Mon grain de sel

Grain de SelMon grain de sel, sur l’Évangile du dimanche 25 septembre 2016

par Mario Bard.

Le défi de l’État du partage

Sur l’importance du partage et de la non-complaisance, il n’y a rien de tel que cette histoire pour nous rappeler à quel point il est important de ne pas s’autosuffire. De l’importance de donner à qui a faim et vient frapper à la porte.

J’entrerai dans la facilité ici… et j’assume. Le prochain président des États-Unis voisins pourrait être l’homme riche de la parabole. Son train de vie somptueux, ces déclarations intempestives contre tout ce qui n’est pas « américain », son discours sur l’immigration sonne comme une fermeture à l’autre. Malheureusement, tellement de gens pauvres et ouvriers se laissent berner par son discours populiste. Comme si en disant que tout ira mieux, la magie opère sans que personne ait à lever le petit doigt.

Dans une entrevue il y a quelques années, Trump avait affirmé que s’il devait choisir de concourir pour la présidence américaine, il choisirait le Parti républicain, car les gens de la base y sont stupides et croient tout ce qu’on leur dit. Du moment que ce soit répété et répété à satiété, comme une vérité. Comme, par exemple, le doute planant sur la nationalité du président Barack Obama. Ou encore, qu’il y aura de nouveau de l’emploi quand il sera élu. Et puis, qu’on puisse forcer un pays tiers à payer pour les travaux d’un mur qui empêche les Mexicains de traverser la frontière. 

L’homme, tout en faisant semblant de se faire proche de sa base électorale, est tout sauf inoffensif. Ce qu’il prône est le plus petit dénominateur commun dans plusieurs aspects de la vie sociale, à commencer par le partage… Ses futurs électeurs semblent oublier que celui qu’ils veulent élire a fait faillite à plusieurs reprises, qu’il n’a pas payé des entrepreneurs dans de nombreux projets – ou souvent à un montant moindre que négocié – et qu’il refuse toujours de rendre publiques ses déclarations fiscales. En plus, une nouvelle enquête du Washington Post révèle qu’il s’est servi de l’argent de sa fondation de charité pour payer un procès dans le cas d’une mésentente commerciale.

Mais il y a pire : l’autosuffisance. L’homme s’entoure d’une équipe… mais ne l’écoute pas. Il préfère n’en faire qu’à sa tête, quitte à provoquer scandales après scandale. Incitation à la violence à peine déguiser envers son adversaire, propos xénophobes encourageant la peur plutôt que le dialogue, etc. Peu de place pour le dialogue, beaucoup de cœur pour tout ce qui est fermeture à l’autre et préjugés formés sur des aspects secondaires. La peur, la fermeture… America great again? Peut-être. Mais d’une grandeur qui fera la honte et créera une société où la parole véritable sera étouffée sous un amas de mensonges.

***

J’en conviens, il n’est pas facile de partager. J’ai, en mon cœur, de grandes zones qui désirent que l’autre n’ait pas accès à moi et à mes ressources. Non pas seulement par souci de protection psychologique tout à fait légitime. Mais, parce que je ne veux pas partager, que j’accumule mon dû en espérant un jour m’autosuffire. Heureusement, cette espérance ne fait pas partie de mon calendrier des priorités. Elle est plutôt un fantasme qui se manifeste surtout aux jours de douleurs, quand les guerres, les riches cupides et leurs tactiques malhonnêtes ou encore le climat se mettent à jouer sans arrêt au bulletin d’information télévisé. 

Qu’il en reste à cet état de fantasme est une espérance.

Car, si je commence à devenir complètement indépendant, coupé des autres par un grand mur de Chine, aussi épais que le mur qui entoure la Cité interdite de Pékin, alors j’aurai beau me payer de grandes fêtes arrosées de champagne, des voitures de luxe pour accompagner la « xième » conquête aux premières et aux galas, ou encore des voyages sur des plages secrètes et privées, je ne pourrai partager l’État d’être qui surgit lorsque je partage. Non d’abord pour obtenir mon remboursement d’impôt, mais parce que je désire entrer dans le partage. Devenir comme Ieshoua et servir généreusement.

Partager devient un État. Et vaut mieux trop aimer pour ensuite pleurer dans les bras de Dieu, que de pleurer pour l’éternité, à sec sur une terre d’autosuffisance aride et improductive.

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Alors, quand les politiciens viendront pour se faire élire et essayer, honnêtement ou non, de libérer la terre de ses pires travers, répondrons-nous par l’État de la peur ou bien par l’État du partage?

Mario Bard 

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