Mon grain de sel, sur l’Évangile du dimanche 8 novembre 2015
par Mario Bard.
Gratuité du don : pour vivre
L’essentiel se calcule au cœur que l’on y met. Le bien autour de nous ne peut survenir que si notre âme se donne totalement et gratuitement. Sans conditions, qu’ouvert à la bonté et à la joie d’aimer.
Ce qui m’a toujours frappé chez Ieshoua, c’est cette capacité de donner à tous, peu importe le rang, la richesse ou le savoir. Rien ne vaut le don de soi. Mais voilà. Aujourd’hui, même dans le don, il y a souvent une certaine perversion de ce qu’est ce geste essentiel. Perversion lorsque celui-ci est assorti de conditions, de « donnant-donnant », de jalousie…
Donner est un acte dont on parle beaucoup en cette période où l’austérité touche les plus faibles. Dans leur désir de donner plus de place au secteur privé, nos bons gouvernements ont saisi que les organismes de charité peuvent réaliser des tâches qui soutiennent la société. Elles peuvent donner.
Mais voilà : à force de se faire compétition, les « bonnes œuvres » sont obligées d’adopter les postures qui détruisent l’essence même du don : une certaine gratuité. Elles doivent imposer de nouveaux critères à leurs « clientèles », etc. Elles n’ont plus la chance de représenter – de présenter – le baume de la gratuité. Elles doivent se surpasser, à n’importe quel prix.
L’artiste moderne est lui aussi concerné. À force de devoir courtiser, on finit par s’oublier au détriment de l’essentielle source qui coule en soi. Créer, cet acte qui reflète une image de l’âme, ne devient alors qu’un prétexte à l’étalement de bons sentiments ou encore, un prétexte à la mégalomanie du créateur. Laquelle se combine souvent au compte en banque archigarnie du mécène.
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Qu’on me comprenne bien : je n’ai rien contre la philanthropie ou bien contre une certaine efficacité chez les œuvres de charité. Mais, il me semble bien que, aujourd’hui, l’équilibre soit rompu entre ce qui est de l’ordre de la création et de la gratuité, et des politiques publiques qui répondent aux besoins essentiels de la population. On crée ainsi une société où le don est subverti aux désirs du pouvoir, de logique marchande et d’un donnant-donnant qui est très loin de l’esprit de la veuve du temple qui, elle, donne tout.
Le don de soi est un silence. Une pause dans notre travail. Un arrêt de la machine productrice afin qu’elle souffle à nouveau, prenne un peu de repos, et donne à nouveau, remplie de nouveau souffle.
La veuve donne au complet. Rien de ce qu’elle a n’a de valeur aux yeux de sa société. Mais, elle le donne quand même. Consciente qu’il est un don plus grand que la piécette. Consciente qu’il y a ce Dieu derrière. Aujourd’hui, l’obole que nous faisons n’a pas à être associée au Dieu père de l’Évangile. Par contre, pour le chrétien, elle devrait se faire dans le même esprit de gratuité qui a mené Ieshoua sur les chemins de l’Évangile.
Cet Esprit qui allume en nous la lumière constante; veilleuse aux jours sombres, soleil étincelant aux jours de gloire. Mais, lumière allumée par le don gratuit de notre soi, par amour. De notre relation à Ieshoua. Lumière qui reflète le don de la veuve.
Mario Bard
Darowski Gilbert
À propos de l’Évangile du dimanche 8 novembre 2015
La charité civile « entendez par là les œuvres sociales » sont une bonne chose. La charité religieuse est aussi une bonne chose. Si des gouvernements se sont émancipés de l’Église, ce n’est pas pour autant qu’ils ont étouffé leurs bons sentiments, et d’un autre coté qu’ils en développent de moins bons. Mais concernant l’individu, le chrétien en particulier, confronté aux doctrines politiques de tous genres ; comment sereinement peut-il vivre l’Évangile ?
Il devient bien difficile de vivre l’enseignement de notre Seigneur dans un monde ou le spirituel passe au second plan, voir au dernier plan. Les enseignants en la matière se font rares, et bien souvent appartiennent à des chapelles différentes.
Cependant rappelons-nous les paroles du prophète Élie :
« Car ainsi parle le Seigneur, Dieu d’Israël : Jarre de farine point ne s’épuisera, vase d’huile point ne se videra, jusqu’au jour où le Seigneur donnera la pluie pour arroser la terre. » (voir contexte : 1 R 17,10-16)
La pauvre veuve de notre Évangile est sans doute bien plus riche spirituellement qu’elle n’est pauvre matériellement, quant aux scribes…
Pour conclure : ce magnifique verset de Jean.
« En effet, celui que Dieu a envoyé prononce les paroles de Dieu, car il donne l’Esprit sans mesure. » (Jean 3.34).
Gilbert.