Mon grain de sel, sur l’Évangile du dimanche 3 avril 2016
par Mario Bard.
La confiance – et le mystère! – de « Croire sans voir… »
Livré à la paix de Dieu, Thomas pourra enfin agir. Mais, il lui aura fallu la vision de celui qu’il aimait : Ieshoua de Nazareth. La parole des autres disciples n’aura pas été suffisante. Il lui faut des preuves. Il lui faut une image, des signes, une apparition.
Pourquoi? Tout d’abord, on peut facilemement imaginer à quel point le traumatisme de la mort de Ieshoua est grand. Planté sur une croix, le maître aimé de tous – sauf les moralistes et les puissants, ce qui se résume souvent au même – a été laissé pour compte et déclaré persona non grata. Ses disciples sont encore sous le choc et ont peur de subir le même sort.
L’apparition du maître est un fait extraordinaire. Un fantôme? Non. Un autre être. Transformé, mais toujours le même. Plus qu’un esprit puisque Thomas peut mettre sa main dans le côté et voir les mains du crucifié. Oui, c’est un homme autrefois planté sur une croix qu’il a devant les yeux, et cet homme Ieshoua, est le maître adoré et aimé… ressuscité des morts!
Il aura fallu qu’il voie.
Et si Thomas avait pu croire sans voir? Croire sans voir… En français, j’aime cette combinaison. Elle est formée de mots avec une fin ouverte et formant un son ouvert : A. Si vous faites l’exercice, vous verrez la différence entre cette voyelle et une autre, le O, qui est plus sombre… Le A appelle à l’espérance alors que le O reste un peu plus dans l’ombre. En chant, c’est un concept essentiel dans l’écriture d’une chanson.
Bref, « Croire sans voir »… Comme si l’action menée par l’ordre exact de ces mots apportait une nouvelle vie. Un monde à construire qui est mené non par les seules preuves. Un monde construit sur la confiance ouverte que la Paix de Ieshoua apporte. Encore une fois, faites l’exercice : pensez aux situations où la confiance était première. Puis, répétez les mots « Croire sans voir ».
Si vous faites l’inverse, c’est-à-dire de penser aux situations où la preuve devait être première pour qu’enfin vous acceptiez de croire, vous en ressentirez l’effet plutôt négatif. Pas mauvais. Il est parfois même essentiel, en Droit par exemple, de voir pour croire. Mais, le processus est plus dur, plus pénible, pas joyeux. Un processus qui ne mène pas toujours à la confiance, mais souvent à la méfiance.
Et puis, il y a tous ceux et celles qui voient sans croire… Zombies d’un monde post-moderne, qui cherchent tant à faire sens de cette matière infinie et insaisissable. Par toutes sortes de créations de dieux impromptus, jaloux les uns des autres.
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Le port d’attache de ce Dieu Fils pleinement ressuscité et rempli des promesses de la paix est la confiance. Ieshoua dit bien « Heureux ceux qui ont cru sans avoir vu »… Il ne dit pas « damnés ceux qui n’ont pas cru sans avoir vu ». Mais, il informe notre conscience de cette Paix exceptionnelle qui naît aux jours où, malgré les épreuves, la mort, la maladie, les trahisons quotidiennes et l’injustice, nous acceptons graduellement de nous donner à l’Amour infini. En tout premier lieu. Comme lieu de « Croire sans voir », ouvert à l’espérance d’une telle posture.
Agnostiques, croyant en Dieu ou non, nous sommes tous appelés à marcher vers la confiance. Qui mène à la paix. Espérance d’un monde nouveau où règnera, de plus en plus grande, la confiance absolue. En soi, en l’autre, en ce Dieu qui n’est qu’Amour. Amen.
Bon dimanche de la Miséricorde!
Mario Bard
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