, symboles de pureté et de vie, pour attester publiquement la décision d’une purification intérieure. Jean va décrire le Jour de Dieu qu’il voit venir à l’aide d’images du monde rural:
• la hache, qui va abattre les arbres qui ne produisent pas de bons fruits et que l’on brûlera;
• la pelle à vanner, qui va séparer le grain de son écorce, l’écorce qui sera brûlée.
À cette dernière image –où le souffle de l’air et le feu sont les moyens de purifier le grain de blé– Jean donne aussi le nom de baptême. Il annonce donc que quelqu’un –plus puissant que lui– va baptiser dans le souffle de Dieu et le feu. Le souffle de Dieu est son Esprit puisqu’en hébreu le même mot (ruah) désigne le souffle et l’Esprit, (comme c’est aussi le cas en grec: pneuma et en latin: spiritus). Celui que Jean annonce va agir par la puissance de Dieu, et non par ses seules forces. C’est donc dans ce contexte –l’attente du Plus Puissant choisi par Dieu– que va se dérouler le baptême de Jésus.
Pourquoi Jésus vient-il recevoir le baptême de Jean?
La question est importante et la réponse difficile. Jean n’annonçait que ce Plus Puissant devrait être baptisé! Mais il comparaît l’action purificatrice de ce Puissant à un baptême. Pourquoi Jésus va-t-il choisir d’être baptisé?
Le dialogue entre Jean et Jésus vient souligner cette question. Jean va s’opposer énergiquement à ce baptême: «Moi, j’ai besoin d’être baptisé par toi et toi tu viens à moi!» Jean devait connaître la grandeur spirituelle de son cousin Jésus. Il savait aussi que lui, Jean, n’était qu’un précurseur de ‹Celui qui devait venir›. Mais Jésus va le rassurer en lui disant que ce baptême est la volonté divine: Laisse à présent. Car voici qu’il nous convient d’accomplir tout ce qui est juste et droit.
Qui est-ce que ce ‹nous› désigne? Jésus et Jean? Peut-être, mais Jean a déjà accompli ce qui est juste et droit en se préparant lui-même à la venue du Libérateur qui doit venir. Et, si Jésus est lui-même ce libérateur, en quoi doit-il se convertir et se baptiser? À moins que le ‹nous› ne désigne l’ensemble du peuple de Dieu, dont Jésus veut se solidariser. Les trois récits synoptiques sont en effet d’accord pour dire que la prédication de Jean recueillait une vaste audience. Selon Matthieu, Pharisiens et Sadducéens sont venus nombreux à son baptême. Luc parlent de foules (Lc 3,7) et Marc dit que tout le pays de Judée venait à lui (Mc 1,5). Jésus semble se glisser dans la foule comme un anonyme, et cela fait contraste avec l’annonce de Jean qui parle d’un Puissant libérateur. Plus tard, Jésus reprochera à l’élite religieuse de ne pas avoir cru en Jean:
Les publicains et les courtisanes vous précèdent dans le règne de Dieu. Car Jean est venu vers vous dans le chemin de ce qui est juste et droit et vous n’avez pas cru en lui. Les publicains et les courtisanes ont cru en lui. Voyant cela, vous ne vous êtes même pas repentis pour croire en lui (Mt 21,31-32).
Que signifie ‹accomplir toute justice›?
La prédication de Jésus portera à son plein accomplissement ce qui est juste et droit. C’est là tout l’enseignement de Jésus sur la montagne:
On vous a dit: «Œil pour œil, dent pour dent.» Or moi je vous dis: «Ne résistez pas [violemment] au méchant.» Si votre droiture ne surpasse pas celle des scribes et des Pharisiens
vous n’entrerez pas dans le règne de Dieu (Mt 5,38.20).
