Mon grain de sel, sur l’Évangile du dimanche 11 février 2018
par Mario Bard.
S’émouvoir : le pouvons-nous?
« Ému jusqu’aux entrailles, il étend la main et le touche ». À la limite, tout est dit. L’essentiel du texte me semble se trouver dans cette petite portion. Oubliez pour un instant l’énigme de « Jésus Christ Superstar » qui désire rester incognito. Oubliez également les règles et obligations à ne rien dire et les règles du temple. Penchons-nous avec quelques mots sur l’énigme principale : être ému jusqu’aux entrailles.
Est-ce que nous nous laissons encore émouvoir jusqu’aux entrailles par ceux et celles qui cherchent un refuge auprès de notre cœur? Sommes-nous secoués au point de commencer à marcher avec ceux et celles qui cherchent notre soutien, ou bien sont les rejetés de ce monde si performant, si parfait dans sa technologie? Sommes-nous les chercheurs de rejetés? Sommes-nous des leaders de la vie qui cherchent à redonner espoir?
Pour arriver à se mettre dans cette disposition du cœur, il faut d’abord bien comprendre que nous sommes aussi des personnes qui ne peuvent espérer s’en sortir seul, et ce, malgré la solitude inhérente à la situation d’être humain. Paradoxalement, l’être humain, si seul au moment charnière de la naissance et de la mort, est un être qui besoin de la solidarité sociale. Il ne peut survivre sans les autres. L’un des problèmes principaux de notre époque me semble être le manque de reconnaissance de l’autre. On aime les hommes et les femmes qui se sont faits tout seul. Ah bon? Tout seul, vraiment? Et la secrétaire qui a pris toutes les notes et rédigé une lettre parfaite pour un dossier délicat. Ou bien encore, la personne qui ramasse mes vidanges tous les jeudis, à la chaleur de l’été humide montréalais, ou bien dans la froideur arctique de Val-D’Or. Toutes ces personnes participent à mon succès, ma réussite. Personne ne peut considérer qu’il se crée et se fait lui-même. C’est l’un des plus beaux mensonges que notre époque ait inventés. Une menterie qui se répercute sur ma capacité à m’émouvoir jusqu’aux entrailles pour l’autre.
En effet, si je crois sincèrement m’être construit par ma seule force physique, mes seuls moyens et ma seule raison, je ne peux être ému de la situation « léprotique » de l’autre. Et soyons clairs : même les super héros cherchent la compagnie d’autrui, tous les films Marvel et autres vous le raconteront. Ainsi, Superman qui semble préférer travailler au journal, ou Wonderwoman qui se réjouit à l’idée d’être avec les humains. La solitude du pouvoir n’amène jamais la joie et la direction d’un empereur mène souvent aux pires dérives humaines; Néron, Caligula, Hitler, Mussolini, Ivan le Terrible, Franco, etc. Tant d’exemples qui nous rappellent que la dérive n’est jamais loin. Et elle commence d’abord en notre cœur.
Soyons attentifs à l’autre. Soyons attentifs à ses besoins les profonds – ceux qui mènent à la joie du cœur. Laissons-nous regarder par le regard de compassion de Dieu, celui que nous présente Ieshoua de l’Évangile. À sa suite, dans notre cœur guéri, nous pourrons marcher vers et avec ceux et celles qui marchent avec la lèpre et la maladie dans leurs cœurs. Écoutons l’amour et la joie de Dieu pour qu’à notre tour, cet amour que Dieu donne soit communiqué. Pour la vie!
Mario Bard
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