Mon grain de sel, sur l’Évangile du dimanche 5 avril 2020
par Mario Bard.
Communier, ouvert au don de l’amour
Dans ce très long récit de la passion, qu’il faut lire et relire à tête reposée tellement il comporte d’éléments théologiques et symboliques qui ne sont pas simplement de l’ordre du récit journalistique, le point qui retient mon attention aujourd’hui est le verset suivant :
«Je vous le dis :
désormais je ne boirai plus de ce fruit de la vigne,
jusqu’au jour où je le boirai, nouveau, avec vous
dans le royaume de mon Père.»
Cette image de fête — le fruit de la vigne étant ici le vin — attire d’abord mon attention. J’aime un bon vin rouge, et j’ai une prédilection pour certains vins québécois qui atteignent de plus en plus un goût qui invite à la fête. Mais, j’aime aussi beaucoup les vins rouges de Bourgogne. Ceux et celles qui sont allés à Taizé, communauté qui se trouve en plein cœur de cette très belle région de hautes-collines, de forêt et de vignobles, savent que la terre y est argileuse, riche, nourricière. Le fruit de la vigne y est récolté avec une grande passion. Chaque saison apporte une vendange qui prépare la fête dans nos maisons, bien retranché pour l’hiver.
Ieshoua doit partir et son règne continue. C’est ce que je comprends quand je lis qu’il boira de nouveau avec ses disciples et ses apôtres, mais cette fois dans le royaume de son Père. Pourtant, cela n’enlève pas le scandale de la mort. Nous devons passer d’un état à un autre afin de recevoir en plénitude la joie de Dieu. Quelques indices de ce passage de la mort à un autre état de vie nous sont donnés par Ieshoua lui-même. Ainsi, Ieshoua sur la croix et pendant ce dernier repas, pardonne, aime, lave les pieds. Sur la croix, du moins dans le récit de Luc, pardonne au bon larron ! Un geste scandaleux pour tous ceux et celles qui se prétendent proches de Dieu, car ils se confessent et vont à la messe régulièrement. Non que ce sacrement et le rituel de la messe ne soient pas importants, bien au contraire. Mais, la disposition du cœur à recevoir l’invitation de Dieu à se laisser aimer, à être pardonner pour ensuite marcher avec tous pour l’amour gratuit, difficile et parfois jusqu’à vivre le martyre, par choix de l’amour et de la non-violence active. Notre cœur est-il prêt à marcher jusque-là ?
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François d’Assise craignait comme la peste — on dirait ces jours-ci « comme la COVID-19 » — la mort en état de péché mortel. Qu’est-ce que le péché mortel ? C’est celui qui tue notre âme, notre désir d’aimer, notre désir de donner et d’être présent totalement à l’autre et à la gratuité de cet amour.
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Le bon larron participe déjà à la fête de la nouvelle vie, sur la croix. Il boit déjà à la coupe de la plénitude. Pourquoi ? Parce qu’il accueille l’amour de ce Dieu d’amour incarné par Ieshoua.
Et nous, désirons-nous avec un total abandon accueillir l’amour de ce Dieu de
l’Évangile ? Désirons-nous boire à la même joie ? Cette joie peut certainement être parsemée de souffrances. Mais, parce qu’elle est un don complet, cette souffrance qui nous fait passer par tous les chemins devient soudain moins forte. Et, comme Ieshoua nous crions: « Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné? Mais, en communion avec lui, nous ressuscitons avec lui tous les jours… jusqu’à notre première Pâques !
Mario Bard
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