Mon grain de sel, sur l’Évangile du dimanche 14 octobre 2018
par Mario Bard.
Savoir résister par l’amour en cette Ère de fermeture
Qui ne s’est pas senti comme l’homme riche? Nous avons toujours quelque chose que l’on considère comme une richesse que nous ne pouvons laisser tomber dans un don total.
C’est un don total qui nous est demandé, pas seulement la moitié d’un amour. Une intensité de don comme celle qu’ont les parents qui pleurent le départ d’un enfant, de la même profondeur. Il nous est demandé d’aimer autant, sinon plus.
Aimer n’est pas simple non plus. Avec une intensité toujours aussi forte. Il arrive parfois que l’on déraille, que rien n’aille plus. C’est pourquoi la prière est aussi essentielle. Un lien direct avec le Dieu que notre Seigneur Jésus Christ a prié si fort afin que « cette coupe s’éloigne » de lui. « Mais, non pas comme je le veux, mais comme tu veux ».
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Je me demande si nous sommes entrés dans une des périodes les plus difficiles de l’histoire. Une période où le pardon le perd sur la vengeance. Une période dans laquelle la performance est un esprit permanent et l’argent son dieu. C’est d’ailleurs une période dans laquelle les riches se sentent confortables de dire tout ce qui appelle à la haine et à la guerre, à la violence domestique comme à la violence commune. Les voix s’élèvent afin de construire sur l’orgueil, le luxe et l’écrasement du petit. Aimer dans un monde comme celui-là est un défi eucharistique.
Je ne suis pas toujours à la hauteur de cette non-violence. Ainsi l’autre jour, une dame bien installée dans son Range Rover a failli me foncer dessus. Le piéton que je suis a réagi en vociférant quelque chose de dur. Mon corps, s’il s’est senti menacé, ne l’est pas autant que mon esprit. Qui peut être aussi pressé de se rendre au travail que de blesser quelqu’un est une option?
Par contre, si elle était fautive dans son action de vouloir continuer, je l’ai été par un regard tueur, le même qu’elle m’a lancé. Nous étions en mode revanche. Honte à moi qui veut prôner la bonté et l’amour.
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Honte à notre société qui préfère la performance à tout prix à un véritable amour de l’être humain. À nous qui nous considérons comme chrétiens, il est demandé d’aimer jusqu’au don total de soi. Ce qui veut dire se donner d’abord avec et par amour. Aimer ceux qui vous veulent du mal. Aimer ceux qui ne comprennent pas l’amour, mais la seule performance. Aimer ceux qui vous persécutent… Au-delà de la pression de performance, ou encore à cause d’elle, accepter d’avancer vers une bonté encore plus grande. Amen.
L’homme riche refuse d’aller jusque-là. Ô Seigneur, donne-moi d’y aller sans regarder en arrière, pour l’amour de ton amour.
Mario Bard
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