Mon grain de sel, sur l’Évangile du dimanche 15 décembre 2019
par Mario Bard.
Lutter pacifiquement
Tout comme plusieurs d’entre nous, Jean le baptiste attendait qu’enfin le Messie vienne avec grande gloire et grand fracas, grands espoirs de justice et le retour d’une certaine probité de la part des élites bourgeoises, économiques et religieuses. Pourtant, le Fils de l’Homme Jésus de Nazareth n’offre rien d’autre que sa mort…
Pas tout à fait vrai me direz-vous. En effet, personne n’est dupe : le Messie à beau guérir, réconforter, consoler, donner le don du pardon et de la réconciliation à ceux et celles qui viennent à lui, le Seigneur Ieshoua n’agit pas avec une grande fureur, ne forme pas une nouvelle armée ou de nouveaux groupes armés. Il ne harangue pas les foules avec des mots de haine et ne les invite pas à prendre les armes.
La seule chose qu’il fait est de marcher avec confiance dans les bras de Dieu : un Dieu qu’il considère d’abord comme étant celui de la miséricorde : rien de moins. Au cœur de Dieu règne la bonté. Au cœur de Dieu, règne le temps d’aimer. Au cœur de Dieu règne un univers de joie et de paix. Rien de très spectaculaire. Oui, Jean le baptiste a certainement dû se sentir perdu en entendant parler de son cousin Jésus : celui-ci ne correspond pas du tout à ce Messie qui nettoie tout et transforme le monde en enfer de feu.
Pire : il meurt sur une croix! Par amour pour le monde. Sommes-nous capables de faire la même chose? Sommes-nous attentifs à ce mouvement intérieur qui nous permet de crier sur les toits : oui, Dieu. Je t’aime et reconnais que tu veux aimer d’abord. En fait, que l’Amour que tu es ne peut devenir un enfer de feu! Le seul feu que tu produis purifie, lave, pardonne, guéri.
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Nous vivons dans une Ère de grands bouleversements où sévissent de grandes injustices. Ainsi, le Washington Post annonçait tout dernièrement que, selon un auteur états-unien, les 400 familles les plus riches des États-Unis ont, en proportion, payé moins d’impôt l’an dernier que les familles ouvrières : 23 % contre un peu plus de 24 % pour ces dernières. Un non-sens quand on sait à quel point de nombreuses familles occidentales luttent de plus en plus pour conserver un style de vie décent qui ne soit pas seulement celui du mode survie.
De plus, paradoxe absolu, la tendance est à la divinisation de ces géants milliardaires. Comme si devenir les esclaves d’un système les favorisant peut tout de même permettre d’être – à l’occasion – d’être saupoudré de leurs cadeaux, de leur bonté, une fois par année, à Noël : ils nous offrent des rabais audacieux sur les produits qui les rendent riches. Ils donnent avec générosité aux banques alimentaires dans lesquelles de plus en plus de travailleurs doivent aller parce que les salaires et les soi-disant avantages sociaux qui y sont associés ne leur permettent plus de profiter de ces soi-disant avantages sociaux, puisque de plus en plus d’argents y est consacrés.
Bref : nous vivons dans une ère où la corruption, la camaraderie politique et financière permettent à de grandes multinationales de faire la pluie et le beau temps. Heureusement, il existe des alternatives et nous pouvons toujours choisir de lutter pacifiquement. Avec l’Esprit de celui qui peut tout.
Mario Bard
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