Mon grain de sel, sur l’Évangile du dimanche 6 septembre 2015
par Mario Bard.
Ouvrir une oreille de miséricorde
Sans entendre la Parole, je ne peux la parler et la mettre en action. Ou, en tout les cas, je la parle et la pratique avec difficulté. Qu’est-ce qui me rend sourd? Physiquement, la musique trop forte; les cris prolongés; la ville avec ces bruits de voitures.
Au sens figuré, il y a les certitudes qui défigurent les êtres humains, transformant la vie en théorie à suivre pour plaire aux plus forts. Un exemple? Des hommes et des femmes aspirent à la présidence américaine. Du côté des républicains, ils sont nombreux à proclamer haut et fort qu’ils ont la foi et qu’ils aiment Dieu. À l’infini, comme des perroquets, ils répètent leurs certitudes.
Ils désirent que le monde aime Dieu à leur manière. À force de proclamer haut et fort leur amour de ce Dieu puissant, dominateur et intransigeant, à force de proclamer qu’ils savent, les oreilles et la bouche de ceux et celles qui les écoutent s’enferment dans une image unique. Un moule qui empêche la liberté de danser et de parler avec le Dieu Père de l’Évangile. On devient sourd à la liberté.
Personnellement, il y a aussi ces moments où je crois détenir la vérité sur tel ou tel aspect de ma vie. Je m’en fais un manteau de sécurité. Pour mieux dominer, ou encore, pour mieux protéger un cœur qui oublie d’aimer. Je fais semblant d’entendre. Mais, mes oreilles se bouchent de plus en plus. Je fais semblant de parler haut et fort les convictions, alors que la vie continue à évoluer et à se transformer, demeurant complice et attentive de Dieu.
Rien n’est simple quand on ose dire que nous entendons et parlons la Parole de Dieu. Ou bien nous la défigurons par des actions qui ont oublié de se connecter à la prière. Ou bien nous n’entendons plus que notre propre esprit, qui s’embourbe dans les paroles déconnectées de la réalité, et surtout, de l’Évangile que nous prétendons présenter.
Il n’y a pas de chemin facile quand on aborde la Parole et sa proclamation. Que du temps pour la prière, du partage avec de vrais humains, une recherche ouverte aux différences, et une humilité qui sait qu’elle ne sait pas tout.
Il ne s’agit pas non plus de se complaire dans une façon d’être qui nie ce que nous sommes, notre beauté, notre humanité et notre capacité à devenir meilleur. Mais, pour le chrétien en devenir, il y a peut-être une voie de plus à considérer : celle de la bonté sans limites d’un Dieu compassion.
Sans celui-ci, nous boitillons, nous claudiquons, nous ne pouvons marcher complètement droit. Et puis, comment parler si mes oreilles sont bouchées à la miséricorde?
Mario Bard
JEAN LESAUCIER
Bonjour Mario,
je découvre aujourd’hui votre participation à « Mon grain de sel » et je sais déjà que je ne vous entendrai plus de la même manière sur les ondes de Radio-Vm.
J’aurai une oreille encore plus attentive , étant très touché par vos propos ( en particulier le texte: « Petit , et au service »)….je me reconnais beaucoup comme chrétien dans votre regard plein de compassion…..
La prière porte de très beaux fruits puisque Dieu…. par vous , nourrit notre coeur.!
Merci sincère et…union de prière , dans la Joie…
Je continue de vous suivre ,
Jean Lesaucier