Mon grain de sel, sur l’Évangile du dimanche 26 avril 2015
par Mario Bard.
Devenir Bon pasteur
Je me souviens qu’enfant, cette image du Bon pasteur me rendait heureux. Elle me rassurait et me réconfortait. Je savais qu’il y avait quelqu’un qui me protégeait : quelqu’un veille sur moi!
J’ai grandi, et j’ai perdu graduellement la naïveté de cette image. Je l’ai même détestée, car elle représentait l’abêtissement qui guette tous ceux et celles qui s’enferment dans la douce, mais dangereuse illusion, que notre seigneur Ieshoua fera tout à notre place. Au point où nous finissons par pécher par omission, c’est-à-dire par manque d’action envers ceux et celles qui sont présents autour de nous.
Par exemple, les « pauvres » seront sauvés. Oui, mais quand? Et comment? Si les inégalités représentent le poids qu’ils portent tous les jours à cause d’un système social établi en déité, comment espérer s’en sortir? De vieux dictons disent que nous sommes les mains et les pieds de Dieu. Les religieuses, religieux, prêtres ouvriers et autres missionnaires du terrain m’ont aussi enseigné qu’il n’y a pas de magie en Dieu. Qu’une transmission de son amour, celui que nous recevons pleinement en nous-mêmes.
Aujourd’hui, cette image du bon pasteur redevient un souffle heureux dans mon cœur. Parce que j’ai la foi qu’au-delà des barrières que je crée ou bien à l’intérieur de mes chutes vertigineuses vers les mondes de l’illusion du bonheur facile, se trouve un lieu où Ieshoua de Nazareth, devenu le Christ par son amour donné librement et pleinement, vient me retrouver.
Ce n’est pas magique. C’est volontaire. Cette décision de toujours retourner vers Lui et sa miséricorde. J’ai certainement la tête dure. Ça tombe bien : Lui aussi.
C’est Ieshoua, cherchant toujours à retrouver la brebis perdue.
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Dans ce billet, j’ai régulièrement écrit à propos des télé-évangélistes qui peuplent mon écran de télévision. Ils sont très volubiles, aiment chanter les louanges de Dieu, répéter son nom sans arrêt et par-dessus tout, ils adorent me vendre des DVD et des livres remplies des promesses de bonheur qu’ils ont expérimenté, ou bien qu’ils voudraient voir expérimenter par la société post-moderne.
Leur parole est souvent forte, tremblante de rage ou encore, susurrer comme pour mieux attraper mon oreille au passage. Et me suggérer une méthode miracle pour être sauvé. Ou encore, pour que j’échappe au jugement qui, dans tous les cas, sera abominablement difficile, en face de ce Dieu imprévisible qui me jettera dans le feu de sa colère…
Si une minorité d’entre eux ne partagent pas cette vision crucifère, ils se sentent tous imbus d’une mission. Me sauver. Comment? Par le miracle de leurs discours peut-être. Si longs, si lourds et si peu intelligents… Comment puis-je capter la voix du Bon pasteur dans ces cris d’enragés? Comment l’espoir peut-il naitre?
Après tout, parlent-ils au nom d’un Dieu de violence et de peur, ou bien sont-ils en train de proposer le Dieu tout impuissant qui se dresse sur la croix et dit au saint bon larron dans l’Évangile de Luc – avec sa voix craquée par la douleur et la fin abrupte de sa vie – : « Aujourd’hui, je te le dis, tu seras avec moi au paradis. »?
Car la différence entre les pasteurs qui veulent conquérir cette terre et le pasteur de l’Évangile, c’est la miséricorde. Le Dieu proposé par Ieshoua de Nazareth propose un Dieu qui pardonne « 77 x 7 fois », c’est-à-dire, à l’infini et parfaitement.
Les conséquences de nos actes malheureux et briseurs d’amour ne sont pas envoyées par Dieu père. Mais sont, bien sûr et logiquement, des conséquences. Des effets de la physique de nos actes qui, ici, portent le malheur.
J’ose croire que le Dieu miséricorde se glisse simplement, mais surement, dans les craquelures de ces gestes, si nous acceptons qu’il s’y loge. Et il guérit. Doucement ou bien de manière fulgurante.
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Pour convaincre, la voix des pasteurs tonitruants et moralisants est parfois certainement très utile, comme celle de Jean-Baptiste dans le désert. Mais, si elle n’évolue pas vers un amour de miséricorde, à quoi bon?
À l’aube de cet été 2015, une invitation : devenir pour ceux et celles qui nous entourent, des Bons pasteurs.
Mario Bard
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