Mon grain de sel, sur l’Évangile du dimanche 19 janvier 2020
par Mario Bard.
D’abord, une histoire d’amour
Sans l’ombre d’un doute, l’un des passages des Évangiles synoptiques les plus inspirants, malgré tout ce qu’il semble comporter de mystère et d’élections divines, deux mots qui font peur au monde contemporain et post-industriel, et qui seraient, si l’on écoutait les tenants de ce monde où tout est pornographique – montrer tout, tout, tout et à tout prix! –, bannis des dictionnaires.
Peut-être aussi parce que ce mystère que représente le Fils de Dieu et le baptême lors duquel il est choisi par le Père de manière publique et officielle ont pu être réutilisés dans l’Histoire comme autant de façons de s’approprier le pouvoir et de rendre compte d’une manière d’aimer qui n’est pas celle de Ieshoua (trop souvent en son nom pourtant!), mais plutôt de celle des tyrans. Aimer est ici utilisé au plus que personnel égocentrique du subjonctif de « l’hypernarcissisme » hérodien, caligulien, néronien, et Dieu sait que je pourrais inventer des mots de style simplement en mentionnant les différents dictateurs que la planète a connus et connaîtra toujours, fût-il des chefs religieux, nationalistes, financiers, ou politiques.
Entrer dans le mystère du Fils de Dieu, c’est d’abord laisser les Paroles du « Verbe qui s’est fait chair » entrer en nous par la grande porte de la méditation. Entrer dans un monde qui ose aimer plutôt que de laisser l’ego et ses voix plus ou moins justes mener le bal. Certes, l’équilibre à tenir pour garder toute sa tête et laisser entrer en soi le mystère de la Croix relève de l’Art du fil de fer. N’empêche; en ce monde où le mot liberté est plus que jamais valorisé, la joie de pratiquer une forme de communication avec la Trinité sainte nous permet de vraiment vivre profondément notre « élection » en tant que Fils et Filles de Dieu.
L’élection, je le rappelle ici, n’a rien de « Trumpien ». C’est un choix intérieur libre, donné, et qui implique la croix. Le mystère d’élection divine ne donne pas d’abord les bottes Gucci. Il implique que le don de soi et le sens du sacrifice seront toujours présents en soi. Le sens du devoir devrais-je dire. Le devoir chrétien n’est pas d’abord une affaire de moralité. D’ailleurs, le christianisme ne devrait pas d’abord être moral, mais plutôt une conversation amoureuse entre la Trinité bienheureuse et le cœur au cœur de soi. Un chemin de joie!
***
Plus je parle avec la Trinité bienheureuse, et plus je sens que je peux me laisser aimer par Elle. Cela implique une confiance peu commune, mais aussi, qu’il ne faut pas avoir peur. La peur est une souffrance qui arrête tout processus de joie, de don, de pardon, de marche vers le bien. La peur… Ieshoua, quand il monte vers Jérusalem, sait que sa vie est en danger. Comment, où, pourquoi : ce sont des choses que le Fils de Dieu ne savait peut-être pas. Mais, il sait que sa parole dérange les bien-pensants, les puissants, les personnes avides de pouvoir et paresseuses.
L’élection divine, le choix de Dieu sur soi et le mystère d’amour qui s’ensuit sont, dans l’Esprit de l’Évangile, unique. Savoir capter ce moment où Dieu nous choisit, pour un chrétien, c’est d’abord se savoir aimer et faire en sorte que cet amour soit et devienne une réalité en soi et autour de soi.
Mario Bard
Laisser un commentaire