Mon grain de sel, sur l’Évangile du dimanche 3 mars 2019
Que déborde d’Abord de mon cœur la bonté
À la lecture de l’Évangile, n’est-ce pas ce que plusieurs membres de l’Église se sont dit quand ils ont constaté ce qu’il est maintenant convenu d’appeler « La crise des abus »? La haute hiérarchie de l’Église, si souvent accusatrice dans les histoires sexuelles, est le lieu propice et fécond pour une culture de sexe qui dépasse l’entendement. Une culture qui crée le secret, la décadence, la mort.
En effet, à force de se mettre en hauteur, de se croire plus intelligent parce que l’on comprend intellectuellement un concept et que le diplôme sur son mur en atteste, on oublie les qualités premières que tous chrétiens devrait rechercher : la miséricorde, la bonté, l’accueil de l’autre, la charité, le service désintéressé à l’autre et la recherche des plus petits plutôt que de la seule mondanité. Et combien d’autres!
Il est légitime de se poser la question : dans sa structure, est-ce que l’Église catholique tient encore la route? Le sommet étant si détaché de la base. La formation des prêtres, des religieux et des religieuses est-elle bien adaptée dans ce monde où l’horizontalité des décisions est devenue primordiale? Les gens qui font du yoga savent très bien que la tête n’est jamais très loin des pieds : le corps est souple. Qu’en est-il de l’Église? Un diplôme sur un mur n’est jamais que le départ d’une nouvelle aventure, d’un nouveau chemin à parcourir avec des outils qui, pour une époque, sont bien adaptés. Mais, quand les outils utilisés ne correspondent plus aux défis vécus par les gens, qu’arrive-t-il?
Chez Ieshoua, le Christ originaire de Nazareth et de Bethléem, la souplesse est une loi et une façon d’être. L’amour de Dieu ne demande pas que la hiérarchie se dresse comme une statue, transformant des êtres de chair en être de pierre. Dans l’Esprit même de Ieshoua, rien ne permet à cette transformation d’être justifiée. Ieshoua le Christ nous a d’abord appris à ne pas écouter la parole dure des faiseurs de lois de toutes sortes, mais à d’abord répondre aux besoins d’amour des cœurs de chair. Besoin d’être aimé par différents moyens; guérir et visiter celui qui est malade; nourrir l’affamé; écouter qui a besoin de l’être; adressé des paroles d’encouragements au lieu de toujours faire peser une parole féroce qui tue la vie au cœur même de l’être humain.
La poutre dans l’œil de chacun, c’est une tige qui pousse en son cœur quand nous oublions de prier un Dieu d’amour. C’est une tige qui pousse et laisse l’autre avec les séquelles énormes de nos récriminations et de nos incongruités.
Si, en tant qu’Église, nous ne réussissons pas à passer dans un camp de bonté et d’écoute, nous n’arriverons jamais à la conversion du cœur que Ieshoua appelle si fortement de ses vœux. Eh oui, il est sûr que les structures formées par un groupe sont aussi essentielles que le groupe lui-même. Si elles deviennent pourries, alors, il faut savoir faire en sorte que la structure hiérarchique redevienne d’abord une structure au service de tous, et non seulement le lieu intime de quelques privilégiés comme nous avons toujours trop tendance à le faire avec toutes les structures de pouvoir. Et la poutre, alors, grandit, grandit, grandit, jusqu’à tuer le cœur de l’occupant.
Ieshoua, permet moi de ne pas tomber dans la poutre qui habite mon œil, mais que celle-ci soit déplacée, enlevée par la bonté et la compassion, la miséricorde et l’amour qui habiteront d’abord mon cœur et qui déborderont de mon âme pour que soit construit un monde libéré des idoles.
Mario Bard
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