Évangile du 5e dimanche de Carême (année C), selon l’écrit de Jean (8, 1-11)
1 Jésus se rend au mont des Oliviers.
2 Au petit jour, de nouveau, il se présente au Temple.
Tout le peuple vient à lui et, s’asseyant, il les enseigne.
3 Les scribes et les Pharisiens amènent une femme surprise en adultère.
Ils la placent debout au centre
4 et disent [à Jésus]:
Maître, cette femme a été surprise en flagrant délit d’adultère.
5 Dans la Tora, Moïse nous a prescrit de lapider celles-là.
Toi, que dis-tu?
6 Ils disent cela pour lui tendre un piège
afin d’avoir de quoi l’accuser.
Mais Jésus se baisse et écrit avec le doigt sur le sol.
7 Comme ils persistent à l’interroger,
il se redresse et leur dit:
Celui d’entre vous qui est sans péché,
qu’il soit le premier à lui jeter la pierre.
8 De nouveau il se baisse et écrit sur le sol.
9 En entendant cela, un à un ils sortent,
en commençant par les Anciens.
[Jésus] reste seul et la femme au centre.
10 Jésus se redresse et lui dit:
Femme, où sont-ils?
Personne ne t’a condamnée?
11 Elle dit: Personne, mon seigneur!
Jésus dit:
Moi non plus, je ne te condamne pas.
Va! Désormais, ne pèche plus.
—
Le commentaire du pain sur la table,
par Georges Convert.
Cet épisode, dont l’origine johannique demeure douteuse, est placé à Jérusalem,
à l’automne, lors de la fête des Tentes, une fête à laquelle Jésus hésitait à se rendre
car les autorités religieuses cherchent à l’arrêter (cf Jn 7,1.10.25).
Jésus proclame dans le Temple au dernier jour de la fête des Tentes.
Si quelqu’un a soif, qu’il vienne à moi, et que boive celui qui croit en moi.
Comme l’a dit l’Écriture: «De son sein couleront des fleuves d’eau vive» (Jn 7,37-38).
Il lance l’invitation à ceux qui sont assoiffés de vérité et de droiture,
et qui ont soif de ce surcroît d’amour qui donne de vivre de Dieu ici et maintenant.
L’épisode de la femme adultère ne se trouve pas dans plusieurs manuscrits de Jean
qui sont pourtant parmi les plus importants.
Le vocabulaire et le style semblent d’ailleurs différents de ceux de Jean
et plus proches du style de Luc.
L’attention qui est portée à une femme,
comme la manifestation de la miséricorde de Jésus peuvent en effet traduire
les préoccupations qui sont habituelles à Luc.
On pense que ce récit de la femme adultère a pu trouver sa place actuelle en Jean
pour venir illustrer ce verset:
Vous jugez de façon purement humaine. Moi, je ne juge personne (Jn 8,15).
D’autres manuscrits, au contraire, ont placé ce récit dans Luc
et le situent dans les jours précédant la Passion (après Lc 21,38).
Comment comprendre ces incertitudes concernant ce si beau texte
qu’on pourrait qualifier de trésor évangélique?
Alain Marchadour en donne une explication:
«Le récit aura vraisemblablement effrayé, par son ouverture,
certains responsables de l’Église primitive.
L’adultère était considéré comme un des rares péchés
pour lesquels une pénitence était nécessaire
et qui ne pouvait être remis qu’une seule fois dans la vie.
Le comportement de Jésus à l’égard de la femme adultère aura pu paraître
à certains (qui oubliaient « va et ne pèche plus »)
comme une indulgence excessive face à l’infidélité conjugale»
(L’Évangile de Jean, p. 121, Centurion-Novalis 1992).
Saint Augustin pensait qu’on avait peut être écarté cet évangile
parce qu’il pouvait faire croire «aux épouses [infidèles] que leur péché resterait impuni»!
