Mon grain de sel, sur l’Évangile du dimanche 2 juillet 2017
par Mario Bard.
Apprendre à devenir en Dieu
Il n’est pas simple de devenir un adulte. Être une personne demande déjà énormément de talent. Grandir dans un monde qui adule les plus forts, ou ceux qui ont cette apparence est extrêmement difficile. Grandir dans un monde qui perd conscience de son Histoire et refait les mêmes erreurs. Surtout, grandir dans un monde qui, du moins au-dehors, fait la promotion de valeurs de compétition sans borne, de la beauté plastique comme idéale, qui déifie les artistes au point de les pétrifier comme des statues… Non, ce n’est pas simple.
Accomplir l’œuvre de Dieu dans ce contexte est très difficile. Rien ne s’y compare. Survivre dans la complexité installée par les nombreux orgueils qui peuvent nous habiter est un art en soi. Comment laisser entrer en nous la bonté qui nous fera vraiment fils et filles de Dieu? Quels sont les codes qui nous feront éviter les écueils dressés par nos sociétés dites avancées? Y a-t-il des solutions pour éviter de devenir imposteur du cœur de Dieu et faire naufrage?
L’instinct peut-être. Dernièrement, je redécouvre un CD de Richard Séguin qui porte ce titre. L’œuvre est complète, fidèle à l’auteur-compositeur-interprète. Et elle porte quelques-unes de ses plus belles chansons. Comme « D’instinct j’irai ». Cette chanson porte le désir d’aimer, mais simplement, en marchant. « D’instinct, vers toi, j’irai ». Vers qui? Je me souviens d’une période de ma vie où le destiné de cette chanson était, pour moi, Dieu lui-même et le paradis, Jésus et l’Esprit-Saint ainsi que tous les saints. Mon instinct, je l’espérais, pouvait me mener vers des lieux plus grands, étonnants et paisibles. J’en oubliais la croix. Le désir d’aimer ne peut se passer de la souffrance. Aimer est souffrant en soi. En rajouter serait de la torture. Mais, si je refuse d’aimer en vérité et avec toute mon âme, que je laisse les artifices de l’amour me prendre aux détours de mes chemins, comment atteindre la pureté amoureuse voulue par le créateur? Mon cœur de chaire risque de devenir une pierre.
La lumière de Dieu est bien intense; l’amour s’y mêle en mélodies éternelles et fortes. Un amour véritable qui ne laisse pas les liens du sang l’affecter. Si l’injustice perdure, si le sang m’empêche de rejoindre le soleil qui luit pour l’éternité, alors que je sois damné. Si je ne sais pas préférer la bonté dans tous ses éclats, si je n’apprends pas à me détacher des valeurs qui tuent la vie et qui, pourtant, m’ont paradoxalement aidé à grandir, alors que je sois damné. Si je n’apprends pas la générosité de l’amour, la grandeur du don sans attente, la vérité à dire à chaque moment de la route, je ne pourrai espérer être engendré par un esprit plus grand que moi, mais qui veut se donner à moi comme un amant généreux. Je ne pourrai devenir fils de Dieu, adopté par Celui qui peut tout.
Entrer aujourd’hui dans le règne de Dieu demande de mieux comprendre cette liberté si chérie par notre société. Quelle liberté? Liberté d’aimer, comme une page d’Évangile, acte de Dieu éveillé en permanence au jour de Dieu. Devenir adulte en Dieu, c’est apprendre à grandir en petit enfant, apprenant permanent.
Mario Bard
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