Mon grain de sel, sur l’Évangile du dimanche 23 septembre 2018
par Mario Bard.
Petit, et au service
Accueillir l’enfant qui grandit, c’est accueillir Dieu. Accueillir celui ou celle qui montre une faiblesse, ou qui semble tout à fait inutile, c’est accueillir Dieu. Accueillir celui ou celle qui, sans relâche, sert avec amour, avec grâce, humilité, et conscient ou non que son cœur est rempli d’un amour plus grand que lui, c’est accueillir Dieu.
Lors de son voyage en Irlande en août dernier, le pape François s’est arrêté devant les reliques du vénérable Matt Talbot, un saint alcoolique. Mais, quelle mouche pique donc l’Église? Nommer vénérable un alcoolique? C’est un grand changement de perspective. Auparavant, cet homme n’aurait même pas été considéré afin d’être nommé sur les autels comme le dit l’expression. Aujourd’hui, son alcoolisme ne fait plus problème. C’est son sens du service auprès de ceux et celles qui, comme lui, se sont enfoncés dans les affres de cette condition difficile, qui retient l’attention.
Qualifié « d’ouvrier non qualifié » pas ses biographes, Matt Talbot « est reconnu vénérable par l’Église catholique pour son courage, sa piété, la charité et la mortification de la chair. » Bien que ce soit les instruments de punition corporelle – mortification comme on les appelle, et qui rappellent les souffrances vécues par Jésus –, qui aient attiré l’attention sur la qualité de vie spirituelle, j’insisterais ici sur la charité, c’est-à-dire le service dont il fait preuve auprès de ses frères et sœurs alcooliques afin qu’eux aussi puissent se sortir du cercle de la dépendance.
C’est un petit que Dieu choisit pour soutenir ses frères et sœurs. Nous avons tendance à l’oublier, nous qui nageons littéralement dans une société qui encourage les penseurs du « think big ». Penser gros, grand, fort, et très brillant, comme l’or. Sauf que l’Esprit de Dieu diffère nettement de cette idée qu’il faut toujours être numéro un, champion, et conduire une voiture rutilante. L’Esprit de Dieu est d’abord intéressé par les plus petits.
Cela est bien sûr enrageant et peut provoquer la violence des plus fort. Pourquoi le Dieu de l’Évangile est-il aussi peu intéressé par ma force de Titan? Pourquoi ne veut-il pas que ma brillance intellectuelle luise sur ce monde en recherche d’un peu plus d’intelligence?
En fait, je ne crois pas que Dieu refuse ce qui brille en nous. Au contraire. Mais, ce qu’il ne peut faire, si nous refusons de reconnaître nos failles et nos coins de cœur et d’intelligence plus sombres, c’est de nous aimer et de nous donner la force de les surmonter, de les transformer, par son Esprit, en gestes de services. Comme Matt Talbot, Dieu introduit son amour dans nos failles du cœur et les nourrit d’un amour si fort qu’on ne peut faire autrement que de marcher dans ses pas, le cœur de plus en plus à un amour illimité pour l’humain.
C’est difficile d’admettre que nous ne sommes pas parfaits. Pourtant, une fois reconnus nos faiblesses et nos côtés sombres, prier le Bon Dieu de nourrir notre cœur est essentiel si nous désirons marcher dans les pas de l’Évangile. Comme un alcoolique qui, un jour, s’est laissé aimer par le Christ.
Mario Bard
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