Ce n’est qu’au 3e siècle que l’épisode trouve sa place définitive dans le récit de Jean
et il faudra encore deux cents ans pour qu’il soit accepté dans la liturgie.
Jésus se rend au mont des Oliviers.
Au petit jour, de nouveau, il se présente au Temple.
Le mont des Oliviers est une crête
qui s’étend sur plus de 3 kilomètres de l’autre côté de la rivière du Cédron
(à moins d’un kilomètre de Jérusalem).
Jésus recherche, selon son habitude, un lieu solitaire pour prier.
Mais il peut aussi se faire qu’il préfère dormir hors de la ville
-dans un endroit gardé secret- par crainte d’être arrêté.
Dans la journée, les prêtres peuvent craindre en effet
qu’une arrestation de Jésus ne soit pas du goût de la foule,
comme le disent les récits synoptiques (Mt 21,46):
Ils cherchaient à l’arrêter, mais ils eurent peur des foules,
car elles le tenaient pour un prophète.
Il faudra la trahison de Judas, qui connaît l’endroit,
pour que les gardes puissent le surprendre.
L’épisode se passe au Temple et le cadre du récit est finalement le même en Jean et en Luc.
Dans les deux cas, on montre Jésus passant le jour à enseigner dans le Temple
et se retirant la nuit au mont des Oliviers.
Puisque les récits synoptiques n’ont qu’une seule montée de Jésus à Jérusalem,
l’épisode est alors placé dans les derniers jours de Jésus avant son arrestation.
Notons que, dans le récit de Jean,
cet épisode est aussi inséré à un moment fortement critique de la vie de Jésus.
En effet, cela se passe à Jérusalem,
à l’automne, lors de la fête des Tentes.
Une fête à laquelle Jésus hésitait à se rendre car on cherche déjà à l’arrêter (cf. Jn 7,1.10.25).
Le récit de Jean semble dire que c’est au dernier jour de la fête
que les grands-prêtres ont envoyé des gardes pour se saisir de lui.
Mais ceux-ci sont revenus sans exécuter l’ordre (Jn 7,45-49):
Les gardes revinrent donc vers les grands prêtres et les Pharisiens qui leur dirent:
«Pourquoi ne l’avez-vous pas amené?»
Les gardes répondirent:
«Jamais homme n’a parlé comme cet homme.»
Les Pharisiens leur dirent: «Auriez-vous donc été abusés, vous aussi?
Parmi les notables ou parmi les Pharisiens, en est-il un seul qui ait cru en lui?
Il y a tout juste cette masse qui ne connaît pas la Tora, des gens maudits!»
La mission de Jésus touche donc à son terme. Il a déjà annoncé son départ (Jn 7,33):
Je suis encore avec vous pour un peu de temps et je vais vers Celui qui m’a envoyé.
Les dirigeants du peuple cherchent à exploiter les divisions des foules à son sujet:
Parmi les gens de la foule qui avaient écouté ses paroles, les uns disaient:
«Vraiment voici le prophète!»
D’autres disaient: «Le Christ, c’est lui.»
Mais d’autres encore disaient: «Le Christ pourrait-il venir de la Galilée?
L’Écriture ne dit-elle pas
qu’il sera de la lignée de David et qu’il viendra de Bethléem?»
C’est ainsi que la foule se divisa à son sujet (Jn 7,40-43).
Notre épisode va nous décrire l’un des pièges que l’on tend à Jésus
pour qu’il se compromette et qu’on ait ainsi des motifs de l’accuser.
Tout le peuple vient à lui et, s’asseyant, il les enseigne.
Selon la coutume des rabbis, Jésus s’assoit et ses adeptes forment un cercle autour de lui.
C’est la position traditionnelle du Maître qui interprète la Tora, la Doctrine révélée par Dieu.
C’est d’ailleurs à titre de maître que Jésus va être mis à l’épreuve.
«Maître, cette femme a été surprise en flagrant délit d’adultère.