Pour Jésus, accomplir ce qui est juste sera de pousser à l’extrême la droiture en n’ayant pas d’autre règle que celle d’aimer inconditionnellement tout prochain quel qu’il soit. Pour Dieu, ce qui est juste et droit, la perfection de l’amour, c’est le pardon, comme le dira Jésus dans la synagogue de Nazareth où il annoncera qu’il est venu proclamer l’an de grâce, c’est-à-dire l’année où toutes les dettes sont effacées, où les fautes sont pardonnées (Lc 4,19). Mais pour accomplir ce qui est juste, pour aller jusqu’au pardon et rendre parfait l’amour, il faut être en communion avec Dieu. Il faut accueillir son Esprit pour agir selon cet Esprit. Il faut être plongé, baptisé dans l’Esprit de Dieu.
Que va-t-il se passer lors du baptême de Jésus?
Là encore le récit évangélique va utiliser des images prises dans la nature pour décrire une expérience éminemment spirituelle, expérience qui est le plus souvent invisible à l’observateur superficiel. Ces deux images seront le ciel qui s’ouvre et l’Esprit qui descend comme une colombe. On sait que le ciel (les cieux) est l’image qui décrit le ‹lieu› de Dieu. Le ‹lieu› entre guillemets, puisque Dieu n’est pas localisable, n’étant pas soumis à notre temps et à notre espace.
Dieu est partout, comme dit le Petit Catéchisme. À l’époque de Jésus, dans ce contexte politique et religieux plein de détresses, bien des Juifs parlaient d’un ciel qui était fermé. Ce qui voulait dire que Dieu semblait avoir abandonné son peuple infidèle. Le livre d’Isaïe traduit bien cette situation:
Alors Israël se souvint des temps antiques. Où est Celui qui déposa en Moïse l’Esprit de la sainteté? … Regarde du ciel et vois, de ta demeure sainte. … Ta compassion, Tu la retiens? Mais c’est Toi qui es notre Père!
Notre libérateur, depuis toujours c’est ton nom. Si loin que remonte notre souvenir, Tu n’agis plus comme notre roi. Ah, si Tu voulais ouvrir les cieux et descendre! (Is 63,11-17).
Le ciel qui s’ouvre, c’est donc la communication entre Dieu et Jésus. C’est l’état de prière dans sa perfection. C’est la communion spirituelle, dans l’Esprit. L’image de la descente de l’Esprit vient donc compléter celle du ciel qui s’ouvre. Ce n’est qu’une unique image pour décrire l’expérience forte que vit Jésus. L’image de la colombe, ici, est d’ailleurs surtout liée au verbe descendre. L’Esprit descend pour venir sur Jésus.
• À la création, la Genèse parle de l’Esprit qui plane sur les eaux (Gn 1,2). Des textes rabbiniques, expliquant la Genèse, montrent qu’on se représentait sous forme de colombe l’Esprit planant sur les eaux de la création.
• Moïse parle aussi du Dieu de l’Exode comme d’un aigle planant au-dessus de ses petits, les prenant et les portant sur ses ailes (Dt 32,11).
Quel sera le rôle de l’Esprit dans la vie de Jésus?
Le livre d’Isaïe parlait de ce Serviteur de Dieu qui recevrait l’Esprit pour annoncer aux nations la Tora. Il faut relire ces textes. Jésus les a sans doute souvent médités et il s’en inspirera fortement:
Voici mon serviteur que je soutiens, mon élu en qui mon amour s’accomplit. J’ai mis mon Esprit en lui. Il exposera la Tora aux nations. Moi, Seigneur-Dieu, je t’ai appelé, je t’ai formé et destiné à être l’alliance du peuple et la lumière des nations (Is 42,1.6).
Au chapitre 61, le serviteur lui-même s’exprime:
L’esprit du Seigneur-Dieu est sur moi, parce que le Seigneur-Dieu m’a oint. Il m’a envoyé porter l’Évangile aux pauvres, panser les cœurs brisés, proclamer aux déportés la libération et aux prisonniers la liberté, proclamer l’an de grâce du Seigneur-Dieu (Is 61,1-2).
