Mon grain de sel, sur l’Évangile du dimanche 25 décembre 2016
par Mario Bard.
Une fragile fécondité ! Une amie m’écrit pour me souhaiter de Joyeuses fêtes. Elle parle de son défi pour l’année 2017 qui est celui d’accueillir ses « fécondes fragilités ». Quel bonheur ! Quelle surprise aussi ! À l’heure où, dans plusieurs milieux de travail la compétitivité draine les amitiés possibles, et que la gestion doit se montrer féroce et sans pitié, être fragile ne représente pas un idéal. Le fragile se fait mordre, déchirer, assassiner. Trop peu trop tard pour lui. Et pourtant…
Comme elle a raison de penser à cette fragilité en y associant les fêtes de fin d’année, surtout pour Noël ! Dieu vient sous la forme d’un enfant. Dieu est un enfant, pas un homme. Bien sûr, il grandit et se promène sur la terre avant d’aller vers la crucifixion et d’être ressuscité à cause de son amour. Mais, sa naissance est un signe de sa fragilité. Un bébé, couché dans une mangeoire…
Nos renaissances se déroulent souvent dans la fragilité. Elles se surviennent après bien des moments où nous pensons que la force des coups et la méchanceté, ou bien encore la médisance sont nos armes de prédilection. Au contraire, rien ne nous prépare vraiment à recevoir les cadeaux de la fragilité.
Je me souviens : quand j’ai accepté – plus consciemment dirais-je – le premier de nombreux pardons donnés par le Père, Seigneur du Ciel et de la Terre, les larmes qui coulaient et la vivacité qui ont suivis n’avaient rien de comparable. Elles ont permis de m’ouvrir aux autres et d’accomplir mes premiers rêves d’adolescent : le théâtre, l’amitié, la joie de donner du temps… Autant d’éléments qui ont découlé de cet accueil de mes nombreuses fragilités et des chances qu’elles pouvaient représenter.
Accueillir la fragilité, c’est donner la chance au chêne de devenir cet arbre fantastique et hors norme, fort et tranquille à la fois. En effet, regarder le chêne au début. Il est plutôt maigre, prend beaucoup de temps à grandir, et est plutôt fragile dans ses années d’enfance, surtout en ville. Mais, donnez-lui le temps ; donnez-lui les ressources nécessaires ; donnez-lui l’espace. Il grandit et devient l’un des arbres les plus respectés de la terre. Admiré pour sa longévité, le chêne inspire.
Par contre au départ, il est fragile…
Noël est de cet ordre. À la fois fragile et fort, ce jour rappelle que tout ce qui commence dans la féconde fragilité ne peut que grandir en bonté, sagesse, amitié, amour. C’est mon espérance, que je vous souhaite pour ce Noël !
Mario Bard
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