Mon grain de sel

Grain de SelMon grain de sel, sur l’Évangile du dimanche 14 juillet 2019

par Mario Bard

Le bon samaritain : qui est mon prochain?

Les signes des temps nous appellent à renouveler le monde, à le rendre meilleur, moins consumériste, plus près de la simplicité volontaire. En effet, les grands glaciers des montagnes d’Europe et d’ailleurs fondent à vue d’œil. Depuis des siècles, ce sont eux qui créent, par une régularité de température, certains des plus grands cours d’eaux, qui abreuvent depuis des siècles le vieux continent. En Inde, ils permettent au Gange d’être source d’inspiration première pour les hindous.

Les niveaux des mers sont déjà plus élevés. Au point où, l’an dernier, un évêque de l’une de ces régions paradisiaques du Pacifique avertissait ses confrères : vous ne croyez pas que les changements climatiques sont réels? Mes frères, j’ai des faits probants; des familles doivent quitter leur maison et ne peuvent se reloger ailleurs, ou bien elles font en tant que réfugiées climatiques. La maison ancestrale, la terre qu’ils se partageaient de génération en génération est envahie par l’eau de mer.

Des familles sont exposées aux effets d’actions qui ont été prises il y a des décennies, alors que l’industrialisation était vue comme une évolution normale et même nécessaire du développement humain. Jusqu’à ce que les écologistes, les pêcheurs, les chasseurs et les autres personnes vivants directement avec la nature, commencent à se rendre compte des changements qui survenaient; disparition d’espèces; signes du ciel changeants à tout moment; augmentation de l’intensité des phénomènes naturels.

Dans ces histoires de changements climatiques, qui sont mes prochains? Qui est le prochain? Le mode de vie occidentale lancée à son maximum fait mal aux plus vulnérables. Parce que, à bien des égards, il incite à l’individualisme et au consumérisme à outrance. Nous adorons notre propre espèce comme divine et unique. Elle l’est… jusqu’à un certain point. Et, comme l’ont compris de nombreuses sagesses orientales qui, dans leurs propres pays d’origine, peinent aussi à faire entendre la voix face à une industrialisation galopante, elles rappellent que toutes vies sont sacrées.

En plus de l’industrialisation, s’est installé l’impression –, et ce même chez nombre de bonnes familles chrétiennes! – que plus l’on possède, plus l’on est béni de Dieu. Rien de plus faux. J’ai rencontré des saints qui n’avaient qu’un toit, une chaise, un lit, et le strict nécessaire pour vivre. J’ai rencontré des riches qui se croyaient bénis des dieux, mais qui n’avaient cure de Dieu et de son Évangile. Pourtant, en certains événements, elles faisaient appel aux grands prêtres de l’Église, dans un élan aux accents païen respectant les traditions des ancêtres.

Bref, le nouveau dieu est un compte en banque qui augmente, l’argent qui me permet de faire ce que je veux, quand je le veux, où je le veux. Le nouveau dieu est le plaisir que je donne à mon corps, et l’on verra pour le reste – et les autres – après. Le nouveau dieu de nos belles sociétés riches et développées est loin de soutenir le prochain. Elles ne font que le tolérer. Et quand ce prochain vient d’une autre terre, alors les propos injurieux, la haine et le mépris deviennent de nouvelles valeurs qu’il est bon de mettre de l’avant. Chrétien ou non, il faut bien protéger nos sociétés de ceux et celles qui n’ont rien, non? Nous avons travaillé si fort pour atteindre ces sommets de vie!

N’est-il pas dégoûtant de me lire aujourd’hui, alors que je nous décris comme société riche et peu encline à l’autre qui ne m’apportera pas la prospérité, ou du moins, ce que je crois être prospère au moment « économique » de mon choix?

***

Le prochain? Celui ou celle qui permettent d’augmenter mon profit. Le prochain? Celui ou celle qui me permettront mon quinze minutes de gloire. Le prochain? Je ne le connais pas encore, car le jour se lève, et s’entraider n’est pas un choix, mais une valeur fondamentale et essentielle pour les humains, disciples du Christ Ieshoua que nous avons choisis d’êtres. Trahir cette valeur, c’est trahir l’entièreté de l’Évangile. Oui, la parabole du bon Samaritain demeure une page fondamentale et incontournable de toutes personnes qui désirent suivre Jésus. Le prochain? Tout être humain qui souffre et que, avec mes capacités, je dois aider. Peu importe sa langue, sa couleur, son sexe, son « » transsexe » », sa provenance, son manque de foi ou non, sa religion d’origine ou du moment, etc.

Si le prochain reconnaît en moi le reflet de Celui que je veux suivre tous les jours, j’aurai certainement accompli quelque chose, ne serait-ce que petit geste. Sinon, posons-nous des questions en tant que chrétiens autoproclamés.

Mario Bard

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