Mon grain de sel, sur l’Évangile du dimanche 7 décembre 2014
par Mario Bard.
Un Esprit surprenant
Dans cette société où nous parlons beaucoup de spiritualité et ne voulons plus nécessairement faire partie de traditions religieuses, nous pouvons nous rendre compte des voies toujours impressionnantes que l’Esprit Saint prend quand il parle au monde, et qu’il y agit.
Le nouveau défi se situe certainement, du moins pour les Églises chrétiennes, dans la reconnaissance pleine et entière que l’Esprit Saint – Esprit de Ieshoua – inspire en dehors même des cercles habituels qui ont été développés depuis 2000 ans. Peut-être parce qu’il faut casser des habitudes qui sclérosent et rendent l’annonce de l’Évangile, la Bonne Nouvelle, impossible?
Jean Bellefeuille, un ancien jésuite toujours très impliqué en justice sociale, donnait dernièrement une conférence au Centre Justice et Foi, endroit qui célèbre ses 70 ans d’existence. Sa conférence parlait de justice, mais également de foi(s). Oui, foi avec un « S. » Non seulement la foi dont il parle n’est pas unique aux chrétiens, mais elle est celle qui est mise dans la pratique de la charité et de la recherche d’un monde meilleur.
Il mentionnait quantités de jeunes qui ont été très impliqués dans le mouvement « Occupy Wall Street ». Né en 2011, ce ras-le-bol est inspiré par les pratiques financières injustes et peu éthiques, qui font que (selon ses partisans), 99 % de la population du monde survit, alors que l’autre 1 % possède toutes les richesses et les gère de manière à s’enrichir encore davantage.
Selon lui, ces jeunes avaient la foi, ou des foi(s). Non pas celle qui est apprise à partir des récits de la Bible ou qui est issue d’une pratique religieuse. Mais celle d’une source qui coule en eux, et qui est nourrit uniquement par la recherche d’une justice plus grande dans le monde et d’une répartition de la richesse qui permette à tous d’atteindre son plein potentiel sans avoir à seulement survivre ou à quémander sans fin sa pitance.
N’est-ce pas un nouveau baptême? Une nouvelle immersion qui permet d’entrer encore davantage dans l’Esprit de ce que raconte l’Évangile? Après tout, ces récits rejoignent les foi(s) de ces jeunes et nous démontrent à quel point Ieshoua nous demande avant tout d’être concrètement auprès des gens et de les soutenir dans la marche des jours.
C’est d’ailleurs difficile. Rien n’est moins prestigieux que de nettoyer une personne malade ou de donner à manger à quelqu’un qui sent mauvais. Protester pour obtenir une société plus juste, ou défaire des idées reçues – lesquels sont en fin de compte dommageables pour tous – n’est pas toujours bien vu. La colère a mauvaise presse au pays des spiritualités désincarné. Et l’on confond si souvent la colère et la violence.
Il faut parfois crier dans le désert.
Préparer le chemin de Dieu sur la terre est certes exigeant, mais moins aérien qu’il n’y paraît. Il s’agit d’apprendre à reconnaître ce qui, en chacun et chacune, sommeille de bienveillance, de recherche d’absolu et de bonheur. La foi(s) prend alors différentes formes et permet de réaliser un monde meilleur, un Royaume de Dieu.
Apprendre, comme chrétiens, à reconnaître l’Esprit saint qui veille dans tous les humains.
Mario Bard
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