Mon grain de sel, sur l’Évangile du dimanche 5 juillet 2015
par Mario Bard.
Une liberté qui dérange
Nous connaissons mal ceux que nous côtoyons tous les jours. Avec le temps, ils changent, comme nous aussi d’ailleurs. Le danger est que nous voulions les « chloroformer », les mettre dans un bocal, et les garder dans notre musée du temps figé. Par sécurité ou par sentiment de possession. Dans les deux cas, on empêche la vie de se développer.
C’est peut-être ce que la famille de Ieshoua a voulu faire. Mais le Fils de l’Homme a besoin d’une très grande liberté pour veiller à ce que la Parole de Dieu soit mise en action et annoncée par tous les moyens. Pour qu’enfin, elle rayonne! Aujourd’hui, on associe beaucoup le mot liberté à la jouissance absolue de son temps et à la gestion plutôt égocentrique de son propre agenda, le seul qui ait de la valeur à nos yeux.
Pourtant, la liberté que prend Ieshoua est tout, sauf une jouissance absolue de son temps sans conséquences sur le lendemain. Il vit cette liberté comme un engagement à temps plein afin de vivre sa mission; celle de libérer les êtres humains des forces de la mort qui l’oppressent et le suppriment. Cela lui demande une grande liberté intérieure. J’ose penser que ses prières sur la montagne étaient une occasion de renouveler cet engagement, de se libérer des peurs et des tentations qui habitent un être humain quand la liberté prend une tournure aussi profonde et grave.
Beaucoup de foi aussi. On a beau être le Fils de l’Homme, je ne suis pas sûr que, sans cette conversation de tous les instants avec ce Dieu père, Ieshoua ait réussi à aller jusqu’au don du souffle de sa vie « par amour pour ses amis ».
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Pourquoi nos amis les plus proches sont-ils ceux qui subissent souvent nos pires lacunes? Mystère. Comme si nous étions si sûrs de leur amitié que nous osons être de mauvaises personnes avec elles… pour mieux les aimer par la suite.
Je l’avoue : l’amitié est difficile pour moi. Les blessures que j’ai subies dans le passé en regard de certaines amitiés sont toujours toutes près de la surface de mon cœur. La méfiance est une mégère qui a la vie dure. Comment la faire disparaitre? Reprendre confiance en ce Dieu créateur. Redonner toute sa place à la vie de prière, surtout celle vécue dans la solitude et dans le dialogue avec un Dieu père.
Après, j’ose espérer que la confiance en un Dieu créateur sera plus forte. Qu’elle me permettra de renforcir les amitiés existantes, et d’oser appeler amis tous les hommes et toutes les femmes de bonne volonté!
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Ce qui est frappant avec Ieshoua, c’est cette liberté d’oser chambouler les conventions sociales qui bloquent l’Esprit saint. Une audace qui n’est pas celle de vouloir être le héros d’un conte de chevalerie. Mais, le sentiment intérieur que Dieu le père, pour agir, a besoin d’une liberté intégrale, parfaite, sans attaches aux conventions. Mais attaché à la foi qu’en ont les gens. En toute liberté, la foi se propose et se présente de manière bien diverse. Pourtant, ceux et celles qui sont près de lui, religieux de surcroit, ne le reconnaisse pas. Sont-ils aveuglés par trop de connaissances et de manière de penser formatées? Peut-être.
En tout les cas, c’est une bonne leçon pour nous qui, par insécurité, sentiment de possession ou encore désir de domination, avons tendance à tout savoir et tout connaitre d’avance. Dieu ne se laisse connaitre qu’avec des cœurs vivants, donc, changeants. Des cœurs qui apprennent, au secret de la chambre, à parler en toute intimité avec un Dieu amoureux et qui nous désire debout et vivants. Loin des lois et traditions « chloroformées ».
Mario Bard
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