Mon grain de sel, sur l’Évangile du dimanche 14 août 2016
par Mario Bard.
Un feu constructeur
Si la paix pouvait parler, elle raconterait les histoires qui ont précédé ses venues. Et, j’ai nettement l’impression qu’on pourrait facilement réaliser à quel point sa mise en place n’est pas simple à réaliser. Elle demande ; charité, patience, concession, tolérance, dialogue, acceptation d’autrui et éducation.
Par surprenant qu’elle soit, paradoxalement, source de division.
Prenons nos « chicanes » de famille. Elles sont un signe que, malgré toutes nos bonnes volontés et notre désir de paix, nous prenons parfois les chemins les plus faciles pour régler des problèmes. Nous laissons se créer en nous des ravins. Par peur, par paresse, par orgueil… Les ravins se remplissent d’eau et deviennent des fleuves infranchissables à la nage tellement ils sont tumultueux. Les traversées comportent des dangers. Et la division demeure…
Cet exemple pour dire à quel point Ieshoua fait preuve de réalisme quand il aborde la question de l’arrivée du Règne de Dieu, et à quel point la paix est difficile à instaurer. Car, les enjeux la dépassent. Nos conflits sont monstrueux. Et par définition, un monstre, c’est gros et difficile à combattre : « Énorme bête imaginaire dont l’aspect est effrayant. Monstre hideux. », nous dit le dictionnaire pour ordinateur Antitode.
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Le feu… Quel est-il ce feu? Lancé sur la terre comme je ne sais quoi? Un feu qui dévore nos cœurs? Un feu qui brûle l’âme? Un feu…
J’ai toujours pensé que ce feu était celui de l’amour. Comme Thérèse de Lisieux (je me répète), qui affirmait que le péché était comme une goutte d’eau lancée dans un feu immense : le feu d’amour dont Dieu est créé. Tellement chaud qu’une goutte d’eau s’évapore instantanément, laissant place à l’âme qui est accueillie par un Dieu-Père.
Par contre, il est difficile de se laisser prendre comme le propose Ieshoua. Ce feu est exigeant. Il demande que nous soyons totalement dévoués à la bonté. Et qui dit dévouement, dit aussi souffrance… Rien n’est plus dur que d’aimer sans autre attente que de rendre l’autre heureux. On finit toujours par être déçu. Parce que nous avons des attentes.
Ieshoua espérait que ses disciples comprennent, qu’ils saisissent cet amour dès les premiers instants. Ils le feront, mais seulement lorsque le maître sera parti, la descente de l’Esprit aidant… Nous sommes comme les premiers disciples. Notre chemin est tracé d’embûches. Nous ne savons pas toujours comment aimer, et bien des fois, nous sommes de véritables traîtres à cet amour que Ieshoua de Nazareth, devenu Christ par sa résurrection et son don de vie sur la croix, aimerait bien nous donner, délivrer dans notre cœur fermé. Ou bien, notre cœur illusionné de tout…
Dans mon travail, je lis énormément sur de gens qui ont un cœur rempli d’amour. Des gens qui aiment au-delà de tout. Ils apprennent à se donner. Malgré les déceptions, les dangers, les doutes, les péchés : ils écoutent au-delà d’eux-mêmes et deviennent, par la grâce de Dieu, cet amour pénétrant. Rien ne les arrête, sinon dans bien des cas, la maladie, ou la mort.
Ils ont accueilli et reçu le baptême d’amour que propose Ieshoua. La plupart sont heureux, frondeurs, taquins, peu enclins à se plaindre, et n’attendent qu’une chose : aimé et être aimé. Malgré tout.
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Ceux et celles qui campent en cet été magnifique savent à quel point un feu de camp est rassembleur. On chante autour du feu; on admire le feu; on se fait des confidences; on rit, on pleure. Le feu d’amour de Dieu… qu’il doit être beau! Y entrer, c’est accepter cet amour immense. Oui, il y a la souffrance, inhérente à l’amour (dans l’amour il faut pleurer chante Piaf).
Par contre, je crois qu’il y a plus. L’amour peut faire chavirer notre monde. D’abord notre entourage. Puis, progressivement, nos voisins, le voisin du voisin, le portier, le postier, puis le chauffeur de taxi, etc. Si nous aimons, si nous osons accepter les blessures qui viennent avec l’amour, notre feu allumera la terre. Et, contrairement au feu d’Hiroshisma, la seule destruction sera celle de notre péché. C’est ce que je nous souhaite.
Mario Bard
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