Mon grain de sel, sur l’Évangile du dimanche 17 février 2019
Prendre la main de Dieu et marcher!
Plusieurs spécialistes de la Bible s’entendent aujourd’hui pour dire que la traduction des Béatitudes – du moins en français – ne dit pas du tout ce qu’aurait voulu entendre Ieshoua. En effet, quelle mouche aurait piqué celui qui guérit des lépreux, guérit la femme qui a un écoulement de sang, laisse ses disciples omettre de se laver les mains, au risque de créer de l’impureté, ou bien pire, guérit le jour du sabbat? Le maître se serait-il assagi et nous dirait :
« Attendez de mourir! Dans le fond, il n’y a rien à faire. »
« Ils sont sur le droit chemin du bonheur », « En marche » et d’autres nouvelles traductions donnent exactement l’heure de ce passage : il est temps de se lever et de marcher. Ne pas laisser les forces du mal agir sur nous, malgré la peur que nous en avons. Et malgré les corruptions et perversions qui habitent le monde, nous devons prendre résolument la route que Ieshoua construit en nous. C’est elle qui nous permet de devenir consoler, de devenir purs, de voir Dieu!
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Je crois que l’humanité vit de profondes mutations. La financiarisation de l’économie a permis la création de fortunes monstrueuses. Selon les chiffres d’Oxfam révélés lors du dernier Forum économique de Davos, 26 personnes possèdent autant que la moitié la plus pauvre de la planète, c’est-à-dire 3,8 milliards de personnes*. Ces chiffres sont contestés par certains économistes. Mais plusieurs savants du domaine de l’argent considèrent qu’ils révèlent tout de même une réalité qui n’a rien de virtuel. L’avarice, les fraudes et l’évasion fiscale constituent des forces malheureuses qui révèlent notre égoïsme et notre paresse.
Il y a aussi les tenants d’une théologie de la prospérité dont j’ai déjà parlé dans ces commentaires. Ils empêchent tout simplement la marche vers plus de justice en adorant un dieu qui a tout de l’idole dénoncée par tous les prophètes. Un dieu qui fonctionne au mérite et dont la vue se porte sur ceux et celles qui, ô comble du bonheur, savent soutirer l’argent et en profiter allègrement. Au risque de créer plus d’injustice ailleurs, ils sont prêts à tout faire pour augmenter le compte en banque et ainsi, se révéler les plus forts. « Si je suis riche, c’est que Dieu doit m’aimer ».
Les pauvres grand-mères et les personnes qui vivent de manière modeste savent à quel point cette vision de Dieu n’a rien à voir avec le Dieu à qui elles disent bonjour tous les jours. Ce Dieu, même dans la plus humble des maisons, habite le cœur de ceux et celles qui se mettent en marche tous les matins pour récolter, aimer, guérir, donner, rire, se reposer, prendre le temps, admirer, louanger, pleurer la perte d’un être cher. Elles n’ont pas besoin d’une tour à Manhattan ou bien d’une maison sur le bord de l’océan pour être heureuses. Elles ont simplement besoin de se nourrir spirituellement – de l’Évangile – pour les chrétiennes. Leur bonheur tient de la marche qu’elles entreprennent tous les matins afin de peupler le monde d’un peu plus de bonheur.
Malheureusement, les chercheurs d’idoles viennent et détruisent leur monde. Ils colonisent, arrachent les minerais de la terre, construisent des rues de bétons pour détruire la mauvaise herbe et laisser passer les camions du bonheur qui rapportent au pays le diamant, le coltan et l’or, idoles qui servent à créer d’autres idoles comme les téléphones portables que nous adorons dans la rue, le dos courbé et les yeux fermés.
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« Je ne sais rien, je ne peux rien, je n’y comprends rien, mais il y a le grand large, ça je le sais, il y a une chaleur d’amour pur, ça je le sais, et c’est pour cela que je suis venu au monde, et tout le reste peut crouler, griffer, se débattre – moi je suis tranquille, il y a cet enfant-roi en moi, ce moi-moi du tréfonds, cette chaleur qui aime et qui est si vaste, si vaste qu’elle voudrait tout embrasser. » Bernard Enginger, extrait de Lettres d’un insoumis (Robert Laffont, 1994).
Se mettre en marche et toujours chercher cet amour de Ieshoua qui nous permet de marcher et de chercher, ensemble, la justice, la vérité, l’amour et l’accueil d’abord. En toute confiance.
« Si tu me prends par la main mon fils, tout sera bien quand le soir descend » extrait de la chanson Mon enfant, Nana Mouskouri. Dans la peur? Prenez la main du Père de Ieshoua, laissez-vous habiter par l’Esprit Saint et vous serez relevés. Confiance.
Mario Bard
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