Mon grain de sel, sur l’Évangile du dimanche 22 juillet 2018
par Mario Bard.
Une main sur l’épaule, un premier accueil
La situation est terrible. Même à l’écart, les disciples et Ieshoua doivent continuer leur travail! Terrible parce qu’eux aussi aimeraient bien se reposer. Désolé! Ce sera, comme disent certaines personnalités religieuses à qui l’on conseille le repos, pour lorsqu’au j’aurai les « quatre fers en l’air », expression colorée que ma mère – originaire du Bas-du-Fleuve – a l’habitude de dire quand quelqu’un tombe sur le sol. Dans ce contexte, on comprend que la personne ne veut pas s’arrêter avant d’avoir achevé ce qu’il faut achever : le règne de Dieu.
Ici, la phrase qui retient le plus mon attention est celle-ci : « Il fut saisi de compassion envers eux,
parce qu’ils étaient comme des brebis sans berger. »
Les plus pauvres qui composaient la société d’alors étaient toujours laissés de côté. Des hommes et des femmes qui ne remplissaient pas les critères essentiels pour devenir « quelqu’un »! Quelle horreur réagiront plusieurs d’entre vous, chères lectrices, chers lecteurs. Pourtant, juste à jeter un coup d’œil autour de nous, et nous aurons énormément à voir au chapitre du rejet des non adaptés, des personnes originales et non conformistes, ou bien de ceux et celles qui ne répondent pas aux critères pour être reconnus dans notre société qui reconnaît d’abord la performance économique.
Dans l’Évangile, il faut savoir que plusieurs critères sont d’origines religieuses. Ce sont des critères que les plus pauvres ne peuvent adopter, puisqu’il leur faut survivre au jour le jour. Aujourd’hui, l’économie, la rectitude politique et l’individualisme étant devenus des religions, ce sont surtout sur ces bases que l’on accueille ou rejette en société. Et puis, dans la nouvelle Ère Trump, ceux qui savent se faire proche du « peuple » (avec un sentiment bien caché de mépris), vont retirer tous les bénéfices parce qu’ils disent les « vraies affaires ».
Pendant ce temps-là, le cœur de notre cœur, là où repose notre âme, devient fatigué, pleureux, perdu.
Elle erre, sans bergers. Magasiner fera du bien, ou encore, me faire proche d’un gourou à la mode, de la dernière vague de gazouillis qui me fait une « Personne » sur les réseaux sociaux. Mon âme, pourtant, devient de plus en plus lourde. Elle a soif d’être nourrie de manière substantielle. Elle cherche. Où se trouve son Seigneur? Qui est-il-elle? Rien. Le vide.
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Comment Ieshoua et ses disciples ont-ils et ont-elles répondu à la soif spirituelle des foules qui les suivait, peu importe le temps, la longueur de la route et la chaleur ou la froideur du désert? Ils guérissent, accueillent et nourrissent, tout simplement. Ils font œuvre de miséricorde. Au final, Ieshoua et ses disciples parlent peu dans les livres de l’Évangile qui nous sont restés. Ils agissent. D’où leur fatigue.
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Les fatigues sont diverses. Il y a celle qui semble ne jamais se terminer. Puis, celles qui, tout en affaiblissant le corps, élèvent l’esprit de l’être humain. Il y a peut-être un peu de cela dans le fait que notre Seigneur et ses disciples acceptent de continuer à accueillir la foule, visiblement affamée de pain spirituel et de réponses à ses souffrances.
Comment se fait-il qu’il n’y ait pas de bergers spirituels dans une société si religieuse, où Dieu est omniprésent? Peut-être que ses représentants, devenus autoproclamés entre eux depuis des générations, sont trop occupés à se perfectionner, à devenir de meilleure personne. Mais pour qui? Et qui prendra soin des âmes qui viennent au temple? Qui prendre soin de ceux et celles qui sont rejetés ou qui ne trouvent plus aucune réponse à leur soif?
Un premier sourire, un premier accueil, une main sur l’épaule et un amour infini de l’être humain. Voici, peut-être, le début d’un temps nouveau pour une âme assoiffée. Loin des préjugés et de l’obligation de performance quasi religieuse, le cœur peut se laisser nourrir par un accueil amoureux, qui cherche d’abord à aimer. Voici d’abord ce que Ieshoua enseigne à ses disciples. À nous de trouver la manière, dans nos milieux.
Mario Bard
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