Dans la Tora, Moïse nous a prescrit de lapider celles-là. Toi, que dis-tu?»
Les accusateurs s’appuient sur un texte qui se trouve dans le Deutéronome:
Si l’on prend sur le fait un homme couchant avec une femme mariée,
tous deux mourront: l’homme qui a couché avec la femme et la femme elle-même.
Tu feras disparaître d’Israël le mal.
Si une jeune fille vierge est fiancée à un homme,
qu’un autre homme la rencontre dans la ville et couche avec elle,
vous les conduirez tous les deux à la porte de cette ville
et vous les lapiderez jusqu’à ce que mort s’ensuive:
la jeune fille parce qu’elle n’a pas appelé au secours dans la ville,
et l’homme parce qu’il a usé de la femme de son prochain.
Tu feras disparaître le mal du milieu de toi (Dt 22,22-24).
Le cas présent est donc celui d’une jeune fille qui n’est pas encore mariée
et est seulement fiancée.
Elle peut donc n’avoir pas plus que 13-14 ans.
Car on mariait très tôt les gens et le mariage était décidé par les parents
qui n’avaient pas besoin du consentement de la fille.
Si l’homme n’est pas mentionné et semble absent,
c’est qu’alors l’homme n’était accusé d’adultère que dans le cas d’une femme mariée.
Tandis que, pour la femme, toute relation avec un homme est adultère.
Les scribes, spécialistes officiels des saintes Écritures et les Pharisiens,
soucieux de pratiquer la Tora à la lettre,
sont préoccupés -à première vue- de faire disparaître d’Israël le mal.
Pour eux, en effet, l’infidélité du peuple est la cause de la colonisation d’Israël,
peuple de Dieu, par la Rome païenne.
Mais la vraie raison de leur geste ne se trouve-t-elle pas dans le ressentiment
et l’agressivité qu’ils ont envers Jésus?
Celui-ci gagne de plus en plus la confiance des petites gens et des démunis
et il a une attitude de grande empathie envers ceux que l’élite religieuse rejette
parce qu’ils sont des pécheurs notoires:
les publicains, les prostituées, les malades
(la maladie est perçue alors comme une conséquence du péché).
Ainsi les opposants à Jésus organisent un cas typique de violation de la Tora
en plaçant devant lui une femme adultère sans défense.
Ils pensent donc réussir à entacher sa réputation
en lui tendant ce piège pour avoir de quoi l’accuser.
Rappelons que Jésus s’est déjà prononcé sur l’indissolubilité du mariage:
«Que l’homme ne sépare pas ce que Dieu a uni» (Mc 10,6-9).
La question: «Et toi, qu’en dis-tu?» vise donc à lui faire perdre la face devant tout le monde.
Ses adversaires le provoquent sur son propre terrain:
celui de la miséricorde accordée largement aux pécheurs.
N’est-ce pas ce qu’il a fait à propos de Zachée:
Aujourd’hui, le salut est venu pour cette maison, car lui aussi est un fils d’Abraham.
En effet le Fils de l’homme est venu chercher et sauver ce qui était perdu (Lc 19,9).
On se souvient aussi qu’il a accueilli une pécheresse qui se jetait à ses pieds,
les baignait de ses larmes, les essuyait avec ses cheveux,
les couvrait de baisers et répandait sur eux du parfum.
À son hôte, étonné qu’il se laisse approcher par une femme de mauvaise réputation,
Jésus avait déclaré:
Si je te déclare que ses péchés si nombreux ont été pardonnés,
c’est parce qu’elle a montré beaucoup d’amour.
Mais celui à qui on pardonne peu montre peu d’amour (Lc 7,47).
«Entre toutes les questions posées à Jésus au cours de sa vie publique,
celle-ci [Et toi, qu’en dis-tu?] apparaît la plus décisive.
