Mon grain de sel, sur l’Évangile du dimanche 10 janvier 2016
par Mario Bard.
Être engendré pour la miséricorde
Le baptême : il change tout. Surtout quand on décide soi-même, comme adulte, de laisser l’appel intérieur parler en geste fort, et de laisser l’Esprit Saint envahir notre cœur. Devenir disciple de Ieshoua à l’intérieur de l’une de ses Églises – multiples essentiels pour la marche des différentes sensibilités – et apprendre ses différentes façons d’aimer : guérir, développer l’amitié, consoler, pardonner…
Ce dernier point est particulièrement sensible cette année dans l’Église catholique. Le pape François a lancé l’année jubilaire extraordinaire de la Miséricorde. Depuis le 8 décembre, les fidèles sont invités à apprécier l’amour extraordinaire de Dieu qui leur est offert. Ils peuvent aussi apprendre à se laisser pardonner et à pardonner eux-mêmes.
C’est là une clé qui est, d’ailleurs, des plus difficiles à accomplir. Le courage du pardon est tout sauf évident. L’orgueil humain joue un rôle incroyablement intransigeant dans la difficulté à trouver des voies de pardon mutuel.
Par exemple, combien de gens vont dire, à la suite d’une dispute, « j’attends qu’il ou bien qu’elle m’appelle. Il n’est pas question que j’amorce le pardon sans qu’elle ne reconnaisse son acte de brisures ». Cette attitude de recherche de la justice, tout à fait normale, devient un obstacle au pardon et à la continuité de la vie quand, avec le temps, les cœurs impliqués se durcissent, oubliant même pourquoi il y a eu une dispute. Mais, on sait qu’il y a eu dispute. Notre cœur s’en souvient, brisé par quelque chose, et notre mémoire sensible se perd en conjecture pour essayer de raisonner ce qui ne l’est plus…
Un peu comme le jeu du téléphone arabe, les paroles et les actes reprochés changent au profit d’un souvenir de plus en plus teinté d’irréalisme, au point de devenir une histoire grossière qui, de l’extérieur, n’a plus aucune logique. Les protagonistes savent qu’elle est vraie. Mais, les observateurs savent bien que tout est grossi, magnifié, gangrené par une volonté de non-pardon…
Le lien avec l’Évangile d’aujourd’hui? Le Fils est engendré non parce qu’il a eu de meilleures notes dans son cahier d’écolier, ou qu’il a reçu le prix du mérite 2016 de je ne sais quelle organisation. D’ailleurs, il s’en méfie… Mais ça, c’est une autre histoire.
Le Fils de Dieu, Fils de l’Homme, est engendré parce qu’il ose avancer avec sa conscience du moment, pleinement sur le chemin de l’amour. Que l’amour. Que le choix de la paix entière, au risque de sa vie… Un choix qui implique également d’être, de devenir engendré par l’esprit même de la miséricorde. Donc, un regard qui n’hésite pas à aller directement vers les pécheurs du moment : la femme dite adultère, Zachée le collecteur d’impôt, le fils du Père prodigue et le larron « voleur de paradis »*, acteur des derniers moments terrestres de ce Fils de l’Homme, Ieshoua, qui nous invite à le suivre sur un chemin d’engendrement à la miséricorde.
En tant que chrétien, si nous ne laissons pas la miséricorde nous engendrer, qui le sera? Pour l’avenir d’un monde qui a choisi la violence plutôt que la paix, nous sommes invités à marcher sur les pas de la miséricorde.
Mario Bard
*Paroles de Thérèse de Lisieux qui jalousait le « Bon larron » qui n’avait pas mérité son paradis. Il lui a été donné quand, sincèrement, il l’a demandé.
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