Mon grain de sel, sur l’Évangile du dimanche 29 septembre 2019
par Mario Bard
Se brancher d’abord sur Dieu
L’un des aspects les plus difficiles de la vie est le partage. Nous avons une fâcheuse tendance : tout garder pour nous seuls. Nous croyons et fantasmons : peut-être qu’à force de tout garder pour soi, la vie sera meilleure. Mais, au bout de la route, quand le corps s’incline devant la mort, rien de ce que nous avons accumulé et sauvé dans un coffre-fort ne demeure. Tout passe, tout est impermanence, même l’âme, disent certains bouddhistes.
À leur différence, les chrétiens croient que l’âme, notre âme, continue après cette vie. Nous entrons dans le temps de la vie éternelle. Mais dans cet ailleurs, rien pourtant ne semble contrôlable… Le riche croit qu’il peut encore commander des choses au père Abraham, qui représente ici la figure de Dieu. Erreur : le riche flotte, possédé par l’état de délabrement de sa propre âme. Et, le fossé mentionné n’est rien d’autre que celui creusé par l’avarice et le manque de partage de l’homme riche.
Entrer dans la dynamique du partage que Dieu aimerait nous voir développer n’est pas facile. Dans la grande illusion de nos vies, nous pensons bien naïvement que tous les secrets, les mensonges, les cachotteries restent ainsi. Pourtant… n’est-il pas indiqué quelque part dans l’Évangile que tout sera révélé un jour par la lumière? En espérant que ce soit la lumière éclatante de l’amour de Dieu pour nous. Ce jour-là, quand nous aurons décidé de lui admettre nos fautes, nos nuits, nos inconséquences, ce jour-là, nous serons accueillis par Dieu comme Lazare. Au contraire du riche qui ferme sa porte aux pauvres, car il le trouve répugnant, peu important et très encombrant, Dieu ouvre sa porte à celui qui mendie son amour, mendie sa miséricorde, mendie sa vie.
Mon souffle, synchronisé à celui du Dieu de l’Évangile, peut marcher désencombré, heureux et solide, n’ayant plus peur des gros riches qui peuplent l’univers et pensent qu’en tuant les corps, il tue l’âme. Quelle bande de personnes naïves! Le monde financier d’aujourd’hui est, lui aussi, rempli de ces gens avaricieux pour qui cachotteries, mensonges, avarice et avidité sont des qualités à développer. Mais, que reste-t-il de leur âme d’enfant? Cette âme qui est la seule qui puisse se brancher – comme un cordon ombilical, une clé USB où je ne sais trop quel autre câble – à la bonté de Dieu.
Les chrétiens ne sont pas d’abord appelés à sauver leur âme comme le prétendent souvent des cardinaux riches et peu compatissants. Les chrétiens sont d’abord appelés à se brancher directement au Dieu — à la fois père et mère —, proclamé par Ieshoua. Sa présence en nous n’est nullement apportée par nos richesses, notre pouvoir sur terre ou bien nos allégeances aux puissants ou bien aux dernières idéologies à la mode. Notre branchement au Dieu de l’Évangile est construit sur l’amour qu’il nous donne, au jour le jour. Ce branchement nous donne de continuer à dénoncer les injustices, les rancœurs et le manque de vision de trop de chefs politiques et financiers qui, aujourd’hui encore, refusent de construire un monde de bonté. Et, construits et redressés par ce Dieu, nous pourrons marcher sans peur. Tant pis pour ceux et celles qui nous pilent sur le corps. Nous savons que nos âmes légères comme celles d’enfants branchés sur leurs ordinateurs s’élèvent pour soutenir les âmes d’en bas qui travaillent à la venue du Règne de Dieu. Et que l’amour triomphe. Toujours.
Mario Bard
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