Il s’agit en effet d’un problème de vie ou de mort,
où est mis en cause l’aspect le plus original de l’attitude de Jésus:
sa miséricorde. Impossible pour lui d’échapper à l’alternative:
ou c’est la Tora de Moïse qui triomphe, ou c’est la miséricorde»
(Domingo Munoz León, Assemblées du Seigneur #18, p. 61, Cerf).
Si donc Jésus ne condamne pas cette femme, on pourra l’accuser
de ne pas respecter la Tora de Dieu. S’il la condamne, il perdra l’estime
des foules et des marginaux et il se sera placé en contradiction avec l’Évangile
qu’il prêche aux petits et aux humbles.
Mais Jésus, se baissant, se mit à tracer du doigt des traits sur le sol.
Que signifie cette attitude?
On ne sait pas bien comment expliquer ce geste d’écrire.
Peut-être Jésus mime-t-il un texte de Jérémie:
Tous ceux qui t’abandonnent seront honteux,
ceux qui se détournent de toi seront inscrits dans la terre (Jr 17,13).
D’autres suggèrent que Jésus écrit sa réponse,
selon la coutume romaine où les sentences des juges devaient être écrites.
D’autres s’appuient sur des textes de la littérature arabe
où ce geste signifie qu’on ne veut pas s’impliquer comme juge dans une affaire.
Permet-elle un temps d’arrêt, un moment de silence
pour inviter chacun à discerner les vraies raisons de leur accusation?
Jésus veut-il interroger les témoins sur leur propre attitude?
Sont-ils purs de coeur dans cette affaire ou au contraire sont-ils fourbes?
Comme ils persistent à l’interroger, il se redresse et leur dit:
«Qui d’entre vous est sans péché, qu’il soit le premier à lui jeter la pierre.»
Jésus évite sans doute le piège en rappelant les exigences de la Tora
qui veut que ce soient les témoins eux-mêmes qui jettent la première pierre.
Rappelons le texte du Deutéronome (17,5-7):
C’est sur les déclarations de deux ou trois témoins que [le coupable] sera mis à mort.
Il ne sera pas mis à mort sur la déclaration d’un seul témoin.
La main des témoins sera la première pour le mettre à mort.
Plus profondément, Jésus ne veut-il pas surtout montrer le vrai visage de Dieu?
Certes le péché est péché parce qu’il détruit la vraie beauté de l’être humain.
Mais le pécheur a droit en priorité à la miséricorde parce que
Dieu est Dieu de vie et non de mort.
Le fils de Dieu doit agir comme le Père envers son prochain,
et cela quelque soit son péché:
Ne vous posez pas en juges, afin de n’être pas jugés;
car c’est de la façon dont vous jugez qu’on vous jugera,
et c’est la mesure dont vous vous servez qui servira de mesure pour vous.
Qu’as-tu à regarder la paille qui est dans l’oeil de ton frère?
Et la poutre qui est dans ton oeil, tu ne la remarques pas? (Mt 7,1-3)
Pourquoi oublions-nous si facilement notre propre besoin de pardon devant le Seigneur?
Un Psaume nous le rappelle avec force:
Dieu, fais-moi miséricorde selon ta bonté.Efface mon péché dans ton immense compassion.
Oui, je connais mon péché. J’ai fait ce qui est mal à tes yeux (Ps 50,1.5).
Jésus, en vrai rabbi, ne nie pas l’importance de l’application de la Tora de Moïse;
mais il interroge directement la conscience de chacun des accusateurs.
Homme au jugement perverti, ôte d’abord la poutre de ton oeil,
et alors tu verras clair pour ôter la paille de l’oeil de ton frère (Mt 7,5).
En entendant cela, un à un ils sortent, en commençant par les Anciens.
Ces Anciens ne sont pas forcément les gens âgés.
Le mot désigne aussi les membres du Sanhédrin,
le collège des notables juifs qui avaient précisément le droit de juger.
Ce sont d’ailleurs eux qui bientôt décideront de livrer Jésus au pouvoir romain pour qu’il soit crucifié.
