Mon grain de sel, sur l’Évangile du dimanche 10 avril 2016
par Mario Bard.
Apprendre à lâcher prise
Pierre, celui que Ieshoua choisit pour être Pasteur du troupeau. Un homme sans grande envergure, me semble-t-il, sinon un caractère prompt, peut-être même colérique. Nerveux, travailleur, mais peut-être sans grand courage. Bref, un humain, comme nous tous. Le Pasteur choisi par Ieshoua n’est pas un superhéros, ni un prêtre de la caste des Saduccéens, ou encore un prêtre des religions romaines.
C’est un homme qui, de travail et de ténacité — pugnace même —, « récolte » le peuple de Dieu. Du fond des eaux de la mort – vision des anciens pour la mer –, il accueille dans ses filets tous les peuples du monde. Il espère pour toutes ces nations un meilleur soleil. Un chemin qui pointe vers celui qui est mort et ressuscité. De la croix, à la vie.
Mais, pour y arriver, il faudra que le disciple lâche prise. Qu’en vieillissant, il se laisse envahir par cet esprit de bonté! Si difficile à suivre, puisqu’il demande que le disciple accepte de plus en plus de lâcher prise sur sa propre volonté. Que celle-ci devienne une communion continuelle avec l’esprit de Ieshoua, devenu Christ par la grâce d’amour du Père.
C’est une étape difficile, « crucifiante » si je puis dire, puisque l’ivresse des débuts de la conversion n’est plus présente. Après les « premières croix », la vitalité de la grâce première peut se ternir. Le gout de servir s’affadit, et la joie ressentie, devenir une idée vague et lointaine…
Entretenir le feu devient alors essentiel
Aimer n’est pas rose. Aimer est parfois ingrat, cruel, terrifiant.
Rien de la fin des contes de fées. Un sentiment peut nous envahir : celui que tout espoir est perdu. C’est pour cela que s’abandonner, dans la prière et les sacrements entre autres, peut nous aider à traverser les déserts inévitables – sans vies apparentes – dans lesquelles nous marchons tous.
Le symbole du coq chez Pierre est très intéressant. Au Québec, on a cette expression : faire le coq! Ou, quand j’étais petit, on me disait que j’étais un « petit coq bèndé » (prononcé le n), si je grimpais sur mes chevaux.
Je me demande si pour Pierre, ce n’est pas un peu la même chose. Après tout, il est souvent représenté, en plus de ce que j’ai dit plus haut, comme colérique et facile à faire grimper sur ses grands chevaux… Le coq chante trois fois, comme pour narguer celui qui vient de nier connaître ce maître extraordinaire. Comme si la vie disait : lâche! Ton caractère de coq te rattrape cher Pierre.
Pourtant, et tout à sa défense, il lâche prise. Il pleure amèrement. C’est aussi sa chance. Car, dans les pleurs, apparaissent et se dessinent parfois nos lendemains. Des larmes de crocodile font parfois place à des remords sincères, qui sont un peu comme le fumier qui fait pousser la fleur…
Pour apprendre à pêcher, le disciple doit simplement se laisser aller à servir le Christ. Graduellement, mais sûrement. Apprendre à aimer. Apprendre à devenir un disciple du Christ. Libre, et dont les ouis sont libres, avec la capacité de pleurer, pour mieux rebondir et marcher dans les pas de l’Esprit.
Un coq qui doit lâcher prise pour enfin être ceint de la liberté de devenir et d’être un Pasteur.
Presque une paresse de la volonté à vouloir tant faire.
Fier de ‘’Être un être humain’’, mais humble jusqu’à la mort libre par amour pour tous.
Mario Bard
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