Mon grain de sel, sur l’Évangile du dimanche 7 octobre 2018
par Mario Bard.
Laisser couler la rivière
Au commencement, notre cœur était doux, pur, ouvert à être une rivière de joie et de compassion. Au commencement, notre cœur était un cœur de chair. Au commencement, vivait en nous une lumière que nul ne peut prendre… pensait-on.
Puis, le contact avec les autres, les différences qui heurtent, les espoirs déçus, la déchirure apportée par la mort et la perte des amis qui nous quittent sans mots dire. Ce que l’on appelle « les aléas de la vie » malmène ce qui, au départ, était un cœur ouvert. Il se ferme et se durcit. Noircit par les habitudes – bonnes et mauvaises – il finit par exiger d’être laissé tranquille. Fiche-moi la paix s’installe en notre cœur et laisse un goût amer que nous ne reconnaissons même plus.
C’est drôle, parce que j’ai l’impression de décrire ce qui arrive lorsqu’au bout de quelques années, les couples se séparent, las l’un de l’autre quand ils n’ont pas appris à secouer la poussière qui finit par recouvrir toutes relations, même la plus passionnée. Roméo et Juliette, au bout de 50 ans, auraient peut-être eu besoin d’un conseiller matrimonial. Sauf si…
Si : ils avaient appris à être francs l’un envers l’autre; ou encore s’ils avaient appris à s’émerveiller des petits changements que vit l’un ou l’autre? Si : ils avaient aussi appris à ne plus être jaloux du désir que l’autre attire toujours chez des personnes de l’extérieur, mais à accueillir avec un rire et quelques mots : « Tu attires toujours. Et tu sais quoi? Tu m’attires toujours aussi! » Si… si seulement, nous savions demeurer attentifs à ce qui crée la vie en nous et non seulement à ce qui la détruit. La colère que nous portons est toujours plus impressionnante et toujours plus terrible que la peine que nous apprenons à partager ou bien que les blessures que nous apprenons à dire, à nommer, pour mieux les soigner et qu’elles guérissent vraiment.
Les enfants n’ont pas peur de s’exprimer. Leur candeur à crier quand ils se frappent le petit orteil sur une patte de table, ou encore leur rire contagieux quand quelque chose les fait rire. Cet esprit, c’est celui d’une ouverture qui refuse que le durcissement du cœur ou les conventions sociales aient le dernier mot. Ils sont ouverts à apprendre, à vibrer, à donner.
Notre cœur s’est laissée durcir par le temps. C’est pour cela qu’il est essentiel que notre conscience soit toujours pleinement ouverte à entendre ce qui vit en nous. Le bon comme le mauvais, le faux comme le vrai, la blessure comme la victoire. Et si nous sommes disciples du Christ Ieshoua de Nazareth célébré dans les Évangiles, sachons ouvrir notre cœur à l’Esprit d’amour qui habite le cœur de ceux-ci. Pour que l’enfant en nous resté éveillé au cœur même de sa vie.
Mario Bard
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