Mon grain de sel

Grain de SelMon grain de sel, sur l’Évangile du dimanche 27 mars 2016

par Mario Bard.

De la peur à la résurrection!

La noirceur du monde m’effraie. Des bombes à Ouagadougou, Bruxelles, Paris. Un milliardaire qui, pour gagner des votes aux États-Unis, se prostitue à la xénophobie et au racisme. Des médecins qui froncent à peine les sourcils devant leurs augmentations de salaire annoncées, alors que les bénéficiaires de l’aide sociale se voient menacer de perdre la moitié du maigre 630 $ par mois qu’ils reçoivent s’ils n’acceptent pas… n’importe quoi.

Je tente de rester de marbre devant autant de noirceurs, de reculs sociaux et de manque d’intelligence humaine. Je me tais ou je crie? Je colère ou je m’assis? « Stop ou encore! » comme le chante Plastique Bertrand dans son tube des années 80.

Jésus, malgré tous les mots et tous les actes de générosité qu’il a pu donner, a été posé sur la croix, cloué plutôt. Comme un vulgaire voleur, pervertisseur et criminel dangereux. Son cœur est transpercé, ses mains et ses pieds, si généreux de la joie de guérir et de pardonner, se retrouve prisonnier de la noirceur.

Des ténèbres. De l’obscurcissement de mon cœur. Quand il chavire et préfère s’asseoir plutôt que de marcher pour donner. Quand mon cœur se terre, et préfère le nid douillet de ses doutes multiples, aux doutes qui nous mettent en marche. Le chemin est long vers la résurrection d’un cœur qui a peur. Mais, dans le regard du Dieu de l’Évangile, jamais impossible. C’est mon espérance.

***

Ces dernières années m’ont mise en contact avec la mort : elle rôde ou bien elle frappe. Et, cela me révolte. Pourquoi ce passage? Pourquoi quelqu’un que l’on aime meurt-il dans la souffrance? Pourquoi faut-il la croix?

J’ai eu beau chercher dans mon cœur, dans certains livres et dans la prière, je ne trouve aucune raison qui justifie ce passage souffrant. Sinon… sinon que la peur d’aimer disparaît. Qu’elle ne soit plus une compagne au regard défiant, mais une conseillère de passage au moment où s’impose la prudence.

Aimer. C’est bien ce que Jésus de Nazareth, devenu Christ à Jérusalem sur la croix, et flamboyant de joie et de lumière sortant de la tombe, c’est bien ce qu’il a fait. Réalisé. Non au cœur d’une fortune flamboyante qui lui permettait de faire la charité. Mais bien au cœur de la vie quotidienne des gens qu’ils rencontraient, sur le chemin. La samaritaine, Zachée, Marie de Magdala, la femme adultère. L’aveugle qui recouvre la vue, etc.

Pas le temps d’aller à l’église ou bien de débattre de ce qui est juste et bon théologiquement. La dame ou le monsieur devant soi attend. Quoi?

Attends d’être aimé. Pardonner. Guéri. Soigner.

C’est dans notre vie quotidienne que le Christ nous attend. Savons-nous (inclut la personne qui parle!) assez ce trésor de la vie chrétienne? Ce trésor issu directement de la résurrection.

Dieu le père ressuscite son fils par amour. Rien de plus. Il nous est demandé, selon le lieu et l’heure de notre séjour sur la terre, d’aimer « Comme Lui ».

Le savons-nous assez?

***

L’espérance chrétienne? Que Dieu nous ressuscite, parce que nous aurons su aimer. Sans rien de plus. Pas de mérite. Pas de regrets inutiles et tortueux. À l’heure de notre mort, j’espère que ce passage sera à la vie. Et j’espère – aujourd’hui! – que ce fût le cas pour tous ceux que je pleure parfois. Espérer qu’ils soient biens là où ils sont… Déjà ressuscités!

La question de la souffrance demeure et de la noirceur récurrente de ce monde demeure. La vaincre par notre oui à un amour inconditionnel est un chemin essentiel vers la résurrection. Petit pas par petit pas, oui je crois, nous vivrons dans la lumière. Joyeuses Pâques!

Mario Bard

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