Mon grain de sel, sur l’Évangile du dimanche 22 janvier 2017
par Mario Bard.
Périphérie : Règne de Dieu en devenir
Quelque part, nous sommes tous de cette Galilée des Nations. De ces terres étrangères à Dieu, où les dieux sont multiples, mais qui sont sans lendemains, un cul-de-sac non indiqué qui finit par lasser. Nous venons tous de ces terres, et personne ne peut revendiquer qu’il n’a rien à apprendre de Dieu.
Le pape François parle souvent des périphéries de l’Église. Il y revient constamment, rappelant aux bons cathos qu’ils n’ont aucun orgueil à avoir pour se pavaner avec ce titre. D’abord, ils doivent être chrétiens et agir comme tel. Sous le pape François, les grandes familles catholiques doivent apprendre à laisser de côté cette source de fierté, et partir en mission. Quitte à trébucher en chemin, elles en apprendront peut-être davantage à propos de la miséricorde.
Les « vieux chrétiens », ceux qui ont appris à s’enorgueillir de cette situation historique, sont appelés à pousser les murs de leurs forteresses et à prendre des chemins de terre. Rocailleux, remplies de trous d’eau et parfois dangereux, marchant dans une forêt remplie de bêtes sauvages, ces chemins sont aussi l’occasion de tester les limites intérieures.
Est-ce que je prends le temps de rencontrer le brigand jeter en prison? Est-ce que je prends le temps de rencontrer la, le prostitué pour le, la relever? Est-ce que je prends le temps de soigner la personne blessée par des malfaisants? Est-ce que je prends le temps d’annoncer avec des paroles simples, des histoires succulentes et des exemples concrets que le Règne de Dieu est proche? Qu’il est déjà présent en mon cœur?
La route de pierre est peut-être aussi l’occasion d’une nouvelle rencontre avec le Christ, une nouvelle naissance que l’on se refusait parce qu’on croyait notre baptême à tout jamais accompli. Piégés par les titres de gloire, nous planions sur l’héritage d’un cœur de chair qui, peu à peu, s’est endurci devenant cœur de pierre. Notre confort était devenu plus important que l’annonce – fragile et forte à la fois – du Règne de Dieu.
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Des chrétiens craignent aujourd’hui que la vieille Europe ne sombre de nouveau dans la noirceur païenne. Pour revitaliser la chrétienté, ils pensent que de nouvelles lois feront l’affaire. Pourtant, il leur faudra plutôt sortir de leurs tanières grandes et magnifiques – cathédrales, couvents, maisons de retraite, presbytères, etc. – pour aller à la rencontre amoureuse de ceux et celles qui se cherchent, ou qui ont trouvé des chemins philosophiquement intéressants, mais à qui manque un élément : l’amour infini, ce mystère de la bonté qui surgit lorsque tout a été essayé. Une Miséricorde qui fait éclater les cœurs de pierre.
Je suis de ces personnes qui admirent la beauté créée par la chrétienté dans les édifices magnifiques, lieux souvent empreints de paix et qui permettent le ressourcement. Mais, si notre cœur se ferme égoïstement et n’apprend qu’à prier en ces lieux, il perd un élément : celui de la mission du quotidien. La prière continuelle qui consiste à parler au Dieu des Évangiles, constamment et en l’imaginant toujours m’aimer. Cela permet de marcher avec force, sérénité et confiance vers ceux et celles qui crient leurs détresses.
Elles ne viendront pas, ou si peu, dans les édifices magnifiques, car elles se sentent comme le publicain qui prie devant Dieu, se frappant la poitrine et baissant la tête. Pourtant, ce sont vers elles que notre Dieu de l’Évangile demande d’aller, dans le meilleur de nos capacités, remplies d’un Amour infini qui espère toujours la miséricorde. Oser la périphérie, c’est construire le Règne de Dieu.
Mario Bard
*Petite action du quotidien où je pense à Dieu : le chat aime boire l’eau directement du robinet. Il attend. Il y a de l’eau dans le bol… mais il attend que l’eau coule. Il attend qu’elle provienne de la source…
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