Mon grain de sel, sur l’Évangile du dimanche 12 novembre 2017
par Mario Bard.
L’Évangile : c’est aujourd’hui !
Être prêt, recevoir chaque jour sa Parole afin de rencontrer les imprévus avec dignité et bonté. Voilà peut-être l’un des sens de cette histoire un peu bizarre pour les post-modernes que nous sommes. Être prêt, c’est aussi la devise du mouvement scout auquel j’ai appartenu.
On nous y parlait de la débrouillardise, de la camaraderie à développer, de la nature à respecter et à aimer. On y parlait d’être « Toujours prêt ». Oui, toujours prêt. Donner une part de soi comme un cadeau à la vie. Ne plus avoir peur du temps qui passe. Laisser entrer la part de Dieu en soi. Et être prêt à tout moment. Mais… être prêt à quoi?
La mort qui rôde dans ma vie depuis deux ans : trois personnes de la famille proche et un ami très proche sont partis pour l’au-delà. Elles sont parties marcher ailleurs. Je n’étais pas prêt à recevoir cette nouvelle, cette mort aux corps et à la terre. Ces départs sont toujours si douloureux, si peu attrayants. Mais, voilà. La nouveauté en mon cœur, c’est qu’ils sont bien réels et qu’il faut que j’apprenne à les accueillir, prêt à toute heure du jour et de la nuit. Il n’y a pas un moment où la vigilance évangélique peut être baissée. D’ailleurs, elle est un non-sens et doit être combattue en mon âme. Baisser la garde évangélique… comme si je pouvais un jour me déclarer et vivre en chrétien, et l’autre, laisser tomber les valeurs de celui qui est mort sur la croix pour les défendre jusqu’au bout. Mourir pour l’Évangile : est-ce que je suis prêt?
Rien n’est moins sûr. Dans les ténèbres, dans l’hiver, dans le temps qui passe, j’ai plutôt tendance à fermer la porte de mon cœur et à y enfermer mes bonnes intentions. Je ne suis pas prêt à agir pour le Règne de Dieu, mais je m’attache seulement à faire semblant… ou bien à en parler comme un expert. Mais, aussitôt que les plus pauvres frappent à ma porte : qu’est-ce que je fais?
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Une question hante parfois mes nuits. Avec les matamores qui influencent le monde, obnubilés par le pouvoir, les armes et l’argent qu’ils en obtiennent, si la bombe nucléaire éclatait quelque part et transformait ce monde à jamais, est-ce que je serais prêt à accueillir les réfugiés du grand champignon atomique dans mon pays? Est-ce que dans le chaos mondial créé par une fin de monde, je garderais l’espoir, la lumière et l’amour allumés au milieu de mon cœur, ou bien le souffle de la haine aurait-il raison même de mes braises? L’Évangile serait-il premier, ou bien le soleil trop fort de l’orgueil aurait-il raison de mon âme?
Sur la croix, Ieshoua – celui qui devient Christ par et pour l’amour seulement – reçoit la demande du bon larron (Évangile selon l’écrit de Luc), avec compassion : « Je te le dis, aujourd’hui, tu seras avec moi au paradis. » Il aurait pu dire : « Désolé très cher, mais j’ai mon corps accroché sur une croix et mon projet politico-socioreligieux qui s’écroule : débrouille-toi tout seul. », mais non. Il répond à la demande sincère, pressante et immense d’un homme qui vit un repentir. Il est prêt à y répondre.
Être prêt. Toujours prêt. À répondre avec les valeurs de l’Évangile. Est-ce que notre cœur est prêt, malgré les jours d’obscurité?
Mario Bard
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