Être ‹alliance avec le peuple› et ‹lumière des nations›: le peuple, c’est Israël, le peuple de Dieu; les nations sont tous les autres peuples, appelés aussi les ‹païens›. Déjà, au Temple de Jérusalem, le sage Siméon avait présenté Jésus nouveau-né avec ces deux expressions (Lc 2,32):
Mes yeux ont vu ton salut: gloire de ton peuple et lumière pour éclairer les nations.
Ainsi la mission de Jésus sera-t-elle double:
• renouveler l’alliance entre Israël et Dieu –en ‹infusant› l’amour divin dans les cœurs des fils et filles de Dieu–
• et faire de ce peuple la lumière de Dieu dans le monde –en étant témoin de son amour pour tous les êtres humains–.
Nous sommes là, à un tournant de l’histoire. En un cœur d’homme, en Jésus, Dieu trouve son amour parfaitement accompli. Dieu trouve en Jésus un fils en parfaite communion avec Lui. Jésus sera donc le chemin pour apprendre à devenir fils, fille du Père. Jésus, porteur de l’Esprit divin, sera celui qui donnera l’Esprit d’amour. Jésus est choisi pour réaliser l’alliance nouvelle d’un peuple de Dieu renouvelé; Par lui qui ressuscitera de la mort, cette alliance sera une alliance éternelle. Cette alliance de communion est aussi appelée dans la Bible alliance de paix. Dans la langue de Jésus le shalom, la paix, évoque l’image de la cohésion, de la concorde, du rassemblement dans l’unité. Après Pâques, l’apôtre Pierre parlera aux païens de l’Évangile comme étant l’Évangile de la paix:
Je me rends compte qu’en toute nation quiconque est droit trouve accueil auprès de Dieu. Il a envoyé son message aux fils d’Israël: l’évangile de la paix par Jésus, messie, qui est le sauveur de tous les humains. Vous savez comment Dieu a conféré à Jésus l’onction d’Esprit Saint et de puissance. Il est passé partout en faisant le bien (Ac 10,34-36.38).
À chaque eucharistie, nous redisons ces paroles de Jésus:
Je vous donne ma paix, je vous laisse ma paix
Et la prière ajoute: que cette paix nous conduise vers l’unité parfaite. Paul fera écho à cela dans la lettre aux Ephésiens (2,14-18):
C’est lui qui est notre paix. De ce qui était divisé, il a fait une unité. Il a voulu ainsi, à partir du Juif et du païen, créer en lui un seul être nouveau –en établissant la paix– et les réconcilier tous les deux en un seul corps.
Il est venu annoncer la paix… Et c’est grâce à lui que les uns et les autres nous avons accès auprès du Père en un seul Esprit.
Aujourd’hui, quelle est la mission du Christ?
Aujourd’hui la mission du Christ est la mission du disciple du Christ, du chrétien. Et cette mission est double:
• Chaque communauté chrétienne doit vivre le message de communion. Par la fraternité qu’elle vit, chaque communauté doit être le signe de cette alliance entre Dieu et les humains. Non parce qu’elle est une fraternité sans faute. L’Église est faite de pécheurs. Mais parce qu’elle s’efforce de vivre le pardon sans condition. Avec la force qui vient de Jésus et du Père. C’est ainsi que les chrétiens seront signe que la force de l’amour de Dieu agit en eux. Voyez comme ils s’aiment, disait-on des premiers chrétiens. Et la lettre de Jean nous dit :
Si nous nous aimons les uns les autres, Dieu demeure en nous,
son amour est accompli en nous (1Jn 4,12).
Jésus priera ainsi Dieu son Père :
Que tous soient Un comme Toi, Père Tu es en moi et moi en Toi.
Qu’il soient Un en nous… (Jn 17,21).
Nous qui sommes des hommes et des femmes choisis par Dieu, consacrés par Dieu à leur baptême, de quel Dieu sommes-nous les témoins? D’un Dieu Impersonnel, Énergie divine, d’un Dieu créateur? ou d’un Dieu-Père qui nous fait siens, de sa famille.
