Mon grain de sel, sur l’Évangile du dimanche 8 mars 2015
par Mario Bard.
Oser entrer dans l’arrière-boutique
Cette scène est toujours impressionnante à lire. Le bon et tendre Ieshoua semble se transformer en monstre afin de faire comprendre aux marchands que le Temple n’est pas un repaire de brigands, mais bien une maison de prière.
Les sacrifices pratiqués au temple de Jérusalem seraient-ils contestés par Ieshoua? Je n’ose répondre oui directement, n’étant pas un spécialiste. Mais, visiblement, l’esprit du Christ ressuscité ne semble pas soutenir le commerce avec Dieu, du moins, directement dans une maison de prière.
Il lui préfère peut-être une relation. De celle qui prend le temps de donner son temps aux gens qui nous sont proches. De celle qui invente un monde nouveau avec un vin nouveau. De celle qui s’arrête pour soutenir celui ou celle qui est tombé et réfléchir, ensemble, à des manières de et d’être relevé.
Encore aujourd’hui, on voudrait bien commercer notre relation à Dieu. Si je fais cela, qu’est-ce que tu me donneras? Si je suis gentil, est-ce que tu m’apporteras des cadeaux? Je vais te remercier de m’avoir rendu riche et célèbre, contrairement à ceux qui ploient toujours dans leurs péchés… Parce que je le vaut bien!
Honnêtement, qui n’a jamais pensé comme cela? Il est plus simple de marchander avec Dieu que d’écouter sa parole et de la mettre en action dans son cœur. Il est plus simple de penser que, comme par magie, Dieu interviendra nécessairement dans tous les aspects de ma vie.
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Paradoxalement, Dieu peut intervenir dans notre vie. De cela, j’en suis convaincu. Mais, je ne crois pas que nous ayons à négocier longtemps avec lui pour qu’il entre. Notre oui est une porte ouverte par laquelle il passe et transforme notre cœur, petit à petit, sans rien forcer. Ce temple que nous devenons jour après jour, dans la liberté qu’il nous donne, permet des transformations dans notre vie, en nous et autour de nous.
Au départ, elles paraissent souvent spectaculaires. Puis, nous découvrons que chaque jour apporte son lot de nouveautés, de découvertes divines. Notre regard est nettoyé, inspiré. Ce qui semblait nuisible ou sans profondeur devient peut-être, avec les yeux de l’esprit de Ieshoua, une occasion de s’élever vers un Dieu père. Loin du marchand de miracles, nos cœurs se tournent vers l’amitié offerte par un Père qui ne veut que notre bien.
Nous pouvons accepter cette façon nouvelle de voir Dieu. Ou simplement s’arrêter un instant avec Dieu pour marchander, et repartir, le cœur aussi peu transformé qu’avant…
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Comment est-ce que, en tant que chrétien – disciple nouveau ou ancien –, mon corps devient temple d’un esprit qui apprend l’amitié de Dieu? Peut-être en marchandant moins notre relation avec lui, mais plutôt en réalisant qu’il nous donne vie par une relation établie jour après jour, dans le quotidien.
Parler de tout et de rien, ne pas avoir peur de lui confier nos peurs, nos fautes, nos rires, nos plaisirs, nos sentiments les plus divers. Chasser les marchands qui habitent notre cœur, c’est entrer dans l’arrière-boutique de Dieu, se présenter à lui, et devenir partenaire de sa création.
Mario Bard
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