Mon grain de sel, sur l’Évangile du dimanche 30 avril 2017
par Mario Bard.
La souffrance : une porte pour le grand possible
Comment devenir un en Christ, alors que dans notre société, la souffrance n’est même pas considérée comme un passage? « Ne fallait-il pas que le Christ souffre cela pour entrer dans sa gloire? » On semble oublier qu’il y a beaucoup plus dans le passage de la souffrance. Entre autres, les possibles…
Aussi paradoxal que cela soit, la souffrance apporte des possibles. Seulement, il faut apprendre et savoir ouvrir les yeux du cœur. Et Dieu sait que parfois, ils sont tous les deux bien fermés, voulant ignorer ou n’étant tout simplement plus assez forts pour s’ouvrir par eux-mêmes, ankylosés par le poids de la souffrance.
En elle, il y a bien sûr la possibilité de ne plus souffrir : une évidence. Mais au-delà, il y a aussi la possibilité de choisir une nouvelle vie; ou encore de faire des arrêts qui permettront de reprendre son souffle. Il y a aussi les possibles réconciliations entre personnes, quand la maladie est une souffrance qui mène à la mort. Ou encore, la souffrance des petits passages quotidiens qui finissent par devenir des boulets; comment rendre un peu plus léger le jour après jour, ce passage du temps?
La souffrance pose tant de questions. Elle porte parfois les réponses. Mais à d’autres moments, elle paraît muette et ne nous laisse le choix que de l’endurer. Ce qui n’empêche pas les possibles. Avec Ieshoua en croix, la souffrance prend un sens nouveau. Il entend demeurer, jusqu’au bout et malgré l’absurdité de cette condamnation des chefs religieux, de l’élite de son temps et d’une partie de la foule, amoureux… « Père, pardonne-leur, car ils ne savent pas ce qu’ils font. » Ou bien, au Bon Larron il dit : « Je te le dis, aujourd’hui, tu seras avec moi en paradis. » Malgré ses chaires complètement ravagées par les coups de fouet; malgré les crachats sur le chemin du Calvaire; malgré le sang qui coule de sa tête et vient se poser dans les yeux, irrite, coule de nouveau; malgré le poids de la croix à porter; malgré les clous qui traversent pieds et poignets, rendant impossible tout mouvement de confort; malgré tout… Cet amour développé au fil des ans, au fil de ses lectures bibliques et des choix qu’il a faits, tout cela lui permet aujourd’hui d’accomplir l’amour au-delà de la souffrance.
La porte des possibles est ouverte. Les anges peuvent venir l’enlever, le sauver. Il refuse. Il peut lui-même fuir au soir de La Cène, partage du pain et du vin ultime qui devient l’Eucharistie d’aujourd’hui. Il refuse. Pour devenir Christ, il semble que le passage où Ieshoua de Nazareth doit passer est celui de la croix, supplice affreux, décadent, dont se délecte les soldats romains en mal de sensations fortes, s’ennuyant de la grande ville de Rome.
De ce passage, ressuscite un Homme nouveau, renouveler par la force d’amour que lui apporte son Père. Dans le partage du Pain et du Vin, il nous invite maintenant à faire de nos quotidiens des occasions de passages. Que la souffrance, malgré le mystère qu’elle représente, qu’elle soit grande ou petite, qu’elle soit quotidienne ou extraordinaire, qu’elle devienne une occasion pour n’y laisser passer rien d’autre que cet Esprit d’amour qui, sur la croix, aurait pu devenir un ouragan vengeur de Dieu. Loin de là, Ieshoua le Christ remet son Esprit, son Souffle, en refusant la haine.
Au soir de notre vie, au soir même de toutes nos journées, sommes-nous capables d’en dire autant? De Jésus au Christ, Femmes et Hommes de notre temps, nous pouvons aussi ouvrir ces portes remplient de possibles. Et choisir celle que Ieshoua de Nazareth a choisie. Prions pour qu’il nous en donne la force.
Mario Bard
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