À cette heure, les accusateurs sont sans doute conscients
que leur accusation est devenue vaine devant l’attitude de vérité de Jésus.
«Femme, où sont-ils? Personne ne t’a condamnée?»
Elle dit: «Personne, mon seigneur!»
Jésus dit: «Moi non plus, je ne te condamne pas. Va! Désormais, ne pèche plus.»
«L’épreuve est achevée. Jésus en est sorti vainqueur.
Seuls restent celui qui n’a pas péché et celle dont le péché est public,
« Deux sont restés, disait Augustin, la malheureuse et la miséricorde (misera et misericordia) »,
celle qui souffre et celui dont le coeur est compatissant à la souffrance.»
(A. Marchadour, L’Évangile de Jean, p. 124).
Là où les juges voyaient un être à punir, Jésus a vu quelqu’un à secourir.
Quel réconfort et quelle paix doivent être ressentis par la femme!
Elle retrouve son souffle de vie et la confiance
à cause de ce regard de bonté que le Maître Jésus a posé sur elle.
Dans son geste, Jésus témoigne que son Père est le Dieu qui sauve.
Dieu n’est pas le juge qui punit de mort la désobéissance à sa Tora
mais le Père qui sauve et qui n’est jamais conditionné dans son amour,
même par les actes les plus coupables de ses fils et de ses filles.
Dieu n’a pas envoyé son Fils dans le monde pour juger le monde,
mais pour que le monde soit sauvé par lui (Jn 3,17).
Jésus ne demande même pas à cette femme d’aller sacrifier au Temple
pour obtenir le pardon de Dieu.
Dieu lui a déjà pardonné, et cela sans aucune autre condition
que l’accueil sincère de ce pardon d’amour.
Et cela la rend forte pour vivre désormais dans un plus grand amour.
Le pardon n’est pas le simple effacement de la sanction méritée,
mais il est surtout le surcroît d’amour donné par Jésus
pour que cette femme se relève et que son amour soit purifié.
C’est sans doute le sens de cette réponse de Maurice Zundel
à quelqu’un qui confessait sa relation avec une maîtresse: «Aimez-la davantage!»
L’attitude du jugement est profondément ancrée dans le coeur humain.
Et même le cheminement dans la vie spirituelle
ne nous rend pas exempts d’une telle tentation.
Citons ce commentaire d’Olivier Clément:
«Au-delà d’une éthique de la Tora, le chrétien, au fur et à mesure qu’il approfondit sa foi,
est appelé à inventer une morale paradoxale, celle de l’amour créateur.
Cette morale fait passer la personne, son mystère, sa destinée,
avant les notions sociales de bien et de justice.
Ainsi Jésus devant la femme adultère.
Il rappelle aux bourreaux de celle-ci leur propre état de séparation et d’adultère spirituel.
Pour l’humain engagé sur la voie spirituelle,
rien n’est plus important que le refus évangélique de juger.
Avidité et vanité sont passions de ceux qui débutent ou commencent seulement à progresser.
Mais, pour les plus avancés, l’effondrement vient toujours du jugement porté sur autrui:
toute leur ascèse, alors, est frappée de pharisaïsme spirituel, au sens que donne à ce mot l’Évangile.
L’ascèse ne vaut que comme creusement d’humilité.
L’humilité, comme capacité d’un amour désintéressé.
C’est pourquoi, pour les spirituels, toute la vertu tient dans le refus de mépriser»
(Sources, p. 252, Stock 1982).
Il nous faut donc être vigilants pour ne pas tomber dans ce pharisaïsme.
Pour cela, nous devons toujours nous rappeler
que la sainteté du disciple de Jésus ne se trouve pas d’abord dans la perfection morale
mais dans l’accueil amoureux de la personne même de Jésus.
Il s’agit de nous laisser aimer en ouvrant totalement notre coeur avec une passion
que l’Esprit Saint est seul à pouvoir nous inspirer.
