Mon grain de sel, sur l’Évangile du dimanche 10 septembre 2017
par Mario Bard.
Et Il sera au milieu de nous!
Je me méfie de ce texte en ces temps de retour des théories de pureté raciale et religieuse, motivée par la peur, la xénophobie, et bien pire, la haine et le racisme. Je m’en méfie parce que la première interprétation que nous en avons, à première vue et dans une lecture littérale, est de déclarer que l’autre qui se trouve dans le péché est à rejeter complètement. Pourtant, si l’un s’en va loin, c’est la famille humaine qui se coupe de l’une de ses forces.
Le réflexe de la pureté religieuse et raciale est un piège que même les chrétiens n’ont pu éviter dans leur histoire. L’inquisition est l’un des épisodes les plus tristes de notre histoire vieille de 2000 ans. Ou encore, les fameuses croisades, lesquelles nous sont encore reprochées. Elles font partie de cette mentalité qui veut que l’autre devant soi soit l’ennemi, celui à détruire parce qu’il a péché. Détruire… pour laisser la pureté changer le monde pour le meilleur. Ah oui? Rappelons-nous le peuple juif, les personnes homosexuelles, les gitans, les handicapés intellectuels – et qui encore –, devenus les victimes d’un régime qui préférait la pureté de la race à l’humanité. Au nom de théories qui n’ont d’autres buts que de justifier des peurs infondées, l’être humain divise au lieu de se rassembler.
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Vous me direz : « Ieshoua n’est pas clair! » En effet, dans certains passages, il n’est pas facile de comprendre ce qu’il signifie. Étant de son temps, il parle d’abord à son peuple. Et puis, il est intransigeant : l’amour fait mal, l’amour peut diviser, l’amour peut nous faire quitter une famille qui ne comprend pas cet amour inconditionnel. Loin des théories de la race et de la pureté du génome à tout prix, il marche vers et avec ses disciples afin de livrer un message d’amour au monde. Lier, délier… bien des mots, mais pour dire une seule réalité : aimer. Comme disciples de Ieshoua, nous avons bien sûr à dénoncer les injustices, à combattre le mal, à donner aux plus pauvres qui se présentent à nous, quelle que soit leur pauvreté.
Mais avant tout : aimer. Lié, l’humain délié peut enfin marcher debout.
À l’écoute de l’Évangile, le disciple doit également apprendre à cerner ce qui, dans le monde, relève de l’Esprit Saint. S’il se coupe, il devient alors un monstre créant une Église de pure. Une pureté qui n’a pas d’autre objectif que de nourrir la peur. Alors, commence les inquisitions, les croisades et les folies qui exterminent à jamais des êtres innocents de la surface de la Terre. Rappelons-nous l’invitation du maître; laisser croître ensemble l’ivraie et le bon grain. Le maître de la moisson fera le reste.
Le risque? Être tué comme Ieshoua, sur une croix. Décidé à aller jusqu’au bout, notre maître ne rejette pas le supplice qui lui est infligé. Il ne le cherche pas comme certains aiment à croire. Il l’évite le plus longtemps possible comme nous l’indiquent plusieurs passages des Évangiles. Le don de sa vie jusqu’à la mort ne va pas de soi. Le faire en gardant – comme on dit aujourd’hui – un esprit zen requiert une relation avec un Dieu d’amour qui va au-delà des prétentions que nous avons à aimer. Ieshoua nous apprend un chemin difficile. Mais, ce chemin mène à la résurrection, parce qu’il y a pardon. « Père, pardonne-leur, car ils ne savent pas ce qu’ils font ». Des millions de victimes de la guerre et de la faim pourraient encore dire la même chose aujourd’hui. Des millions de personnes choisissent d’aimer. Comme les membres de l’Église de la République Démocratique du Congo, tués parce qu’ils osent dénoncer la corruption des autorités. Au risque de leur vie, ces membres interpellent à propos des minières qui ferment les yeux sur des milices qui cherchent les dieux anciens : l’argent et l’or.
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Notre mission? Délier. Pardonner. Marcher avec les plus faibles. Au risque de notre vie. Loin des forts qui crient vengeance, pureté de la race ou bien vérités religieuses. « Dans l’amour, il y a des larmes, dans l’amour il faut pleurer », chantait la grande Piaf. Pourtant, elle affirmait plus que jamais vouloir continuer à aimer. La seule pureté qu’elle avait développée? Celle d’entrer en contact avec un Dieu qui n’est qu’Amour. Et Il sera au milieu de nous!
Mario Bard
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