Mon grain de sel, sur l’Évangile du dimanche 5 juin 2016
par Mario Bard.
Pour redonner la dignité
Vous pouvez certainement nommer un moment où Ieshoua aurait dû être présent sur la route pour relever un mort. Que ce soit un père, une mère, une sœur, un frère, un ami intime, etc. La mort qui visite les vivants n’est jamais un moment heureux. C’est un passage incompréhensible qui porte tant de souffrances que le passage lui-même est mortifiant pour les vivants, ceux qui restent. Oui, il y a l’espoir de la résurrection, mais en attendant…
On a beau espérer qu’il y ait, de l’autre côté, un univers meilleur, un Règne de Dieu parfait et sans anicroche, le passage est difficile. Ici, la veuve est d’autant plus à plaindre qu’à l’époque de Ieshoua, les femmes comme elle ne pouvaient plus rien espérer sinon qu’un bon samaritain en prendrait soin. Mais, la majorité se retrouvait probablement à la rue, mendiant quelques piécettes.
C’est dire la joie immense qu’elle a dû ressentir! Son fils revient de la mort à la vie, donc elle ne sera pas seule. Tragiquement, elle peut même espérer que c’est elle qui partira en premier. Comme cela, elle ne sera pas laissée seule dans l’indigence et t l’iniquité.
Ieshoua redonne non seulement la vie, mais il donne aussi la dignité. Ce geste extraordinaire porte en lui le vivant – il ressuscite ou réanime, le débat est ouvert – et surtout, il redonne à la veuve la chance de vivre digne.
Par contre, je le répète, on aimerait tous avoir un Ieshoua de Nazareth qui passe par là quand un proche est mourant. Tous.
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Nous sommes friands de miracles et de magie. La preuve? Les émissions de télévision consacrée aux magiciens sont de plus en plus populaires. Leurs prouesses techniques ont la cote. Paradoxalement, quand un signe de Dieu survient dans notre vie – un miracle – on hésite à en parler publiquement, de peur que l’entourage nous prenne pour des imbéciles. On préfère taire l’inexplicable dans une société où l’esprit scientifique le plus étroit semble avoir préséance.
Et puis, il y a tous ces signes de vie qui traversent notre existence, et qui ne sont pas surnaturels. Ils forment le corpus d’une symphonie d’amour. Une symphonie qui prend ses racines dans la liberté de dire oui à Ieshoua, à son esprit, à sa façon d’être et de faire.
Redonner la dignité est à la portée de tous, même ceux et celles qui n’ont rien.
En effet, un sourire, une caresse, du temps passé en compagnie de quelqu’un, et j’en passe. Tous des gestes qui savent redonner vie à quelqu’un qui traverse les ravins de la mort. Que de fois j’entends des personnes qui vivent une situation d’itinérance dirent : « Même si vous ne me donnez rien, un sourire me fait du bien ». Reconnaître que l’autre est une personne à part entière, en lui donnant notre sourire. C’est un geste de foi en l’autre.
Pas besoin d’avoir des billions. D’ailleurs, ces pauvres riches, trop souvent cachés dans leurs limousines ou leurs voitures, se méfient de tous puisque, comme chacun sait, nous sommes tous jaloux de leur richesse mortifère. J’en suis… Mais jamais bien longtemps. Quand je reconnais que l’argent trompeur n’est qu’un outil à manipuler avec soin pour des échanges commerciaux et que notre société – qui en a fait un dieu – s’en mord maintenant les doigts, je me dit que Dieu est avant tout dans les échanges que nous vivons ensemble, dans des relations d’abord centrées sur l’humain – d’Hommes à Hommes, des Femmes à Femmes –, car ce sont elles qui donnent vie.
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Ô, Dieu, j’aimerais bien que le passage obligé de la mort à la vie soit un mauvais rêve. Pourtant, et malgré mes doutes, tu as toi-même élevé Ieshoua de la tombe à la lumière du matin de Pâques. Quand les jours sombres surviennent, donne-moi Seigneur les indices précieux de ton amour. J’en ai besoin, dans le quotidien.
Amen.
Mario Bard
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