Mais on n’est pas fils de Dieu seulement pour soi, pour nous. Les communautés de Jésus ne sont pas seulement des milieux de fraternité où l’on est bien ensemble. Ces communautés de paix doivent être lumière pour tous les peuples. Aujourd’hui, pour nous, comment être lumière pour les nations? Sans doute par l’exemple de notre fraternité, de notre communion en Dieu, en étant témoins d’un Dieu de pardon. Mais il nous est aussi demandé davantage. Il nous faut rejoindre la présence de l’Esprit de Dieu dans le monde car l’Esprit de Dieu travaille tout humain dans la profondeur de sa conscience. Par l’Évangile, nous devons éclairer tout ce qui est bon dans les actes les plus quotidiens des plus humbles des humains. Je rêve parfois d’une émission de radio ou de télévision qui aurait pour but de nous dire chaque jour tout ce que l’Esprit accomplit dans notre monde. Car s’il y a le mal répandu par tout, la misère et la guerre, il y a aussi toute cette générosité déployée, le plus souvent d’une façon anonyme et cachée: celle des bénévoles, des infirmiers et infirmières, des mamans… et de tant d’autres. Le travail de l’Esprit aujourd’hui est de guider le monde entier vers l’unité. C’est pour tout homme, toute femme, que Jésus a reçu l’Esprit d’amour du Père. Cette tension vers l’unité de l’humanité tout entière n’est-elle pas ce qui est à la base de la rencontre d’Assise voulue par le Pape? Se tenir ensemble pour prier, au-delà de nos différences, de nos divergences, pour éveiller la force de paix qui se trouve au plus profond de chaque cœur.
Devant les guerres qui sévissent en notre monde, on se demande comment tant de barbarie peut encore exister 2000 ans après l’Évangile? Sommes-nous vraiment conscients de l’unité des humains de toutes races. De notre unité en Dieu-Père et donc de notre solidarité? La prière que nous vivons est-elle vraiment pénétrée de cette solidarité? Avons-nous mal à cette main qui tue, avons-nous mal à ce regard devenu haineux à force d’avoir peur, avons-nous mal à ce ventre qui porte l’enfant du viol, avons-nous mal parce que –dans le Corps spirituel de l’humanité– le visage humain est défiguré? Avons-nous assez conscience de cette solidarité pour savoir inventer, là où nous vivons, les forces capables de faire l’unité? Nous, disciples de Jésus, sommes-nous des artisans de paix dans notre communauté chrétienne, dans notre famille, notre milieu de travail.? Par la prière, puisons-nous assez les forces spirituelles qui se trouvent dans le cœur de Jésus? Ce sont ces forces seules qui pourront réunir les cœurs et donner le courage du pardon.
Il devrait se tenir des petits Assise en permanence partout: des lieux où l’on se rencontre –musulmans, bouddhistes, Juifs et chrétiens– pour s’écouter, se comprendre… pour se taire ensemble afin d’écouter ce qui se vit au plus profond des cœurs; et se retrouver frères et sœurs à ce niveau de profondeur spirituelle où chacun devient un unique aimé éternellement de Dieu, où nous découvrons cette unité –encore cachée dans le cœur du Christ– et qui est le secret projet de Dieu, de son amour.
Celui ci est mon Fils, mon Bien-aimé.
Dieu ne dit-il pas cela à chacun de nous qui sommes son fils, sa fille? Dieu ne dit-il pas cela de chacun des humains qu’Il aime comme son fils, sa fille? Comment serons-nous lumière de l’Évangile pour dire à notre frère, à notre sœur qui l’ignorent: «Toi, tu es aimé-e de Dieu… et pour toujours.»
Georges Convert
»»» Questions
1. Quel était le contenu de la prédication de Jean le baptiste?
2. Quel est le sens du mot ‹baptême›?
3. Pourquoi les gens se font-ils baptiser par Jean?
4. Que signifie l’expression: «le ciel est fermé»?
5. Comment comprendre: «l’Esprit descend comme une colombe»?
6. Pourquoi Jésus choisit-il d’être baptisé?
7. Que signifie: «être alliance pour le peuple et lumière pour les nations»?
8. Comment chaque communauté chrétienne peut-elle être alliance et lumière?
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