Ce sont les coeurs qui prient qui se laissent le mieux aimer.
«Seigneur mon Dieu et mon Père,
Tu connais ma vie, ma pensée et mon coeur.
À tes yeux il n’y a pas de juste, pas un seul!
Cependant Tu ne repousses personne.
Tu aimes chacune, chacun de nous.
Tu sais ce dont il a besoin et Tu le lui proposes.
Tu n’attaches d’importance qu’aux mains ouvertes que je tends vers Toi
pour que Tu les remplisses avec abondance.
Dans la passion et la mort d’amour de Jésus, ton Bien-Aimé,
Tu veux prendre mes misères et mes ténèbres
pour me faire accéder à la lumière et à la joie
dans une vraie communion avec Toi»
(Georges Convert, Prière quotidienne en Église, p. 303, Médiaspaul 1995).
La scène du procès de la femme adultère préfigure le procès de Jésus.
- Les accusateurs demeurent les mêmes:
les scribes et les Pharisiens convaincus que Jésus n’accomplit pas la Tora de Moïse. - La Tora de Moïse condamne la femme à la lapidation et Jésus à la crucifixion.
- Jésus écrit sur le sable, gardant le silence devant les accusateurs de la femme adultère,
et durant son procès, Jésus se taira devant Pilate et Hérode. - Ici, il rappelle que tous les humains sont pécheurs: Qui de vous est sans péché?
et lors de son arrestation au jardin de Gethsémani, il affirmera:
C’est maintenant votre heure, le pouvoir des ténèbres (Lc 22,53). - Le jugement ne tourne pas à la condamnation: ni pour la femme:
«Je ne te condamne pas», ni pour ceux qui l’ont fait mourir sur une croix:
«Père, pardonne-leur car ils ne savent pas ce qu’ils font» (Lc 23,34).
À la suite de cette libération de l’accusée,
lui, le donneur de vie et de pardon, pourra marcher vers sa passion et sa mort.
Ainsi, par sa grande compassion pour l’être humain,
Jésus accomplit la mission qu’il a reçue au baptême: révéler que Dieu est Père.
Mais n’est-ce pas le paradoxe de cette existence de Jésus,
qu’il va choisir de perdre sa vie pour apporter le pardon et la vie à l’humanité.
Mon coeur gèle de trop d’hivers déroutants.
Il est durci au contact des fausses envies
qui minent le feu intérieur qui m’appelle au bonheur.
Las des plaisirs égoïstes qui tuent ma vie, je veux te retrouver.
Mais on m’a dit que jamais tu ne pourrais m’aimer.
Père qui jamais ne juge et ne condamne, apprends-moi la bonté.
Père créateur d’univers intérieurs,
récite à mon oreille la douceur de ta parole de miel.
Libère-moi de toutes mes chaînes.
Fais-moi reprendre à jamais ton doux chemin d’éternité. Amen!
Georges Convert
»»» Questions
1. Quelle est la véritable raison qui pousse les adversaires de Jésus à s’acharner sur lui?
2. Pourquoi leur accusation est-elle un piège?
3. Les préceptes de la Tora sont-ils en opposition avec la miséricorde?
Quel est le rôle de la Tora et celui de la miséricorde?
4. Comment comprendre la phrase de l’Évangile de Luc:
«Si je te déclare que ses péchés si nombreux ont été pardonnés, c’est parce qu’elle a montré
beaucoup d’amour. Mais celui à qui on pardonne peu montre peu d’amour.» (Lc 7,47)?
5. Comment les Églises enseignent-elles le pardon des péchés? Comment définir le pardon?
6. Où se situe le véritable procès? En quoi ce procès de la femme adultère préfigure-t-il celui de Jésus?
7. Qu’est-ce qui m’empêche de rentrer dans le pardon?
8. Est-ce que la justice d’aujourd’hui pratique une véritable réparation,
une guérison de l’accusé et de la victime?
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