Mon grain de sel, sur l’Évangile du dimanche 1er novembre 2015
par Mario Bard.
Aimer son prochain comme soi-même : au travers des ténèbres
Dans la crise actuelle que traversent les réfugiés chrétiens syriens, irakiens, mais également ceux et celles de l’Érythrée, de la Somalie – et j’en passe – ce qui m’étonne, c’est le regard de compassion que portent certains d’entre eux sur les persécuteurs. Loin de tomber dans la haine, cette épreuve épouvantable, sans commune mesure avec nos déménagements acrimonieux du 1er juillet, renforce leur foi en un Dieu d’amour.
Ici, tout au contraire, l’une des réactions rencontrées par les bons chrétiens est souvent teintée de fermeture, d’une bonne dose de haine et surtout, d’une ignorance crasse de leur propre foi, laquelle appelle à un amour sans limites. « Aimez vos ennemis, faites du bien à ceux qui vous haïssent », déclare Ieshoua dans un autre épisode de l’Évangile.
Je le concède : la parole est extrême, peu invitante et finalement, ne semble pas construire une société solide. En effet, qui peut vouloir construire SA société avec celui ou celle qui a été l’objet de notre confrontation, de notre haine ou encore, de notre bataille idéologique? Franchement… Inconcevable. Surtout en ces temps où les appels au radicalisme sont présents dans toutes les franches de nos sociétés. Soyons catholiques et fermons la porte aux autres! Soyons bouddhistes et refusons les religions dites occidentales! Soyons musulmans et soyons parfaitement en paix juste entres -nous! Soyons hindous et éliminons ces religions coloniales de notre territoire…
Vous trouvez que j’exagère? Lire l’actualité, c’est observez les multiples fermetures qui s’opèrent au nom de la pureté d’une société, de sa force à conserver une certaine stabilité sociale, et je passe des arguments plus fallacieux.
Il y aura 30 ans l’année prochaine, Jean-Paul II avait réuni des chefs religieux du monde afin de prier, ensemble, pour la paix. Cette initiative, reprise par ses successeurs, demeure tout de même controversée. Après tout, chacun clame haut et fort posséder, avoir, sentir la vérité…
Le lieu, Assise, ville de naissance de Saint-François, n’est pas anodin. Il est une figure qui, encore aujourd’hui, représente l’universalité de l’amour vécu par un humain. Qui plus est, ses frasques de jeunesse et sa conversion lente, mais sûre en font un exemple pour tous ceux qui, frappés par la foudre de leurs propres conversions spirituelles, s’engagent à fond dans la transformation qui les interpelle.
François est un exemple d’amour qui se donne totalement, sans retour en arrière. Un homme riche qui renonce à ce qui fait mourir, l’adoration des richesses matérielles, au profit de l’adoration d’un Dieu dont la richesse est d’apprendre à aimer.
Un trésor exigeant. Jamais terminé puisque nous sommes des humains régulièrement tiraillés par nos propres obscurités, perdus dans nos désirs de cul-de-sac éternels. Apprendre à remplir ce vide intérieur avec l’amour de ce Dieu qui veut nous aimer comme son prochain, c’est finalement entrer dans l’exercice que font ces réfugiés dont je parlais : apprendre à aimer, malgré tout. Non parce que c’est facile, amusant ou prometteur de carrière future.
Mais, parce que c’est le maitre qui l’a dit. Par ses gestes, ses mots et sa passion-résurrection sur la croix. Une foi qui accepte de marcher dans les ténèbres finit toujours par rencontrer la lumière. Aimez son prochain comme soi-même, c’est aussi apprendre à aimer l’autre qui marche dans les ténèbres, persécutent et tuent.
Y croyons-nous assez au quotidien pour qu’au jour d’exception et de déroute, nous marchions sans renier notre foi au Christ Ieshoua, porteur de la Bonne Nouvelle?
Mario Bard
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