Mon grain de sel, sur l’Évangile du dimanche 14 décembre 2014
par Mario Bard.
Témoin de quoi?
L’autre jour sur le coin de la rue, un homme proclamait qu’il était témoin de Dieu. Pourtant, après quelques minutes d’écoute, j’ai dû me rendre à l’évidence; nous ne prions pas le même Dieu.
Certes, lui se présentait comme un chrétien. C’est le seul point commun que nous aurions pu partager. Son Dieu est celui qui hait : les homos, les musulmans, les femmes impures, les voleurs, les politiciens trop politiquement corrects, même les personnes handicapées doivent avoir un péché caché pour être ainsi « amanchée. » Rien ne trouvait grâce à ses yeux, sinon les hommes et les femmes qui osaient crier la haine de l’autre.
Il n’avait rien de flamboyant. Mais son discours détonnait dans une foule pressée et heureuse d’un peu de soleil dans cet automne qui prend des airs d’hiver tombé un peu trop tôt. Une voix qui, au lieu de redresser, rabroue et charrie un vent de tempête qu’elle n’est même pas capable de relever. Une voix désagréable, et plus j’y pense, franchement hostile à l’être humain dans son ensemble.
Un peu comme dans le film « Divergente » que j’ai pu voir il y a quelques jours. L’histoire est simple. Dans la ville de Chicago décimée par on ne sait quelle tragédie – on devine une guerre contre des forces humainement difficiles à combattre –, la société s’est réorganisée et semble avoir trouvé un certain équilibre. Cinq groupes distincts – des clans – assurent les tâches : les Audacieux, les Érudits, les Altruistes, les Sincères et les Fraternels. Les Altruistes sont ceux qui assurent le pouvoir dans cette société. Cependant, les Érudits aimeraient s’emparer des rênes et créer une société parfaite où l’être humain deviendrait parfait. Et tant pis pour ceux qui ne cadrent pas, ils sont éliminés. Après tout, l’être humain est un danger potentiel pour lui-même tellement important! Une personne sauvera la situation. Elle est considérée comme divergente, car ses tests de capacité cognitive décèlent une intelligence supérieure, capable d’outrepasser les frontières des clans. Un danger pour ceux qui voudraient un être humain parfait, sans humanité…
Cette fable réalisée à la sauce hollywoodienne redit bien à quel point la tentation est toujours forte quand nous voulons perfectionner l’être humain. Le faire moins humain, lui retrancher ce qui ne va pas, et tuer les éléments qui ne sont pas prévus dans le plan de Dieu. Un plan que nous pensons connaître.
Pourtant, la Bonne Nouvelle telle que la conçoit Ieshoua le Christ se veut remplie d’une miséricorde qui est encore un défi pour tous ceux qui se déclarent chrétiens aujourd’hui. Les disciples savent-ils annoncer une nouvelle qui régénère et vivifie? Ou bien sont-ils prêts à tuer pour éliminer l’impureté qui leur semble présente et qui rend la société laide et immorale?
Jean le baptiste lui-même était peut-être un peu comme mon monsieur du coin de la rue. La preuve? Plus tard dans les Évangiles, il fera demander à Ieshoua s’il est bien celui qui est attendu, le Messie. Ieshoua lui répondra – et je paraphrase : les aveugles voient, les boiteux marchent, les sourds entendent, les muets parlent.
Le feu éliminant les méchants ne sera jamais au rendez-vous. La croix du don libre et amoureux est ce qui attend les chrétiens. Du moins, pour ceux qui osent entrer de plain-pied dans la bienveillance du Christ présenté par les Évangiles.
Mario Bard
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