Mon grain de sel, sur l’Évangile du dimanche 3 juillet 2016
par Mario Bard.
Se revendiquer de Dieu, c’est quoi?
Ils se revendiquent d’une foi, les terroristes. Ils font exploser leurs vestes et se foutent de leurs vies et de la vie des autres. Tout ce qui compte, c’est la terreur créée par leurs gestes. Des supposés hommes et femmes de foi.
Dans chaque tradition, des violents se réclament de Dieu et de son pouvoir. Ils hurlent leurs appartenances au vrai Dieu. Peut-être parce qu’en hurlant, ils ont l’illusion que Dieu les entend. Ou bien que la conviction d’une voix violente permet aux plus faibles d’écouter poliment, gentiment, et d’adhérer sans broncher. Le fort n’est-il pas mieux placé pour me dire quoi faire, quoi penser et quoi dire? Après tout, s’il est fort c’est un peu grâce à Dieu, se disent les âmes croyantes. La faiblesse, elle, ne semble représenter qu’elle-même.
Pourtant, les croyants chrétiens sont invités cette semaine au contraire complet. Une pauvreté de moyens et de mission qui contraste avec les moyens politiques que se donnent, par exemple, les candidats à la présidentielle Américaine qui peuvent dépenser des centaines de millions en publicité. Ou bien même les églises construites au moment de la Renaissance, véritable merveille d’architecture censée donner la foi par l’effet de grandeur et de prospérité.
Il y a vraiment beaucoup de choses qui sont différentes avec Ieshoua de Nazareth. Son appel à la simplicité de moyen étonne et dérange. Étonne parce que l’être humain n’est pas habitué à se laisser interpeller par la simplicité et la pauvreté. Dérange parce que, tout de suite, nous aimerions arranger cette simplicité et cette pauvreté en lui donnant autre chose : du spectaculaire, du sensationnel, de l’abondance.
Et Ieshoua qui insiste : ne remplissez votre vie que d’un amour infini. Et cela demande tellement de simplicité. Et cela demande si peu de moyens, ou bien des moyens qui n’ont rien à voir avec la manière, dont les puissants, agissent. Écouter le cœur de Dieu n’est pas un exercice spectaculaire. La séduction d’amour de ce Dieu humble et miséricordieux se passe dans le secret de notre cœur.
Alors, pourquoi autant de nous-mêmes écoute la voix tonitruante des méchants? De ceux et celles qui réclament d’abord violence pour faire justice à Dieu? Parce que leurs discours sont séduisants. Il est rempli de promesses d’un monde meilleur et plus pur, débarrassé de ceux et celles – trop nombreux! – qui osent penser différemment.
Ces méthodes violentes sont extrêmement paresseuses. Elles paraissent fructueuses. Mais, dites-moi comment une violence qui me touche peut vraiment me mettre en chemin vers un monde meilleur, surtout quand elle tue celui, celle que j’aime? Comment puis-je vraiment construire quelque chose de différent, sachant que le fil de l’histoire est tissé de guerres, de révolutions violentes et de tueries, dont une majorité est réalisée – instrumentalisées? – pour que le responsable en retire le meilleur, et ce pour lui-même.
La mission non violente est essentielle pour le chrétien. Sans elle, le témoignage de l’Évangile sonne faux. Aucune vérité ne peut être imprimée dans le cœur et mise en action dans un contexte de force. Aucun esprit mauvais ne peut être combattu par la haine des autres. L’amour de Ieshoua, Miséricorde en soi, est la source et celle-ci pour couler dans nos veines, doit être acceptée avec simplicité, humilité et esprit de service.
Mario Bard
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