Mon grain de sel, sur l’Évangile du dimanche 19 avril 2015
par Mario Bard.
Dieu : puissant dans nos océans intérieurs
Y a-t-il un Dieu de l’enfance et un Dieu de l’adolescence? Puis encore, un Dieu de l’âge adulte? La question peut sembler bizarre. Pourtant, quand je regarde la vision que je porte sur Dieu, elle change au fur et à mesure que je grandis et que je vieillis. Pourtant, il y a des jours où j’aimerais mieux que Dieu soit une chose malléable, un prêt-à-consommé et un prêt-à-jeté. Un sur mesure qui répond à mes moindres caprices.
Par exemple? Cette puissance divine dont il est question. Faire apparaitre et disparaitre ce que me plait et ce qui me déplait. Éliminer l’ennemi d’un coup de baguette magique et faire fleurir des palmiers en plein cœur de l’Arctique. Pourquoi Dieu tout puissant refuse-t-il de le faire?
Comme lorsqu’en ce mois d’aout 1982, j’ai prié toute une nuit pour que Dieu renverse le cours du jour et me permette de retourner au primaire. Rien n’y fit. Je dus affronter les couloirs de mon école secondaire, gêner et peu enclin à rencontrer toutes ces personnes autour de moi qui, plus tard, m’ont pourtant tant donné alors que je traversais l’océan agité de l’adolescence.
La puissance divine de Dieu ne se manifeste pas tant dans la magie que dans ces moments où nous prenons le temps de marcher à l’intérieur de soi. Dans ces moments où nous acceptons de le laisser envahir nos grandes plaines intérieures. Et d’y jeter des grains de miséricorde, de pardon et de joie. La puissance divine du ressuscité est alors plus forte que la mort.
Chaque fois que des hommes et des femmes acceptent, par leurs gestes quotidiens, de transformer la terre parce que l’esprit du ressuscité les inspire, la mort recule. Bien sûr, entrer dans son Esprit n’est pas toujours simple. Affronter pacifiquement les propriétaires terriens au Brésil, voleurs de terre, ou encore affronter pacifiquement une justice partisane dans les pays communistes, cela demande une force de caractère absolument incroyable. Qui sera perçue par plusieurs comme étant une faiblesse de caractère.
Rien n’est plus faux.
Garder son sang-froid et son sens du pacifisme dans une manifestation qui tourne au vinaigre, c’est aussi faire preuve d’un sens de la résurrection. Se mettre en colère contre les injustices et le crier, sans vouloir tuer et éliminer la personne devant soi, c’est aussi posséder un sens de la résurrection peu commun.
C’est être envahi de la puissance divine.
Au fond, peut-être nous faut-il apprendre que cette puissance divine n’a d’abord rien à voir avec la recherche de la magie de Dieu. Elle est avant tout d’apprendre à mettre ses pieds, un jour à la fois, dans les pas d’un Dieu pour qui la première puissance est celle de la miséricorde. Et cette vision, peu à peu, traverse l’âge adulte. Même si elle n’est pas toujours évidente à accomplir. Elle réserve des trésors de paix, de consolation, d’accueil, de joie profonde. Des preuves? Nelson Mandela, Marguerite Barankitse, Jean Vanier, François d’Assise, Rosalie Cadron-Jetté, Dom Helder Camara…
Et nous? ☺
Mario Bard
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