Mon grain de sel, sur l’Évangile du dimanche 26 février 2017
par Mario Bard.
Un abandon amoureux
Quand je pense à l’insouciance de Dieu, ce domaine où il excelle et dans lequel nous sommes complètement désarçonnés, le visage de Thérèse de Lisieux me vient en tête. Morte à 24 ans de la tuberculose, la jeune carmélite n’a pas froid aux yeux et ignore les conventions. Parce qu’elle aime Jésus. Elle entre au couvent à l’âge de 16 ans. Par amour.
Sa recherche est si grande! Son attitude est celle de mettre Dieu en premier. Son attitude est celle de « vivre d’amour ». Ne rien espérer d’autre que la main secourable de notre Père, dans l’Esprit et la chaire du Fils.
Je suis toujours impressionné par ceux et celles qui réussissent à se mettre dans cet état. Propre au saint, cette façon d’être n’empêche pas nos défauts, nos manquements, nos péchés… Mais, sans nier la responsabilité que nous avons, lorsque nous entrons dans l’esprit de non-préoccupation, des ailes poussent. Et peu à peu, Dieu le père prend l’espace en notre cœur.
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Notre société a fait de l’économie un dieu bien ancré dans nos mœurs, et maintenant nécessaire à nos dettes. Malheureusement, s’abandonner au Dieu de l’Évangile devient alors quasi impossible. Les puissants nous vendent d’abord l’idée que nous serons mieux avec un compte en banque bien garni, une voiture neuve acquise régulièrement, une carte de crédit qui donne des points et la liberté de faire ce que l’on veut… pourvu que l’argent coule à flots!
C’est pourtant un esprit d’abandon que nous demande ce Dieu père. Un esprit d’insouciance consciente et inconsciente, un endroit où notre esprit se laisse prendre par la bonté et l’amour. Ce chemin est, bien sûr, difficile à ceux et celles qui veulent tout contrôler. Non par souci de respect de l’autre, mais parce que ces personnes laissent d’abord parler leur esprit de peur.
Le résultat? Des frontières qui se dressent; des hommes et des femmes qui justifient leurs peurs de l’étranger; des lois qui parlent d’économiser sur des systèmes de santé déjà bien maigres; des chantres de l’austérité. Mais alors, qui souffrent de ces peurs plus souvent qu’irraisonnés qui, sous des airs de fort, cache une grande insécurité? Les plus pauvres. Ceux qui n’ont déjà rien.
Alors, comment faire pour entrer dans ce tourbillon d’amour, de confiance et d’abandon? Relire l’Évangile, prier, chanter la gloire simple et pure d’un Dieu qui, d’abord, aime! Apprendre à s’abandonner à cet amour, c’est peu à peu entrer dans un grand tourbillon qui, au lieu de mettre l’accent sur les torts et les blessures, les nourrit pour les transformer en action vivante et vivifiante. Remplie d’un amour qui nous dépasse nous-mêmes.
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L’ivresse de Dieu n’est pas la même que pour les êtres humains. Pourquoi Dieu laisse-t-il les fleurs des champs être aussi belles, et que nos corps se retrouvent monstrueux parce que malades? Pourquoi Dieu est-il généreux? Pourquoi ne punit-il pas davantage? Pourquoi laisse-t-il l’amour être premier? Pourquoi nous laisse-t-il libres?
Autant de questions qui méritent que je m’abandonne à lui!
Mario Bard
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