Mon grain de sel, sur l’Évangile du dimanche 6 décembre 2015
par Mario Bard.
Croire en l’inespérée
« Tout être humain verra le salut de Dieu. » Quel Bonheur que cette annonce? Une joie profonde envahit le cœur de ceux et celles qui entendent avec le cœur, écoute avec une oreille de l’âme ouverte à l’amitié, l’amour, les valeurs de l’Évangile cette parole d’Isaïe.
L’espérance supplante enfin le sentiment de « No future » ambiant. Un prophète ose enfin se lever pour l’annoncer. Au risque d’être tué…
Car, ne soyons pas naïf ou peinturé couleur rose bonbon. L’espérance est une denrée difficile à avaler quand on a connu la trahison, le manque d’amour ou je ne sais quoi. Quand le péché – cette onde coupée entre l’amour et moi – est présent, croire de nouveau en l’espérance d’un monde meilleur ou d’un Salut pour tous les hommes est un défi constant.
Laisser mon cœur être labouré par le silence amoureux de Dieu devient alors un exercice difficile, une mission intérieure de tous les instants afin de laisser Dieu plonger dans nos détresses et nos blessures.
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Je me suis toujours demandé ce qui arriverait si nous acceptions de croire davantage en l’être humain. Que nos politiques sociales reflétaient un encouragement à s’éduquer, se soigner, s’entraider. Vous me direz qu’au Québec, cela est possible. Je vais répondre : en partie…
Car, de plus en plus de pauvres sont au fond du ravin et les sommets sont habités par des personnes qui détiennent presque toutes les richesses. On laisse moisir les plus pauvres dans le ravin de la mort, pendant que pourrit l’argent dans les trésors des banques ou dans les appartements luxueux et peu invitant de ceux et celles qui détiennent l’or.
Et si une nouvelle façon de faire des échanges naissait? Si l’or devenait une matière d’échange obsolète sans importance et que, finalement, nous apprenions à partager l’or de nos savoirs individuels et collectifs? Échanger des services tangibles et concrets au lieu de se baser sur un matériel…
Le but est toujours le même : nourrir l’affamé, vêtir la personne nue, offrir un toit à celui qui grelotte… apprendre l’Évangile en dehors des circuits financiers. Pari extrêmement difficile et irréaliste? Ou bien un pari qui doit, un jour, être relevé à bras le corps?
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J’ai la Bonne Nouvelle tatouée au corps. Ce corps qui me fait chavirer trop souvent dans l’illusion de la puissance recherche le repos dans les bras d’un Dieu qui offre la chaleur de son silence amoureux. Pas un mot, mais un souffle qui se sent jusqu’au tréfonds de mon âme. Une espérance qui gonfle l’homme peu religieux que je suis, et le transforme en petite machine d’amour universel, prêt à donner sans compter.
Blessé? Je le serai. Mais, si je marche dans la confiance que ce Dieu d’amour marche avec moi; si j’ose défier les tourments de la non-espérance en donnant juste un peu – un sourire, une parole, un acte d’amour gratuit – oui.
J’ose croire en l’inespérée de cette Bonne Nouvelle qui me sauve, et sauve tous les êtres humains de bonne volonté.
Mario Bard
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