Mon grain de sel, sur l’Évangile du dimanche 26 mai 2019
par Mario Bard
Depuis que je suis né, en 1970, beaucoup de turbulences ont secoué le monde. Par contre, il semble que nous traversions une période plus sombre que les autres. C’est, du moins, ce que je ressens.
Les autoritarismes recommencent à avoir la côte. Il semble que ma génération et celles qui suivent se lassent de la démocratie et de la participation citoyenne nécessaire à son accomplissement véritable. Les gens qui proposent des solutions communes et réalisées en tenant compte de tous, y compris les plus vulnérables, sont souvent vus comme des personnes qui empêchent l’être humain d’évoluer et d’accomplir son plein potentiel. Les gourous sont aussi devenus de nouveaux demi-dieux, l’un vendant les bénéfices de son nouveau programme informatique pour l’humanité, l’autre faisant l’apologie des dictateurs qui tiennent leurs peuples en laisse. Chacun sachant que l’illusion de leur demi-divinité ne demeurera pas vraiment. La paix qu’ils proclament est tissée à même un système économique qui divise et rend de plus en plus vulnérables ceux et celles qui n’ont plus rien.
Au cœur de cette nuit sociale que nous vivons, j’ai plusieurs choix. D’abord, m’intégrer parfaitement dans le moule dont les forts d’aujourd’hui – ou bien plutôt, ceux et celles qui sont vus comme tels – font la promotion. Ce qui implique souvent des perdants quelque part et beaucoup de dégâts socioéconomiques et environnementaux, autres parts. On peut aussi se laisser à notre dépression saisonnière, et décider qu’elle durera beaucoup plus longtemps que prévu. Toute l’année? Pourquoi pas. Je n’aurai qu’à attendre la mort et à prendre tout ce que la médecine post-moderne me propose. Jusqu’à l’abandon total de ma personne au système médical.
Puis, il y a une attitude intérieure qui refuse de se laisser prendre au piège d’un monde et de ses turbulences. Certes, rien n’est plus difficile que de résister. Mais, on peut décider de la forme qu’elle aura en nous. D’abord, comment s’établira en nous cette paix dont parle Ieshoua? Les chrétiens pourront lui donner les couleurs de la beauté et de la bonté. Ils pourront aussi lui donner les couleurs de la colère des prophètes qui dénoncent sans arrêt les injustices, les manques d’humanité et les travers de nos systèmes économiques, politiques et mêmes religieux, érigés en nouveaux dieux. Le cœur du prophète chrétien se nourrit de la paix que promet Ieshoua. Laquelle est teintée du don de la croix. Rien de moins. Un don total qui n’a pas peur de l’amour.
De ce don naît un sentiment profond de paix et de joie que rien ni personne ne peut vous enlever.
C’est le départ qui est plus difficile. Très souvent, comme le service est une valeur qui est peu promeut, peu enseignée dans un monde de performance et qui est aussi vue comme le fait des faibles, nous avons de la difficulté à démarrer notre moteur à service. Mais, quand nous l’associons à notre prière quotidienne ancrée d’abord dans la Parole de l’Évangile, il y a de bonnes chances pour que notre parole et notre action comme prophète au service du monde prennent des racines profondes.
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Les mauvaises nouvelles que je ressasse pour mon travail chaque jour me donnent parfois le goût de tout abandonner. Mais, la Parole d’aujourd’hui me donne beaucoup d’espoir. Le prophète à la suite de la Trinité sainte aimerait bien, lui aussi atteindre cette partie en lui où la paix ne part jamais.
Se mettre au service est un secret de ceux et celles qui, en leur cœur, accueillent le service comme un chemin de vie. Le suivrez-vous? La paix intérieure, et par extension, la paix du monde en dépend.
Mario Bard
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