Mon grain de sel, sur l’Évangile du dimanche 20 septembre 2015
par Mario Bard.
Servir : politique 101
La campagne au candidat présidentiable américain porte son lot de grossièreté. L’une d’entre elles s’appelle Donald Trump, magnat de l’immobilier qui, tout en continuant à construire des tours de verres dont les générations futures retiendront surtout la laideur, planifie la construction d’un mur entre le Mexique et les États-Unis s’il est élu président.
Parce qu’il ne veut pas des « violeurs » et « voleurs » qui aboutissent aux États-Unis…
Loin de s’en repentir ou de mettre ses mots sur le compte d’une fatigue passagère, il en rajoute dans ses discours. De plus, il est extrêmement troublant de constater que les sondages le montrent en très bonne posture afin de battre les plus modérés de ces colistiers.
Pourquoi ce discours populiste et sans attaches dans la réalité complexe de l’immigration trouve-t-il preneur aussi facilement? Dire que les gens sont nécessairement racistes est tout autant réducteur. Plusieurs réponses me semblent possibles; j’en tente une à partir de l’Évangile.
Ieshoua parle aujourd’hui de ce jeune garçon. Il le prend dans ses bras. Il révèle l’importance unique d’être comme lui – certains traduisent par le mot enfant – qui servait probablement les convives.
Servir dans l’Esprit du Christ de l’Évangile est tout, sauf facile et puissant, comme l’aimerait monsieur Trump. Et les humains que nous sommes n’y échappent pas. Qui plus est, les chrétiens sont souvent tombés sous le charme de la puissance; les croisades; l’Église triomphante du Québec de 1850 à 1960; les papes qui sont devenus pontifes au lieu d’être d’abord l’évêque de Rome, comme le désire François aujourd’hui.
Bref, la tentation de puissance qui mène à l’orgueil, la jalousie ou la possession de soi et des autres annihile tout l’amour que l’on prétend donner. L’amour de la patrie, l’amour de l’autre différent de soi, mais rempli de conditions, l’amour de celui, de celle qui a besoin mais que l’on sert dans un esprit de charité pieu, mais sans compassion…
L’impuissance de Dieu n’est pas un concept, une idée ou même une réalité qui s’admet facilement. Pourtant, tout dans l’attitude de Ieshoua nous mène vers ce chemin d’impuissance, paradoxe nécessaire à l’aboutissement de l’amour.
Ainsi, la croix vers laquelle il marche représente une impuissance totale. Les mains et les pieds cloués, que faire sinon crier vers Dieu qu’il nous a abandonné? Crié vers l’être aimé, parce que, au fond de ce désespoir de la mort, existe l’espoir de la vie.
Parce que l’espérance espère que ; tout cet amour donné, toutes ces guérisons données, tous ces pardons donnés; l’espérance espère que la vie puisse surgir de cet amour total et impuissant. Que le mur, qui est toujours dressé par les plus forts, tombe et qu’enfin, ceux et celles qui ont l’intelligence de diriger le fassent dans l’esprit de l’enfance dont parle quelquefois Ieshoua.
En cette période électorale, j’espère que les politiciens reviendront au sens du mot ministre qui, dans ses racines, reporte au service*. Devenir serviteur. C’est le sens de la politique 101. Du moins, pour un chrétien digne de ce nom.
Mario Bard
*Du latin minister dérivé de minus (« inférieur ») calqué sur magister (« maître »).
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